The revenant
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 88

THE REVENANT

de Alejandro González Iñárritu (Leonardo Dicaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson)

 

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Début janvier, c’est généralement la période où l’on se remet tant bien que mal des quelques agapes effectuées autour de Noël.
Une période où le critique – l’oeil vitreux, la langue chargée et la barre au front – se dit qu’il faut recommencer à s’infuser des films, en priant en son for intérieur, de débuter par du brutal, de l’exceptionnel, afin que les symptômes d’après festivités s’estompent rapidement.
On avait entendu des premiers échos dithyrambiques venant d’USA.
Nous étions impatients d’en découdre.
Et puis est arrivée la projo presse.
Mais avant de vous en dire plus, quelques mots sur une thématique qui me tient à coeur.
L’Homme confronté à la Nature.
Ce sujet, largement exploité par le septième art, est à l’origine de plusieurs incontournables.
Citons, pêle-mêle, « DERSOU OUZALA » d’Akira Kurosawa avec un Maksim Mounzouk – artiste russe polyvalent – en inoubliable chasseur, « LA PRISONNIÈRE DU DÉSERT » de John Ford, « MISSION » de Roland Joffé, « RIVIÈRE SANS RETOUR » d’Otto Preminger qui sublimait une Marilyn Monroe vampant littéralement Robert Mitchum, « DÉLIVRANCE » de John Boorman, « AGUIRRE » d’Herzog, et, plus près de nous, « PRINCESSE MONONOKÉ » de Miyazaki (on pourrait citer 90 % de son oeuvre), « DANSE AVEC LES LOUPS » de Kevin Costner, « LA LIGNE ROUGE » de Malick, « LE TERRITOIRE DES LOUPS » de Joe Carnahan, avec une des meilleures prestations de Liam Neeson, ou encore « VALHALLA RISING, LE GUERRIER SILENCIEUX » de Nicolas Winding Refn.
À chaque fois, un traitement poétique ou sans concession, replaçant en règle générale – à un moment donné – la nature au centre des préoccupations des êtres humains évoluant en son sein, et ce, malgré leurs motivations premières.
Qu’en est-il ici ?
Dans une Amérique sauvage du début du XIXè siècle, Hugh Glass, trappeur chevronné, sert de guide à d’autres membres de sa profession, négociants en fourrures. Lors d’une attaque par les indiens, leur troupe est décimée. Les rescapés parviennent à s’enfuir à bord d’un bateau. Débarquant sur la terre ferme au bout de quelques heures, ils vont alors tenter de rejoindre leur campement, distant de 300 km. Mais au cours du trajet, Glass est assailli par un ours et laissé pour mort par ses compagnons…

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Une expérience.
Oui, une expérience comme on voudrait en ressentir plus souvent.
Comme celle procurée par « GRAVITY » d’Alfonso Cuarón, autre mexicain de renom – dont on retrouve là le même directeur de la photo, Emmanuel Lubezki, qui effectue une fois encore des prouesses magnifiques.
Une adéquation quasi-totale du fond et de la forme.
Plus linéaire que le périple de Sandra Bullock dans l’espace, mais tout aussi impressionnant.
Plus « classique » également, mais concernant Iñárritu, on ne peut véritablement utiliser ce mot.
Jusqu’alors – relisez ma chronique de « BIRDMAN » – el señor Alejandro m’apparaissait comme un technicien hors-pair mais incapable de de tenir un discours à l’aune de son talent de metteur en scène.
Partageant, avec le « JEREMIAH JOHNSON » de Pollack, une certaine imagerie et cette faculté d’inviter à l’immersion la plus complète du spectateur – sans jamais être hermétique – et évoquant la bande dessinée BUDDY LONGWAY de Derib, qui serait mixée avec un soupçon de délire métaphysique propre à Jodorowski, « THE REVENANT » revient aux fondamentaux du cinéma que nous aimons tant.
Dicaprio est éblouissant en Hugh Class (icône réelle du peuple américain, morte en 1833 et étudiée en Histoire).
Tom Hardy et les autres comédiens assurent.
Récompenses, pas récompenses, on s’en moque.
L’intérêt est ailleurs dans ce « survival » viscéral et violent, mais pas plus violent que ne l’était le pays à l’époque.
Quelques personnes ont voulu crée une polémique en comparant deux-trois séquences de ce bijou avec des celles de longs métrages – surtout « L’ENFANCE D’IVAN »- signés par Andrei Tarkovsky, le fou génial derrière « STALKER » et « SOLARIS », représentant des similitudes de plan.
Seulement ces idiots feraient mieux de démontrer la même chose, fondée et multipliée par 100 000, avec cette boursouflure de Tarantino (nous ne sommes plus dans la citation mais dans le plagiat – confère le début d’« INGLORIOUS BASTERD »).
Problème pour eux, ici, cela ne marche pas, tant les dizaines de secondes évoquées n’ont absolument pas la même signification chez le soviétique et surtout pas les mêmes composants.
Les cons ça ose tout…
Je vous laisse le soin de terminer la phrase et de vous ruer dans la salle la plus proche.

