DEMOLITION
de Jean-Marc Vallée (Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper)
Comment réagir au deuil d’une personne qui nous est chère (famille, épouse/époux, ami(e)…) ?
Quelles répercussions sur la suite de notre vie ?
À cela, le septième art y a apporté une multitudes de réponses confère, par exemple, récemment, le radical et honni (et pourtant remarquable) « DESPUÉS DE LUCÍA » de l’inégal Michel Franco, le demi réussi « ADIEU BERTHE – L’ENTERREMENT DE MÉMÉ » de Bruno Podalydès, l’insupportable « EXTRÊMEMENT FORT ET INCROYABLEMENT PRÈS » avec Tom Hanks en père disparu d’un jeune new-yorkais à l’esprit imaginatif, ou encore les superbes « INCENDIES » de Denis Villeneuve et « ANTICHRIST » de Lars Von Trier.
C’est au tour maintenant du canadien Jean-Marc Vallée d’exposer son point de vue.
A bord de leur voiture, Davis – banquier d’affaire gagnant beaucoup d’argent – et Julia, sa femme, au volant, discutent. Soudain, ils attrapent un accident. Elle, meurt sur le coup tandis que lui, se réveille dans un couloir d’hôpital. Reprenant le cours de son existence comme si de rien n’était, Davis retourne à son travail. Envoyant une lettre de réclamation à une société de distributeurs automatiques – le paquet de M&M’s qu’il venait d’acheter étant resté bloqué dans la machine – notre veuf y joint également des souvenirs personnels. Sa correspondance va finir par attirer l’attention de Karen, la responsable du service clients…
L’auteur de « C.R.A.Z.Y » alterne en vérité le très bon (« DALLAS BUYERS CLUB »), le moyen (« WILD »), et l’anecdotique (« VICTORIA : LES JEUNES ANNÉES D’UNE REINE »).
Ici, nous sommes dans le premier cas de figure, et ce de bien belle façon.
Évitant tout effet larmoyant et jouant avec intelligence – et de façon parfois surprenante – de tous les passages obligés du genre, « DEMOLITION » est un de ces drames iconoclastes qui font mouche.
Captivant – malgré un rythme lent – et bénéficiant d’une structure narrative moins simple qu’il n’y parait de prime abord, le nouveau film de Vallée permet avant tout d’admirer une troupe de comédiens hautement inspirée : Jake Gyllenhaal (Davis), comme d’habitude impeccable et impérial, Naomie Watts (Karen) qui commence enfin à accepter de jouer son âge véritable, craquante, Chris Cooper (« THE COMPANY MEN ») – continuant d’interpréter des vieux beaux – toujours aussi charismatique, et un talent prometteur à surveiller de près, Judah Lewis (le fils de Karen), sorte de descendant adolescent de DiCaprio avec cette même façon de capter l’attention du spectateur via une beauté naissante et une façon de se mouvoir dans le cadre.
Pour finir, n’oubliez pas : parfois il faut (se) détruire pour mieux (se) reconstruire.
LES VISITEURS – LA RÉVOLUTION
de Jean-Marie Poiré (Jean Reno, Christian Clavier, Franck Dubosc)
Bloqués dans les couloirs du temps, Godefroy de Montmirail et son fidèle serviteur Jacquouille La Fripouille se retrouvent projetés pendant la Révolution Française, en pleine période de la Terreur. En ce temps là, un des descendants de Jacquouille, farouche révolutionnaire, confisque le château et tous les biens des descendants de Godefroy, aristocrates imbus de leur personne, en fuite. Tout ce petit monde va se croiser à Paris…
Suite directe au second opus de cette franchise à succès (si l’on excepte le naufrage du remake américain), ce troisième volet est infâme.
Non pas que l’auteur de ces lignes en attendait la moindre chose mais là, tout de même, des records de nullité sont atteints.
Entre un générique d’une laideur telle qu’il fait passer celui de DERRICK pour du Mozart, des décors d’une pauvreté visuelle si grande que ceux d’HÉLÈNE ET LES GARÇONS apparaissent surchargés, un scénario piteux à faire regretter ceux de n’importe lequel des films des Charlots, une réalisation ni fait ni à faire signée par un Jean-Marie Poiré (« MES MEILLEURS COPAINS » et « PAPY FAIT DE LA RÉSISTANCE » bordel) visiblement gâteux, des acteurs de l’ancienne et de la nouvelle génération (Clavier, Alex Lutz, Karine Viard…) assez mauvais, des gags usés sentant le renfermé, on se demande avec force où sont passés les 27 millions d’euros de l’entreprise (même en y incluant les cachets des artistes).
