© Loïc Leplat
Interviews

CHILL BUMP

Votre rappeur français préféré ?

Miscellaneous : Ah ! Il y a plusieurs critères, moi j’aime beaucoup Oxmo, mais Rocé est fort aussi…

Bankal : Moi j’ai été assez surpris par le premier album de Busta Flex, je trouve que c’est celui qui se rapproche le plus des bons vieux flow ricains. Lui et le Saïan Supa Crew où il y en avait 2-3 dedans qui étaient assez furieux.

La vague montante (S-Crew,* etc.), vous aimez ?

M : Moi j’aime bien, mais on a passé l’âge. C’est triste et con de dire ça, mais il y a dix ans on connaissait déjà des groupes de rap anglais ou américains plus ou moins connus comme ça. C’est juste qu’il y a une nouvelle base de rap français où tout est basé sur la rime et moi j’adore ça. De toute façon, à un moment, si tu fais du rap et que tu veux faire ça bien, tu dois faire des rimes.

B : Dans cette vague-là, j’aime bien, je trouve ça très positif, mais il y a beaucoup de groupes où les mecs sont beaucoup trop. Ça fait un peu une boucle, tout le monde lâche son couplet et j’aimerais bien que ça aille un peu plus loin que ça.

*ndlr : Le S-Crew était présent au Festival Aucard de Tours

Tu penses à l’Entourage en disant ça ?

B : Pas forcément, quand tu t’y intéresses tu connais un peu les MC mais je pense que certains mériteraient d’être en solo ou d’approfondir. J’aime bien le délire d’Alpha Wann, il a vraiment un bon flow, il progresse vraiment où d’autres stagnent un peu

M: (en revenant sur la question précédente) Ah ! Sinon Némir, le rappeur français, évidemment ! On l’a rencontré au Temps Machine. Pour le coup lui ce n’est pas un simple flow lâché, il y a vraiment un travail de fond.

Vous avez fait la première partie de C2C, de Biga Ranx… Ca donne des envies de grandeur ?

M : Non, on ne s’est jamais posé la question, on trace notre chemin et on ne cherche pas trop autre chose : c’est déjà cool d’avoir la reconnaissance d’artistes comme ça ! Il y a eu Wax Tailor aussi ! On fait et on gagne les concours et donc on est choisi par ces gens-là ! Après on aime autant faire un concert aux Joulins avec 150 personnes que dans un Zénith où il y en a 7000. On ne se met pas la pression.

Votre pire concert ?

B: En termes de performance, c’était au Temps Machine, je pense.

M : Ah ouais, on a chié ce soir là !

B: On a voulu intégrer pas mal de nouvelles choses au dernier moment, du coup c’était un peu bancal, on n’était pas au top.

M: Moi, mon pire concert, ce n’était pas avec Chill Bump, c’était à Genève. J’avais été voir un groupe qui passait juste avant le nôtre, où je jouais avec Fumuj (autre groupe dont il est membre) et j’ai crié pendant tout le set. Quand je suis arrivé à mon tour sur scène, maje n’avais plus de voix et j’ai passé tout le concert sans la retrouver… Un grand moment de solitude !

Pourquoi My Mother Is A Pornstar* ?

M: Je cherchais des sujets décalés, il y en a encore plein, surtout dans le rap, et qui provoquent. Je trouvais intéressant de me mettre à la place de quelqu’un et d’assumer pleinement la vie d’un fils de pornstar. Il y d’ailleurs la rousse dans American Beauty qui est fille de pornstar, je sais plus comment elle s’appelle, et je pense que bientôt on va recevoir un petit mail d’elle qui nous remerciera ! Et je précise que ma mère n’est pas pornstar, je vous la présenterai à l’occasion !

*ndlr : un de leurs titres

Aucard, le stress ?

M: Pour l’instant pas trop, par ce qu’on est fatigués d’hier soir (ils étaient en concert à Bruxelles la veille) mais plus tard ouais, c’est sûr, c’est jamais évident de jouer à la maison. Même si tu sais que t’as pas mal de potes qui viennent.

B: Pour le coup, on l’a attendu, ce concert, et mine de rien on appréhende, mais c’est une bonne pression !