 

 

NAHID

de Ida Panahandeh (Sareh Bayat, Pejman Bazhegi, Navid Mohammad Zadeh)

 

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Jeune divorcée, Nahid, habite seule avec son fils de 10 ans dans une petite ville au bord de la mer Caspienne. Selon la tradition iranienne, la garde de l’enfant revient au père, mais ce dernier a accepté de la céder à son ex épouse à condition qu’elle ne se remarie pas. Nahid va rencontrer un nouvel homme qui ne tarde pas à l’aimer passionnément et veut se marier. Cette situation chamboule dès lors sa vie…
Porté par Sareh Bayat – que l’on avait découvert, parfaite, dans « UNE SÉPARATION » – et en dépit de toute la bonne volonté de Ida Panahandeh, cinéaste émergente, ce portrait de femme ne parvient ni à passionner, ni à émouvoir.
Principales raisons : des problèmes de rythme, des longueurs inutiles, une laideur de l’ensemble et, surtout, un sujet (l’émancipation féminine à l’intérieure d’une société rigide et castratrice) autrement mieux traité très (trop) récemment dans « MUCH LOVED » de Nabil Ayouch et « À PEINE J’OUVRE LES YEUX » de Leyla Bouzid.
Pourtant, l’an passé, « NAHID » rafla à Cannes le Prix Spécial du Jury dans la section Un Certain Regard.
Sans doute des jurés soucieux de passer des vacances de luxe, à moindre frais, au Moyen-Orient.

 

 

PATTAYA

de Franck Gastambide (Franck Gastambide, Malick Benthala, Anouar Toubali)

 

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J’avoue.
J’avais loupé « LES KAÏRA » lors de sa sortie, carton surprise au box-office.
Je me suis rattrapé depuis.
Mouais (blasé), pourquoi pas.
Le cul fonctionnera et rapportera toujours.
Avec cette seconde réalisation, Gastambide continue de vouloir séduire le public des banlieues.
Franky et Krimo sont deux amis trentenaires désoeuvrés de cité. L’un se muscle pour ressembler à son idole, Vin Diesel et vient de rompre avec sa copine. L’autre, ne portant que des marques, souffre d’un manque d’intérêt de la part des filles. Tous deux rêvent d’échapper à la tristesse de leur environnement. Désirant se rendre à la station balnéaire thaïlandaise de Pattaya, réputée sulfureuse, ils ont la folle idée d’inscrire à son insu le nain de leur quartier au championnat du monde de Boxe Thaï des Nains. Forcément, le périple va se transformer peu à peu en cauchemar…
Je cherche encore le côté Judd Apatow, influence revendiquée haut et fort par le responsable de cette ignominie, d’un niveau d’indigence globale qui fait froid dans le dos.
On touche le fond.
Blagues indignes d’un carambar, acteurs horripilants et mauvais comme rarement, nous sommes quelque part entre un mélange de JACKASS fait par des handicapés moteur et la finesse d’un David Douillet.
Une purge idéale en cas de constipation.

 

 

JE NE SUIS PAS UN SALAUD

de Emmanuel Finkiel (Nicolas Duvauchelle, Mélanie Thierry, Driss Ramdi)

 

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Eddie, meurtri par l’existence, divorcé, sort de prison et tente de se rapprocher de son ex et de son fils. Un soir, alors qu’il se promène dans la rue, il est agressé violemment par des racailles. Portant plainte, il désigne Ahmed comme coupable, et, malgré  des preuves peu concluantes, s’obstine. Alors que le nommé Ahmed est envoyé en prison, en attente du procès, Eddie se reconstruit. Mais le remords, les doutes, tant sur son action que ses décisions au jour le jour vont progressivement lui faire prendre conscience de ses erreurs…
Si Duvauchelle (étrange parcours que le sien) se la joue encore Dewaere du pauvre, son duo avec Mélanie Thierry (hélas, souvent mal utilisée) fonctionne.
Le hic, c’est qu’il n’y a encore rien de neuf sous le soleil, tant dans les situations que dans l’évolution psychologique des principaux caractères.
Notons néanmoins une scène admirable de tension qui clôt ce drame.
Dommage que tout n’est pas été du même acabit.
J’exagère ?
Non, car je suis un salaud.

 

 

L’affiche de la semaine : MAUVAIS GENRE 2016

 

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Du 24 au 28 mars prochain, aura lieu la dixième édition de Mauvais Genre, le festival international de cinéma de Tours.
Au menu, des compétitions de longs et courts métrages inédits en France, voire en Europe, allant de la comédie au thriller, en passant par le fantastique, les films d’animation, le drame.
Plein de réalisateurs nationaux et étrangers seront présents et répondront aux questions du public, toujours plus nombreux, chaque année.
Mega Cgr Tours Centre et le Petit Faucheux pour les projections
Nuit Interdite, soirée thématique « FRENCH TOUCH » consacrée à des talents émergents, pilote de série télé en exclusivité, masterclass, rencontres avec les professionnels, conférences dont une avec le duo Seth Ickerman (« KAYDARA ») qui viendra expliquer le projet de leur premier long avec des images exclusives, la séance « MAD IN FRANCE » – le meilleur des courts hexagonaux de genre – animé par R-One Chaffiot, le village – espace off – avec des artistes, des concerts… et une superbe exposition d’originaux de BD sur les maîtres de l’école franco-belge et européenne : une sélection de planches, illustrations, crayonnés – la plupart montrés pour la première fois au monde – de Franquin, Pichard, Toppi, Giraud/Moebius, Hugo Pratt, Follet, Macherot, Uderzo, Buzzelli, Peyo, Mézières…
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Toute la programmation, bientôt, sur www.festivalmauvaisgenre.com

 

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