LES ETERNELS
de Jia Zhang-ke (Zhao Tao, Fan Liao, Feng Xiaogang)
Jia Zhang-Ke, déjà récipiendaire du prix de la mise en scène à Cannes, en 2013, pour l’inégal « A TOUCH OF SIN » – et gros oublié du palmarès en 2015 avec le splendide « AU DELÀ DES MONTAGNES », cri d’alarme pertinent sur les méfaits du capitalisme sauvage et relation filiale bouleversante – était revenu en mai dernier en découdre sur la croisette avec « LES ÉTERNELS ».
Près d’un an après, celui-ci débarque en salle
2001. Qiao, une jeune femme, est amoureuse de Bin, petit chef de la pègre locale de Datong. S’occupant de son père, minier et malade, elle n’hésite pas à s’investir dans la vie locale. Un soir, Bin est attaqué par une bande d’adolescents et, les choses tournant mal, elle sort un revolver et tire avec. Condamner pour port d’arme illégale, elle prend cinq ans de prison. À sa sortie, les choses ont passablement changé…
Il faut bien l’avouer, c’est une déception.
Si l’essentielle de la forme est toujours présente – composition minutieuse des cadres -, force est de reconnaître une baisse de créativité dans l’enchaînement des plans et des problèmes concernant la narration – trop linéaire – et le rythme générale de l’ensemble.
Malgré les efforts concernant l’image et la photographie dues au français Eric Gaultier, rien de comparable avec la maestria de Nelson Lik-wai Yu, chef opérateur attitré d’ordinaire de Zhang-ke.
Le plus frustrant reste le fond à proprement parler.
Si l’approche du gangstérisme, ici, est plutôt intéressante – montrer le quotidien et donc une certaine banalité des voyous – encore faudrait-il y insuffler de l’originalité et surtout du lyrisme dans l’exposition des clichés habituels : les karaokés, la corruption, etc…
Malgré la beauté indéniable et la justesse de Zhao Tao – déjà dans « AU DELÀ DES MONTAGNES » -, son compagnon de jeu, Fan Liao – pourtant très bien dans le curieux « BLACK COAL » – s’avère en deçà et son personnage trop hermétique pour que l’on puisse être attendri par cette romance déséquilibrée, jamais rehaussée par la mutation économique du pays en toile de fond.
Bref, trop de politesse et pas assez de gros mots.
ESCAPE GAME
de Adam Robitel (Taylor Russell McKenzie, Logan Miller, Deborah Ann Woll)
En 1997, « CUBE » de Vincenzo Natali surpris son monde en instaurant un nouveau type de thriller fantastique consistant à placer un groupe de personnes, dans un espace clos piégé, qui devait essayer de rester en vie.
Ps : Natali a juste repris la recette de certains films japonais des années 70 et l’a transcendé.
Après, nous eûmes droit, dans le même style, à « CUBE 2 : HYPERCUBE » – en attendant un hypothétique « APÉRICUBE » (hahaha, hihihih, hohoho) et la saga des « SAW » pour faire court.
Maintenant, voici le nouveau rejeton du genre – signé Adam Robitel (« INSIDIOUS 4 ») – à la réputation outre-Atlantique assez flatteuse, du moins qui a cartonné au box-office là-bas.
Des jeunes gens de classe sociale différents reçoivent tous une mystérieuse boîte avec une lettre leur proposant de se rendre dans un immeuble d’une zone industrielle et de tenter de s’en échapper contre une récompense de 10 000 dollars. Six d’entre eux décident d’y aller. Ce ne sera pas la meilleure décision de leur vie…
Pas grand chose de charitable à se mettre sous la dent dans cette énième mouture : toujours les mêmes personnages pas très malin et manquant de charisme, encore la même chute que je ne dévoilerai pas mais dont vous devez bien vous douter – car vous, au moins, chers lecteurs, vous êtes supposés intelligents (profitez-en, les compliments à votre égard sont assez rares, par ici).
La seule chose notable est un effort dans la scénographie et quelques trouvailles visuelles concernant les pièces à traverser, dont celle tout à l’envers avec le plancher se désintégrant peu à peu.
Gardez vos thunes pour autre chose et attendez plutôt que cet « ESCAPE GAME » sorte en vidéo pour une éventuelle soirée pizza-bière entre potes.
Le plus dur sera, évidemment, de ne pas roter…
SANG FROID
de Hans Peter Molland (Liam Neeson, Tom Bateman, Tom Jackson)
Ce remake hollywoodien d’un sympathique long métrage nordique, « REFROIDIS » sorti en 2014, et réalisé par le même cinéaste que l’original, est con comme la lune, tentant vainement d’insuffler un humour macabre et non-sensique avec un Liam Neeson, de nouveau vengeur – ici de dealers ayant assassiné son fils.
Un je-m’en-foutisme général assez sidérant y règne en maître.
Fuyez.
L’affiche de la semaine : « SPIDER-MAN : FAR FROM HOME » de John Watts
Parce que ce poster chinois d’un des blockbusters de l’été prochain résume à lui seul l’état de l’industrie actuelle : des packaging étudiés et sympas pour des contenus souvent décevants.
Mais sait-on jamais.
Réponse le 3 juillet.