LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT (Quinzaine des Réalisateurs) (sortie prévue le 2 septembre)
de Jaco Van Dormael (Benoît Poelvoorde, Pili Groyne, François Damiens)
Six ans que nous n’avions pas ou peu de vraies nouvelles du cinéaste belge le plus original de sa génération.
Tout au plus, nous savions qu’il travaillait sur un projet foutraque.
Ce dernier vient juste d’être dévoilé à la Quinzaine des réalisateurs.
Un retour aux sources pour celui qui y avait présenté son premier long de fiction, « TOTO LE HÉROS », en 1991.
Dieu habite Bruxelles, avec sa femme qui passe son temps à tricoter et est fan de baseball. C’est un être méchant et acariâtre. Sa fille, Ea, 10 ans, ne le supportant plus, pirate son ordinateur et envoie par SMS les dates de décès de tout le monde. Elle fugue alors, se mettant dans l’idée de rassembler 6 apôtres pour écrire un tout Nouveau Testament…
Comme dans les précédentes oeuvres de Jaco Van Dormael, une solide dose de poésie est omniprésente.
A l’instar de l’excellent « MR. NOBODY », mais traitée de façon différente, nous assistons à une réflexion sur l’absurdité de la condition humaine avec tout ce qui va avec : les moments de joie et de peine.
Car chez Dormael, on rit (ici beaucoup) et on s’émeut également.
Ce qui impressionne toujours chez lui, c’est l’aisance de pouvoir passer d’un registre d’humour noir à un autre, plus grave.
Non content de faire de Dieu, un salaud pathétique (Poelvoorde est irrésistible, comme les autres comédiens), « LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT » égratigne aussi, par petite touche subtile, nos comportements usuels de chaque jour.
Que ce soit Catherine Deneuve en bourgeoise malheureuse (qui joue, là, délicieusement avec son image), François Damiens, en homme sans affect, aimant tuer, Serge Larivière (« HENRI ») en puceau obsédé ou encore la frêle Laura Verlinden (actrice peu connue par chez nous) en célibataire meurtrie par la perte de son bras gauche, tous incarne des accidentés de la vie, nous renvoyant à nos propres existences et les tracas divers et variés que l’on peut rencontrer.
La juvénile Pili Groyne, campant la fille du Créateur, est l’incarnation même de l’enfance vue par l’auteur du « HUITIÈME JOUR : révoltée, passionnée, naïve, têtue.
Iconoclaste mais maitrisé de A à Z, touchant juste, bouleversant par moment, intelligent, voici une petite merveille revigorante.
Jaco ce héros.