En fait, c’est un formidable hommage au tout juste défunt Jean-Pierre Coffe puisque C’EST DE LA MERDE !
Okaaayyyy.
TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ
de James Vanderbilt (Cate Blanchett, Robert Redford, Dennis Quaid)
Dan Rather est un journaliste, reporter et présentateur célébrissime de l’autre côte de l’Atlantique.
Une institution.
Nous n’avons jamais eu l’équivalent en France.
C’est lui qui notamment en 1963 rapporte le premier la nouvelle de la mort du président John Fitzgerald Kennedy ou encore dévoila le scandale de la prison d’Abou Ghraib (lieu de détention, de torture et d’exécution de prisonniers politiques en Irak, sous Saddam Hussein. Fermée en automne 2002).
IL accomplit ce dernier scoop dans l’émission de la chaîne CBS, « 60 Minutes », le magazine d’information et d’enquête qu’il présentait, et dont sa fidèle amie Mary Mapes, en était productrice.
En septembre 2004, tout deux diffusèrent un numéro montrant un reportage compromettant pour le Président George W. Bush, alors en campagne électorale pour sa réélection. Celui-ci aurait bénéficié d’un traitement de faveur afin d’échapper à la guerre au Vietnam.
Hélas, s’ensuivit alors une salve de désinformation aboutissant entre autres au licenciement de Mary, qui suite à cela, écrivit un livre.
« TRUTH : LE PRIX DE LA VÉRITÉ » est justement inspiré de cet écrit et relate donc les évènements.
Décidément, après le surestimé « SPOTLIGHT », le journalisme d’investigation est à la mode (à défaut d’être encore pratiqué avec rigueur).
D’un classicisme soigné, et centré sur Mary Mapes, voici un thriller dramatique convenu, sans surprise, permettant à Cate Blanchett et Robert Redford d’incarner joliment un duo de professionnels, convaincus de leur mission mais se heurtant à certains arcanes du pouvoir politique et à la bassesse des gens.
Idéal au coin du feu, sous une couette, en train de déguster des chocolats ou de siroter un bon verre de blanc.
LE FANTÔME DE CANTERVILLE
de Yann Samuell (Audrey Fleurot, Michaêl Youn, Michèle Laroque)
Selon une légende bretonne, le fantôme d’Aliénor de Canterville est condamné à hanter le château de sa famille et à en faire fuir tout nouvel habitant. Elle remplit cette mission à merveille, aidée de Gwilherm, son fidèle serviteur. Mais lorsque les Otis – un ménage avec leurs enfants – fuyant la vie de la capitale, achètent le château, Aliénor se désole car elle n’arrive pas à effrayer cette tribu du XXIe siècle…
Adaptée de la pièce éponyme d’Oscar Wilde, cette autre comédie française de la semaine n’est guère terrible.
Vous vous souvenez des pub du début des années 90 pour les biscuits Prince de Lu où le prince en question arrivait au galop à cheval, l’épée tirée, dans le donjon où un jeune imprudent s’était fait capturé par des esprits maléfiques ?
Si non, allez mater sur Internet.
Si oui, alors vous voyez l’esthétique et le niveau des effets spéciaux.
Ben vous avez presque la même chose étirée sur 1 h 30 mais avec beaucoup plus de dialogues ineptes et un Michaêl Youn tenant désespérément de devenir le nouveau Louis de Funès.
Évidemment, peine perdue.
Comme l’ensemble.
L’affiche de la semaine : « KEANU » de Peter Atencio
Deux potes vont se faire passer pour de dangereux traficants de drogue afin de récupérer leur chat, kidnappé par un caïd connu du milieu.
Cela s’appelle « KEANU », d’après le nom du minet.
C’est une comédie (non encore datée chez nous) qui semble être distrayante.
Mais peu importe car ce qui intéresse présentement ce sont les différents posters, détournant certains incontournables.
Mes préférés.