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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 10

THE AMAZING SPIDER-MAN : LE DESTIN D’UN HEROS (3D)

de Marc Webb (Andrew Garfield, Emma Stone, Jamie Foxx)

 

SPIDER-MAN 2 - photo 3

 

Etes-vous plutôt Stones ou Beatles ?
Cette fameuse question pourrait être appliquée aux deux super-héros d’écurie différente, les plus adaptés en nombre de films.
Etes-vous donc plutôt Batman ou Spider-Man ?
Perso, je suis plus justicier de Gotham City.
Attention, n’allez pas en déduire que c’est pour cela que je n’aime pas du tout ce deuxième volet du reboot de l’homme araignée.
Non, ce serait trop simple.
Après avoir sauvé les citoyens de New-York une énième fois, Peter Parker/Spider-Man part roucouler dans les bras de sa copine Gwen Stacy. Mais celle-ci, ne supportant plus ce rythme de vie, décide de rompre. Et voilà notre pauvre Peter sur le carreau, délaissant pendant quelque temps ses obligations héroïques. Pourtant dans l’ombre, de nouveaux ennemis s’apprêtent à frapper…
Quitte à se répéter, Sam Raimi est déjà passé par là même si l’auteur de «JUSQU’EN ENFER» avait raté le numéro 3 de sa trilogie, pêchant par zèle républicain.
Déjà, lors de sa sortie en 2012 de «THE AMAZING SPIDER-MAN», du même Marc Webb, la relecture n’avait guère d’intérêt.
Là, on atteint des records.
Dans cette horripilante et désormais coutumière volonté de se rallier les suffrages du public adolescent le plus large possible, nous assistons, outre une 3D de bonne facture, à un nivellement par le bas assez spectaculaire : répliques et attitudes consternantes d’Andrew Garfield/Peter Parker passant à côté de l’essence même du personnage crée par Stan Lee et Steve Ditko, gags pas drôles comme la sonnerie du téléphone portable de Spidey jouant la musique du dessin animé des années 60 qui lui était consacré, un Jamie Foxx se la jouant Jerry Lewis, horripilant en Electro à la psychologie de bas étage, des enjeux inexistants où le comble de l’intensité dramatique se résume à une longue course poursuite en voitures de flics, foutraque, avec notre sauveur agrippé aux pare-chocs et passant ses coups de fil (mon dieu, s’en sortira-t-il ?). Et l’on ne vous parle pas du super vilain apparaissant juste avant le générique final où là, les bras nous en tombent devant un tel niveau de crétinerie.
Une insulte totale pour tout amoureux véritable de comics.

 

 

JOE

de David Gordon Green (Nicolas Cage, Tye Sheridan, Gary Poulter)

 

JOE - photo 1

 

En 2004, «L’AUTRE RIVE», excellente variation avec Jamie Bell sur «LA NUIT DU CHASSEUR» (et prouvant que Jeff Nichols avec «MUD» n’a rien inventé), produisait sa petite sensation et révélait au monde entier le talent de David Gordon Green, jusqu’ici responsable de comédies douces-amères confidentielles.
Après avoir profité de budgets plus confortables qui occasionnèrent ses oeuvres les moins réussies, «DELIRE EXPRESS» et «VOTRE MAJESTE», en dépit d’un plan où l’on voyait Natalie Portman entièrement nue, notre Sudiste (copain avec Nichols, ceci expliquant cela), est revenu à un cinéma plus intimiste où il excelle, confère son récent et formidable «PRINCE AVALANCHE».
Voici que «JOE», son petit dernier, est désormais visible dans les salles françaises.
Installé dans une bourgade du Texas, Joe Ransom, un ex-taulard, dirige une petite société d’abattage de bois, tentant d’oublier son passé entre sa chienne et flirts avec des prostituées. L’arrivée de Gary, un garçon de 15 ans, cherchant du travail pour subvenir aux besoins de sa famille, va chambouler sa vie…
Dès les premières secondes (la séquence d’ouverture, douloureuse, estomaque), le spectateur est happé par une tension sourde qui jamais ne desserrera son étreinte.
Poisseux comme ce paysage sudiste, acteur à part entière, qui inspira nombre d’écrivains d’importance et de metteurs en scène, ce drame permet enfin à Nicolas Cage, égaré depuis des lustres dans des productions d’une niaiserie sans nom, une rédemption magnifique tant pour sa carrière qu’ici pour son personnage de Joe. Il suffit de l’observer, tout en intériorité, prêt à exploser à tout moment, se contenant avec peine et donnant à son caractère une humanité confondante.
Le jeune comédien, Tye Sheridan («THE TREE OF LIFE»), à la présence indéniable, magnétique, lui vole même la vedette lors de quelques scènes.
Et puis, il y a Gary Poulter, mort hélas depuis, vrai vagabond repéré dans la rue pour les besoins du film, une sorte de Bruce Dern bis mais en plus sec et inquiétant. Un de ses authentiques clochards célestes que nous affectionnons tant et à qui le mythe américain doit beaucoup.
Ruez-vous sur ce joyau vénéneux qu’est «JOE».

