Les romans ne sont pas les seuls à se trouver sous les feux de cette rentrée littéraire ! Du côté des docs, il y a aussi du nouveau, et du très bon ! Un hommage à Hara-kiri et à sa bande de joyeux compères dont la plupart ne sont malheureusement plus de ce monde … A deux grandes dames qui ont fait l’histoire que ce soit dans le monde de la politique ou celui des sciences. La poésie n’est pas en reste avec le tendre et lunaire Julos Beaucarne. Nos amis les bêtes sont également à l’honneur. Et vous, vous lisez quoi en ce moment ?
C’est en croisant dans le métro un des figurants des célèbres romans photos du journal « hara-kiri » (leur imprimeur !), que l’aventure des « Lambau » a débuté. Au culot tout d’abord, ils se sont infiltrés dans le ventre de cette rédaction à nulle autre pareille. L’équipe ayant déjà un photographe attitré ‘(Chenz), Choron a d’abord refusé tout net aux deux jeunes photographes de leur tirer le portrait ! Mais, petit à petit, ils ont fait partie du paysage, et avec cet ouvrage, ils nous offrent leur regard sur l’intimité qu’ils ont tissée avec ces monstres sacrés. Car ils sont tous là, vivants ou morts (hélas, trois fois hélas …) rieurs, tendres, outranciers : la bande de Choron et Cavanna. En tournant les pages, on éclate de rire, on a la larme à l’œil, et on s’aperçoit de la place qu’ils ont tous pris dans nos vies … Témoignage exceptionnel d’une époque révolue, où tout était possible (malgré les déboires financiers …) où le mot d’ordre était de choquer et de bouleverser ‘l’ordre établi, avec truculence et surtout génie. Grâce aux Lambau, les plus belles traces de cette aventure nous sont données …. Merci …
Dans le ventre de Hara-kiri d’Arnaud Baumann et Xavier Lambours, La Martinière, 2015 / 35€
Deux petits nouveaux sortis aux éditions Naïve, dans la collection « Grands destins de femmes », collection originale mêlant textes de qualités et bande dessinée. Ces ouvrages sont à mettre entre toutes les mains, les plus jeunes d’entre nous y découvriront de façon ludique des portraits de ces femmes exceptionnelles.
« La Pasionaria », met en lumière le destin de Dolorès Ibarruri, secrétaire du parti communiste espagnol et icône du front populaire, plus connue sous le nom de la Pasionaria. De son enfance misérable dans la province basque de Biscaye, en passant par son exil en union soviétique en 1939, jusqu’à sa mort à Madrid (elle avait 93 ans …), Michèle Gazier relate les luttes de cette femme courageuse, accompagnée des illustrations de Bernard Ciccolini qui apportent humanité et force à ce portrait de femme de convictions. No Pasaran !!!
« Marie Curie », sur le même schéma, retrace la vie de la célèbre physicienne, lauréate de deux prix Nobel pour ses recherches sur les radiations. Les auteurs ont remonté jusqu’à son enfance en Pologne (catholique et pauvre) où sa soif d’apprendre la tenaillait déjà, jusqu’à sa vie à Paris, sa rencontre avec Pierre et leurs travaux qui les ont inscrits dans le Panthéon des grands scientifiques. Panthéon où elle est d’ailleurs la seule femme à être inhumée. Destin exceptionnel s’il en fut…Les textes de Laura berg, sublimés par les magnifiques illustrations pastels de Stéphane Soularue, laissent transpirer son respect pour cette grande dame,
La Pasionaria de Michèle Gazier et Bernard Ciccolini, Naïve, 2015 / 18€
Marie Curie de Laura Berg et Stéphane Soularue, Naïve, 2015 / 18€
A l’heure où, enfin, on reconnaît aux animaux le statut « d’êtres vivants doués de sensibilité » (la route sera encore longue pour bon nombre d’entre eux…), le livre de Marie-Hélène Baylac arrive à point nommé. Historienne, elle a réalisé un énorme travail de documentation pour nous relater cette histoire des animaux célèbres, en réussissant l’exploit de le faire sans être barbante ni pompeuse ! Pas besoin d’être féru d’histoire pour se régaler à la lecture de cet essai passionnant. Des animaux de compagnie des grands de ce monde en passant par la place prépondérante qu’ont tenue nos amis les bêtes au cours des guerres ou de la conquête spatiale, aux cadeaux parfois encombrants offerts aux chef d’états, sans oublier la littérature ou la publicité où les animaux apparaissent souvent en bonne place, Marie-Hélène Baylac, de l’Antiquité à nos jours, nous dresse le panorama de la place prise par les animaux au fil des siècles, et ne laisse rien au hasard. A lire au coin du feu en caressant son chien, son chat, ou toute autre bestiole chère à notre cœur !
Histoire des animaux célèbres de Marie-Hélène Baylac, Perrin, 2015 / 22€
Tous les lecteurs compulsifs ont cette manie de lire au-dessus des épaules des autres, ou de poser cette sempiternelle question « qu’est-ce que tu lis en ce moment ? ». Cette curiosité , Laure Murat l’a poussée un peu plus loin, après avoir surpris un homme dans le métro en train de noter dans un carnet les lectures des autres passagers, ce qui lui a donné l’idée et l’envie d’en faire autant. Ni étude sociologique, ni statistiquement fiable, l’expérience n’ayant pas été assez assidue, cet essai dessine avec humour et parfois coups de gueule, une sorte de carte du tendre du lecteur lambda où on se reconnaît parfois, et qui révèle malgré tout beaucoup de choses sur les classes sociales dont sont issus ces usagers, en fonction des heures passées dans les transports en commun et de leurs lectures. Laure Murat en profite pour faire l’apologie du livre numérique (mon dieu, quelle horreur !) et pour nous faire part de ses aversions (elle déteste farouchement Foenkinos …). On sent que l’auteur(e) s’est amusée à écrire ce petit essai sans prétention qui se lit d’une traite.
Flaubert à la motte Picquet de Laure Murat, Flammarion, 2015 / 8€
Depuis des décennies, le magicien Beaucarne nous enchante à travers textes poétiques et humoristiques où la tendresse est toujours de mise. Depuis sa « Lettre ouverte » où il donnait une formidable leçon de courage et d’humanité à la suite de l’assassinat de sa compagne, j’ai toujours gardé un oeil sur le chanteur belge aux pulls arc-en-ciel. Écolo, comédien, sculpteur, cet énergumène incarne à lui seul la poésie. Rien d’étonnant donc qu’il ait été choisi pour expliquer aux jeunes et aux novices l’essence même de cet art qu’il maîtrise avec humilité et talent, dans ce petit opus édité aux éditions de l’Aube, illustré par Pascal Lemaître. Sous forme d’entretien avec Émile, un collégien, Julos évoque sa passion des mots et son amour pour la vie. Alors, même s’il s’adresse à un jeune public, ne vous privez pas de ce petit moment de grâce avant de l’offrir à vos gamins !
C’est quoi être poète de Julos Beaucarne, éditions de l’Aube, 2015 / 8,90€