CAFÉ SOCIETY (en salle aujourd’hui)
de Woody Allen (Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell)
Je ne sais pas pour vous, mais perso, à chaque fois, dès les sempiternelles notes de clarinette en début de générique, je ne peux m’empêcher de vouloir prendre mes jambes à mon cou, sachant ce qui va suivre.
Un réflexe pas forcément si bête que ça, confère les foirades que sont « TO ROME WITH LOVE », «MINUIT A PARIS», « L’HOMME IRRATIONNEL » et un peu, tout de même, « BLUE JASMINE » car, sauf Cate Blanchett, impériale, pas grand chose n’était à sauver de cet amas de clichés.
Le dernier masterpiece de Woody Allen, « MATCH POINT » remonte déjà à 2005.
Même s’il n’était pas totalement réussi, « MAGIC IN THE MOONLIGHT » s’avérait agréable, de par ses clins d’oeil à l’ensemble de la carrière du fameux juif à lunettes.
Ce matin, nous était dévoilés son nouvel opus, visible sur les écrans un peu partout ce mercredi.
Dans les années 30, Bobby, un jeune new-yorkais sans le sou, débarque à Hollywood en espérant trouver du travail dans l’industrie du cinéma. Son oncle, dirigeant une agence de stars florissante, cotôyant aussi bien Garbo que Ginger Rogers, lui propose de devenir son coursier. Bobby tombe immédiatement sous le charme de la secrétaire de son tonton, déjà éprise d’un autre homme…
Présenté en hors compétition pour la quatorzième fois à Cannes (il déteste perdre, dixit l’intéressé lui-même), Allen – avec un énième chassé-croisé amoureux – tente de renouer avec la veine sophistiquée d’Ernest Lubitsch, un des rois de la comédie américaine de l’âge d’or d’Hollywood (« LA VEUVE JOYEUSE » avec Maurice Chevalier, en prince, devant séduire la pimpante Jeannette MacDonald pour renflouer les caisses de son royaume, « TO BE OR NOT TO BE », croustillante satire du nazisme).
Malgré quelques dialogues sur la judéité faisant mouche (voire la réplique sur la façon de cusiner), malgré les interprètes féminines extrêmement glamour (Kristen Stewart et Blake Lively sont telles deux déesses et, surtout la première, font preuve d’un abattage qu’on ne leur connaissait pas), malgré le bagou de leurs homologues masculins (l’auteur de « MANHATTAN » a toujours su diriger ses comédiens) et malgré le travail raffiné et très « italien » sur la lumière due à Vittorio Storaro (l’immense chef opérateur de « APOCALYPSE NOW » et du « DERNIER EMPEREUR »), ce « CAFÉ SOCIETY » ennuie.
Car, en dépit d’une assez bonne première demie-heure, on finit par trouver le temps long à cause d’un scénario peu inventif au rythme hésitant et de séquences ne servant à rien (celles centrées sur Ben, le gangster de la famille, tombant comme un cheveu sur la soupe).
En résumé, comme depuis quelques années, Woody Allen continue à être en pilotage automatique, se reposant sur ses acquis et semble avoir renoncé à toute vélleité novatrice (l’âge certainement)
Ce n’est pas avec ce cru là que nous aurons de nouveau l’ivresse.
Une ivresse, il faut le craindre, à jamais révolue.