M: Au Temps Machine, chez nous, ça ne s’est pas passé comme on voulait, donc là on veut vraiment se rattraper.

Prochain EP ?

M & B : Album !

M: On passe à l’étape supérieure. On le débute, il sera là courant 2014 à priori, on prend le temps de faire les choses correctement.

B: Quand on sera satisfaits, on sortira THE album.

La reprise la plus originale que vous pourriez faire ?

M: Savoir aimeeeeer ! En ce moment, on est en train de traduire des chansons d’anglais en français et de français en anglais, c’est un exercice assez énorme, et ça donne un truc du genre guéris le monde, fais-en un monde meilleur, pour toi et pour moi et l’humanité tout entière ! (Bilingues vous reconnaîtrez Heal the World de Michael Jackson).

D’une chanson française ?

M: On a déjà repris un morceau d’Higelin qui s’appelle La Croisade des Enfants et que nous on a appelé Rise up. Sinon, j’aimerais bien reprendre un morceau de Ferré.

B: Nougaro, y’a des trucs qui sont pas mal !

Qu’est-ce que vous chantez sous la douche ?

B: Moi je fais du beatbox. C’est cool quand les lèvres sont un peu mouillées, ça claque ! (Il repense à la phrase qu’il vient de dire…rires)

M: Moi je chante souvent le dernier texte que j’ai écrit, pas pour être égocentrique ou quoique ce soit, mais pour me le mettre en tête.

Plus Booba ou La Fouine ?

B: Plus je dirais plus Booba personnellement par ce que…

M: Moi je dirais plus La Fouine, juste pour te contredire !

B: Ouais Booba, pour ce qu’il a fait … (un gros blanc)

M: Qu’est ce qu’il a fait en fait ? Moi sûr La Fouine, juste pour pouvoir le rencontrer et lui dire qu’il
faut qu’il arrête absolument son « Scrrrr » !

S’il y avait un festival que vous aimeriez faire ?

M : Fusion. C’est à côté de Berlin, c’est un festival où tu réserves ta place genre un an à l’avance. Tu arrives, tu plantes ta tente, ça dure trois jours, il y a genre 100 000 personnes. Tu arrives, on te file la Prog’ le jour J, tu sais rien avant. Il n’y a pas d’énormes groupes, juste des petites pointures de chaque pays. Genre un Suédois inconnu.

B : Moi, Coachella, je pense que ça pourrait être pas mal. Pour le prestige, surtout !

Quel type de musique vous donne vraiment la gerbe ?

M: Bah pour moi La Fouine ! Ahahah. Non, ce qui me fout vraiment la gerbe, ce sont tous les trucs genre Black Eyed Peas, tu sais, avec le vocodeur et tout autour… T’as juste envie d’égorger, quoi !

B: Toute cette vague Dance qui a été amenée par notre ami David Guetta, qui a balancé une espèce de standard où tout le monde a suivi, ça a marché et du coup il y a plein d’inconnus qui chantent avec de l’auto-thune et du vocodeur. Ça c’est pas mal, en termes de régurgitation …

M: Je ne suis pas un grand fan de Zouk, mais je ne demande qu’à être surpris. Je suis sûr qu’il y a de bons trucs.

La chanson préférée de votre setlist ?

B: Sur le format EP, Just a Sample, et puis Snip Snip que j’aime vraiment bien.

M: Just a Sample aussi, je rentre dans le morceau direct.

Votre chanson du moment ?

M: J’aime beaucoup Rittz avec Tech N9ne et Krizz Kaliko, la chanson s’appelle Say No More.

B: Une de Ces Cru, Perception. C’est doux, c’est tranquille, ça fait du bien.

Tours, ville de talents ? (Chill Bump, Biga Ranx …)

M: Et aussi les Lyricistes Sans Frontières qui montent, ou notre pote Dees Chan.

B: Dj Fan aussi !

M: Après, il y en a aussi qui sont pas dans le rap, genre Ez3kiel, et puis la chanteuse de Caravan Palace (Zoé Colotis), big up !

B: … Ben l’Oncle Soul, Zaz ! Ahahah.

