DEADPOOL
de Tim Miller (Ryan Reynolds, Morena Baccarin, Ed Skrein)
Les connaisseurs vous le diront.
Dans l’univers ultra codifié des super-héros, que ce soit les écuries MARVEL ou DC, il y en a peu qui vont réellement à contre-courant de la bienséance et du politiquement correct.
Parmi les classiques – que ce soit BATMAN ou SUPERMAN – si quelques écarts peuvent se trouver ici et là, ils sont rattrapés in extrémis par un happy end, plus ou moins évident, gommant leur précédent.
Du moins, sur grand écran.
Car il faut distinguer les bd d’origine – comportant des arcs narratifs d’une profonde noirceur, comme le SOURIEZ ! pour le justicier de Gotham City ou RED SON pour le Kryptonien – et les aventures cinématographiques qui en ont été faites.
Ok, seule exception avec « THE DARK KNIGHT » de Christopher Nolan (le seul valable de la trilogie).
Même Sam Raimi restait dans le rang, aussi sympathiques soient ses deux premières moutures consacrées aux exploits de l’homme-araignée (« SPIDER-MAN 3 » n’existe pas).
Nous passerons sur la fadeur des « VENGEURS » et des « 4 FANTASTIQUES ».
Les « X-MEN », c’est un peu plus compliqué, mais on verra cela une autre fois.
Non, ce qui nous intéresse pour l’heure ce sont les marginaux, les psychopathes, les allumés complets, bref les anti-héros à succès du comic book.
Avant le pas rassurant « SUICIDE SQUAD », et une hypothétique adaptation – on peut rêver – de LOBO (mercenaire extraterrestre terriblement violent et absurde), voici les tribulations d’un énergumène maître en la matière : DEADPOOL.
Ancien militaire des Forces Spéciales, Wade Wilson est mercenaire. Volontiers frappadingue, il rencontre l’amour en la personne de Vanessa, une collègue de travail. Mais bientôt, on lui diagnostique un cancer incurable. Il décide alors de tenter une expérience scientifique révolutionnaire censée le guérir. Mais cela tourne mal. Devenu hideux et doté de pouvoirs surhumains, dont celui de se régénérer suite à des blessures, il n’aura de cesse – sous son costume rouge et sa nouvelle identité – de traquer et d’exterminer les responsables de son état…
Tim Miller vient des effet spéciaux et surtout du domaine de l’animation (je vous encourage à regarder son court métrage « ROCKFISH » – découvert, en 2007, à Mauvais Genre, le festival international de cinéma de Tours), et cela se sent, tant dans la réalisation que dans le rythme.
Rempli de clins d’oeil amusants rapport à d’autres figures incontournables du genre (WOLVERINE en tête), « DEADPOOL » ne ment pas sur la teneur que laissait transparaître les diverses bandes annonces égrenées au fil des mois, celle de l’outrance grossière – respectant en cela à la lettre la bande dessinée.
Ryan Reynolds, dans le rôle titre, en fait des tonnes dans le mauvais goût, emporte l’adhésion grâce à sa sincérité, et n’hésite pas à se moquer d’un autre super perso qu’il avait interprété – GREEN LANTERN – tout en égratignant – mais trop légèrement – l’ensemble de l’industrie américaine.
Et c’est le bémol de l’entreprise.
Car si l’on peut agréablement s’étonner des libertés dont Miller a bénéficié pour son premier long, force est de constater que – se focalisant sur l’humour sauvage, la déconne à tout crin et une poignée de scènes d’action impressionnantes – le récit, les enjeux émotionnels sont relégués au second plan.
Un divertissement pop-corn sucré, manquant cruellement de sel.
LES INNOCENTES
de Anne Fontaine (Lou de Laâge, Agata Buzek, Agata Kuleska)
Décembre 1945, Pologne. Une jeune interne française de la Croix-Rouge, Mathilde Beaulieu, s’occupe des rescapés avant leur rapatriement. Appelée à l’aide par une religieuse, elle va se retrouver à intervenir dans un couvent composée de Bénédictines, coupées du monde, dont sept d’entre elles sont enceintes, suite à des exactions commises par les allemands, puis les russes…
S’inspirant d’un fait réel peu connu (le viol de 25 soeurs dans une abbaye puis le meurtre de 20 d’entre elles par les soldats soviétiques), Anne Fontaine tente d’explore la thématique de la foi et de la maternité.
Essai raté.
Malgré un soin évident apporté aux décors, aux costumes, à l’éclairage (terne et solennel, évoquant des tableaux), ce drame historique souffre de la performance de l’ensemble des comédiennes – possédant pourtant une beauté plastique indéniable – trop en retrait vis à vis de leur rôle, mal incarné.
