SICARIO (Compétition Officielle) (sortie prévue le 7 octobre)
de Denis Villeneuve (Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin)
Denis Villeneuve est un des rares cinéastes contemporains à avoir réussi un quasi sans-faute dans sa filmographie.
Beaucoup l’ont découvert avec « INCENDIES » et ensuite « PRISONERS ».
Mais déjà avec le tétanisant « POLYTECHNIQUE », relatant le massacre de 1989, à Montréal, dans la branche canadienne de la fameuse école (et qui vaut bien « ELEPHANT » de Gus Van Sant) et « MAELSTRÖM » sur le bouleversement que connait une riche jeune femme suite à un accident de la route, il avait fait des prodiges.
Dernièrement, il nous donna « ENEMY » avec un impeccable Jake Gyllenhaal.
Poursuivant sa carrière hollywoodienne, le voici, pour la première fois, en compétition officielle à Cannes, avec « SICARIO ».
Kate Macy (Blunt) est une jeune agent de terrain du FBI spécialisée dans les kidnappings, qui, lors d’une opération, découvre un charnier humain lié au traffic de drogue. Se promettant de retrouver les responsables, la chance lui en est donnée lorsqu’elle rejoint une équipe clandestine de la CIA ayant pour mission de faire tomber le chef d’un des plus puissants cartels en activité, auteur du massacre…
Le Mal a toujours fasciné le réalisateur canadien.
Plus précisément, ses frontières et les répercussions que celui-ci peut avoir sur le jugement moral et la ligne de conduite de chacun.
Capable d’insuffler une tension omniprésente dans ses précédentes oeuvres, Villeneuve échoue présentement.
Là où d’ordinaire il ne laisse guère de répit au spectateur en lui apposant sur les épaules une chape de plomb (et c’est un des principaux reproches que ses détracteurs lui font) organisée selon un agencement précis de plans tirés au cordeau, d’une musique d’ambiance un peu emphatique et d’un jeu des comédiens souvent minimaliste mais prêt à éclater, le québécois ne parvint ici à captiver que par intermittence.
La responsabilité en incombe, pour l’essentiel, à un scénario trop linéaire et parfois prévisible pour véritablement passionner.
Les acteurs masculins, Josh Brolin et surtout Benicio Del Toro, sont impériaux.
Le premier, rigolo en barbouze à la cool, le second, magnétique et inquiétant en tueur (le sicaire du titre).
Mais, usuellement, les protagonistes principaux sont de traitement égal chez le père Denis (qui lui n’a pas perdu son chat, contrairement à la mère).
Or Emily Blunt, campant la figure virginale non corrompue de ce monde qui l’est, est beaucoup trop en retrait, étouffée par la performance de ses deux collègues et jamais les dilemmes moraux auxquels elle se confronte ne sont incarnés, empêchant l’empathie avec son personnage.
Cependant les quelques scènes d’action sont très bien exécutées (la séquence d’ouverture et les raids) et la photographie, soignée et réaliste.
Un thriller honnête mais déceptif faute d’une immersion totale et qui aurait pu (du) être tellement mieux.
Un faux-pas.
Ça arrive même aux meilleurs.
GREEN ROOM (Quinzaine des Réalisateurs) (sortie indéterminée)
de Jeremy Saulnier (Anton Yelchin, Imogen Poots, Patrick Stewart)
Soit une bande de jeunes musiciens échouant dans un bled paumé, en plein sud des États-Unis, donnant un concert dans un bar fréquenté par des néo-nazis.
Soit un chef de gang, bien propre sur lui, faisant dans la cocaïne et propriètaire des lieux, interprété par Patrick Stewart, le professeur Xavier des « X-MEN ».
Soit un huis-clos.
Soit du gore frisant le ridicule ou du moins malhonnête, afin de choquer (mais on ne voit pas qui).
Soit des péripéties sans queue ni tête.
Soit « GREEN ROOM », le nouveau opus de Jeremy Saulnier (le surestimé « BLUE RUIN », déjà lui aussi à la Quinzaine des Réalisateurs, mais en 2013).
Inutile.