M: Après il y tout ce qui est Pneu, Funktrauma, il y en a tellement en fait qu’on en oublie…

Militants pour une cause ?

M: Non, pas vraiment, mais il y a plein de trucs qui nous agacent de tous les côtés et on aimerait bien avoir du changement sur plusieurs choses. Être militant, non, mais on a des choses à dire et justement ça passe par la musique.

B: Oui, c’est notre façon de nous exprimer.

M: Ah oui ! On est pour le mariage pour tous aussi !

Votre meilleur film ?

M: La Vie, de David Gale, je trouve qu’il n’ a pas assez été vu, à chaque fois que j’en parle peu de gens connaissent.

B: Deux films pour moi. Don’t Be a Menace to South Central While Drinking Your Juice in the Hood parce que ça m’a marqué étant jeune, avec le célèbre « What you say about my momma ?! » et puis, pour le génie de l’humour qu’est Will Ferrell, Anchorman: The Legend of Ron Burgundy : grosse, grosse saveur !

Le meilleur bar de Tours ?

M: Ah ! Il y en a plusieurs, je suis fan du Pale.

B: Ah ouais, le Pale !

M: J’aime bien aussi le Strapontin pour ses bonnes bières, j’adore les Joulins et aussi le Bistro 64.

B: Moi le Pale, j’ai habité à côté, c’est un bon repère. Après les Joulins forcément, pour finir les soirées…

Est-ce que le « métier » Chill Bump paie ?

M : Le live paie toujours, n’importe quel musicien qui tourne et qui se respecte est payé, mais sinon non ça ne paie pas notre loyer. Mais on a des dons, des gens qui achètent nos EP, qui veulent soutenir le projet.

B : Et c’est réinvesti direct dans le projet ! Cela nous aide à avoir un espace de travail, à avoir du bon matériel. Mais c’est vrai que le statut d’intermittent nous aiderait encore plus.

M : On a d’ailleurs acheté un nouveau micro grâce aux gens !

Le studio ?

B: Chez moi, un petit studio qui effectivement s’améliore de jour en jour, notamment grâce aux dons.

Ce que vous faites maintenant, vous vous êtes posé la question quand vous étiez jeune ou c’est venu naturellement?

M : Depuis que je suis tout jeune je baigne là dedans, la musique fait partie de notre vie, sans ça je serais malheureux, le reste je m’en fous.

B: Ouais ouais !

Mais du coup cela vient de vos parents, cette passion ?

M : Mon père était guitariste, donc c’est sûr que ça a joué. Mais après il faut galérer forcément à un moment ou à un autre, c’est vraiment un métier « Bankal » (rires).

B : Quand je faisais les championnats (Bankal est vice champion de France DMC) j’avais un boulot à côté et quand on a commencé Chill Bump, j’en avais encore un. Et voilà je suis arrivé à la fin de ce job et ça a été un choix de vraiment me mettre à fond là-dedans. Après ça fait partie de ma vie depuis très très longtemps : dès le CP j’ai commencé à faire de la trompette et du solfège.

Le plus loin que vous avez joué ?

B: Strasbourg ? C’est quoi, 700 bornes ?

M : Je crois que Bruxelles c’est moins loin

B : Ah non, Frontignan !

M : Et puis on va faire Marseille cet été, ça va être cool !

Un dernier mot pour la fin ?

M: Dans le contexte, un grand big up à Enzo et à Radio Béton pour le festival Aucard. Et à radio Campus aussi. Béton nous a bercés pendant des années, ils soutiennent les groupes locaux, et ils font mieux que tenir ce festival : il grandit !

B: Perso, je n’ai pas beaucoup fait de Aucard, j’ai connu juste la Gloriette, pas l’île Aucard, et c’est toujours agréable de venir ici. Et puis oui un merci à Béton, allez télécharger nos EP, merci de nous soutenir et de prendre du temps pour nous écouter !

Quand on pense qu’il nous disaient stresser pour le soir d’Aucard… Leur prestation a conquis un public venu en masse, si bien qu’il sont revenus faire un rappel à deux reprises. Alors qu’ils se baladeront aux quatre coins de l’hexagone cet été, chez Parallèlle(s) on attend avec impatience le futur album…

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