Lou de Laâge (« RESPIRE »), en aide soignante censée être tourmentée par la situation, est d’une neutralité gênante.
Vincent Macaigne (« LA BATAILLE DE SOLFÉRINO ») – privilégiant de plus en plus des emplois ouvertement dramatiques – est égal à lui-même, ayant une ou deux répliques faisant esquisser un sourire, mais relève de l’anecdote.
Après le pénible « GEMMA BOVERY », Fontaine continue à ennuyer et à du mal à renouer avec la veine autrement plus convaincante de ses débuts, « NETTOYAGE À SEC » et le reste.
On lui souhaite de voir rapidement le bout du tunnel.
Anne, ma soeur Anne…
CHAIR DE POULE – LE FILM
de Rob Letterman (Jack Black, DYlan Minnette, Odeya Rush)
Je ne suis pas nostalgique.
En fait, si.
Des années 80 (entre autres).
Donc lorsque des cinéastes veulent renouer avec l’esprit de cette décennie magique (je ne vous ferai pas l’affront d’énumérer les merveilles qui sortaient alors chaque semaine), je suis forcément client.
Sauf quand, à l’instar du loupé « SUPER 8 » de J.J Abrams, le metteur en scène ne comprend rien à l’essence même de ce qu’il cite.
Meilleur exemple en date, le fabuleux « PAN » de Joe Wright avec un mémorable Hugh Jackman.
Voyons à présent ce que nous réserve ce « CHAIR DE POULE – LE FILM ».
Zach, adolescent venant de s’installer dans une petite ville, fait la rencontre de Hannah, sa jolie voisine. Le père de cette dernière n’est autre que R.L Stine, le célèbre auteur de romans horrifiques à succès « Chair de Poule ». Tous les monstres crées par l’écrivain existent en fait véritablement et sont emprisonnés dans les manuscrits que Stine garde jalousement chez lui. Lors d’une soirée, Zach et Hannah libèrent par mégarde une des créatures…
Trucages à l’ancienne, minimum de synthèse, utilisation habile du latex, tout le long il fleure bon ce côté « old school » qui apporta tant au septième art populaire de l’époque des « GREMLINS ».
Letterman – responsable auparvant d’une rigolote version des aventures de GULLIVER, avec déjà Jack Black – parvient à distraire, sans aucune prétention, en dépit d’un scénario basique et prévisible.
Pas inoubliable, seulement agréable.
On prend.
FREE LOVE
de Peter Sollett (Julianne Moore, Ellen Page, Michael Shannon)
Nous sommes en 2003. Laurel, brillante inspecteur du New Jersey a sa vie qui bascule le jour où elle rencontre la jeune Stacie. Elles emménagent ensemble. Lorsque la policière découvre qu’elle est atteinte d’une tumeur en phase terminale, elle émet un dernier souhait : elle veut que sa pension revienne à la femme qu’elle aime. Seulement sa hiérarchie refuse fermement. Commence alors une lutte où Laurel et Stacie sont prêtes à aller jusqu’au bout pour faire triompher leurs droits…
Laurel Hester a réellement existé et « FREE LOVE » raconte son combat.
Seulement, entre une Julianne Moore qui réitère une prestation « oscarisable » insupportable – après le déjà lourdingue « STILL ALICE » où elle était atteinte de la maladie d’Alzheimer – une Ellen Page, se croyant encore dans « JUNO », d’une fadeur extrême, un Steve Carrell caricaturant la cause homosexuelle, un Michael Shannon absent, une facture digne d’un téléfilm allemand de seconde partie de soirée de RTL9 et un propos lénifiant, il y a belle lurette que le spectateur s’est pendu avec sa montre à bracelet extensible.
LE TRÉSOR
de Corneliu Porumboiu (Toma Cuzin, Adrian Purcarescu, Corneliu Cozmel)
Un père de famille et son voisin partent à la recherche d’un trésor supposé enterré dans le jardin des grands-parents de celui-ci. Un troisième larron, possédant un détecteur de métal les accompagne…
Vous aimez les flans roumains indigestes ?
Oui ?
Alors bon appétit !
L’affiche de la semaine : « LE MONDE DE DORY » de Andrew Stanton et Angus MacLane
Prévu le 29 juin chez nous, l’un des tout nouveaux posters que l’Oncle Sam consacre à cette suite du « MONDE DE NEMO ».
Avec celui-ci, on y est déjà.
Quel calme.