 

 

MAN OF TAI CHI

de et avec Keanu Reeves (Tiger Hu Chen, Simon Yam, Karen Mok)

 

MAN OF TAI CHI

 

Keanu sait mettre des coups de tatane («MATRIX»).
Keanu adore la philosophie et le Japon (le fort sympathique «47 RONIN»).
Keanu intervient là où on ne l’attend pas («A SCANNER DARKLY»).
Keanu n’évite pas toujours les mauvais choix («LE JOUR OU LA TERRE S’ARRETA»)
Keanu produit et enfin passe à la réalisation avec «MAN OF TAI CHI».
Voulant faire reconnaître le Tai Chi comme sport de combat et désireux de sauver le temple de son maître de destruction par d’infâmes promoteurs immobiliers, Tiger accepte des combats clandestins divinement bien payés par un riche magnat de Hong-Kong (Keanu Reeves). Se comportant à l’inverse de la philosophie prônée par sa discipline, notre lutteur (Tiger Hu Chen) va-t-il atteindre ses objectifs ?
Pas inintéressant dans sa première partie grâce à des chorégraphies martiales signées par Yuen Woo-Ping («TIGRE ET DRAGON», «IL ETAIT UNE FOIS EN CHINE»), cet actioner se délite peu à peu faute d’un scénario à la hauteur du propos voulu par le héros de «CONSTANTINE» et sombrant dans l’ultra balisé lors de l’affrontement final.
On pourra noter avec plaisir la présence de Simon Yam, habitué des polars de Johnnie To et de Iko Uwais, le prodige martial de «THE RAID» et surtout de sa suite, supérieure, le jubilatoire et hallucinant «THE RAID 2 : BERANDAL» dont je vous parlerai prochainement.
«MAN OF TAI CHI», sans convaincre entièrement malgré la sincérité de l’entreprise, se laisse regarder et rappelle par moment l’ambiance torve de certains produits des «eighties» estampillés CANNON.
Avis aux nostalgiques.

 

 

 

Le DVD de la semaine : «LE MYSTERIEUX DOCTEUR CLITTERHOUSE »

de Anatole Litvak chez Warnes Bros.

 

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La collection «Les trésors Warner» est essentielle à plus d’un égard.
Elle permet aux cinéphiles de pouvoir avoir chez eux enfin des films incontournables ou rares jusqu’alors inédits en support vidéo dans l’hexagone et elle propose souvent des copies de très bonne facture.
Une cinquantaine de titres de dispo pour l’instant.
«LE MYSTERIEUX DOCTEUR CLITTERHOUSE» de 1938 est dû à Anatole Litvak, un petit maître passionnant. Acteur et metteur en scène de théâtre en Russie, il passa en Allemagne, collabora avec le grand Georg Wilhelm Pabst, tourna en France le charmant «MAYERLING» avec Charles Boyer et Danielle Darrieux (couronné de succès) puis s’adapta à tous les genres aux USA avec plus ou moins de bonheur. On lui doit d’incontestables réussites dans le film de guerre psychologique, le solide et mésestimé «LA NUIT DES GENERAUX» et dans le thriller avec notamment «RACCROCHEZ, C’EST UNE ERREUR» où Barbara Stanwyk, en paralysée, surprenait une conversation où elle apprenait qu’on allait l’assassiner, «LA FOSSE AUX SERPENTS» et le dénonciateur «LES AVEUX D’UN ESPION NAZI» avec Edward G. Robinson que l’on retrouve ici.
Souhaitant mieux appréhender la mentalité des criminels, leurs motivations et leurs sentiments, qui le fascinent, un réputé et brillant analyste, le docteur Clitterhouse (E.G Robinson) décide de passer de l’autre côté de la loi et d’infiltrer des bandits chevronnés pour les étudier plus en détail. Mais ce qui était un simple passe-temps va virer à l’obsession maladive…
Tiré d’une pièce anglaise et s’ouvrant avec un générique gothique à souhait où l’on s’attend à ce qu’apparaisse le baron Frankenstein, voici un suspense au ton des plus singuliers. Que ce soit l’immortel interprète de «LITTLE CAESAR» et de «SOLEIL VERT», insaisissable, tour à tour transcendé et éteint, au bord de la folie (quel dommage qu’il n’ait jamais incarné le dr Jekyll !), Humphrey Bogart, en petite frappe à l’égo surdimensionné, pas encore star grâce à Raoul Walsh ou la délicieuse Claire Trevor, en chef de gang, imminente Dallas dans «LA CHEVAUCHEE FANTASTIQUE» de Ford, le travail en contraste de l’immense chef opérateur Tony Gaudio ou la musique de Max Steiner, tout concourt à un climat de bizarrerie feutrée.
Captivant.

 

DOCTEUR CLITTERHOUSE

 

 

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