Belakane joue dimanche, dernier jour du festival.
Il est 21h30, la plupart des festivalier sont devant Jain, les autres ont déserté Terres du Son pour assister à la finale de la coupe d’Europe de ballon.
Tant pis pour les absents, qui ont effectivement tort ce soir et encore plus que d’habitude. On en veut un peu, voire beaucoup à Terres du Son d’avoir choisit cet horaire pour programmer Belakane qui mérite une audience bien plus large que celle qui lui est proposée.
On en veut également un peu à l’organisation d’avoir laissé un peu trop à l’écart cette fantastique scène nommée Propul’son, qui a vu défiler un sacré nombre de talents ce week-end.
Si son emplacement est mieux pensé que l’année dernière aux dires de beaucoup, elle reste, pour nous, pas si accessible que ça pour les festivaliers qui viennent en majorité applaudir ce qu’il est de bon goût de nommer « têtes d’affiche ». Des festivaliers qui pour la plupart passent à côté de la scène sans s’y arrêter.
Belakane joue donc devant un petit public clairsemé mais motivé.
Et il a raison ce public de se trémousser parce que la musique de Belakane, elle est faite pour ça. Elle est faite pour que tu te bouges les fesses, elle frappe, elle sonne, elle bouscule cette musique. Elle bouscule dans tous les sens du terme parce que c’est aussi dans nos cerveaux qu’elle veut et parvient à entrer.
« Nous sommes des nègres blancs » (morceau que tu ne découvriras, public, que si tu te déplaces vite fait bien fait au prochain de concert de Belakane) rapproche les conditions « occidentales » des conditions des gens du Sud.
Oui, on a bien tous les mêmes problèmes et surtout le même sang qui coule dans nos veines, alors il serait temps de nous en rendre compte.
Elle est intelligente cette musique.
Elle est aussi politique cette musique, quand elle cite et rappelle la pensée de Césaire : « La négritude n’est pas une couleur, c’est une condition ».
Elle est trop rare et elle est précieuse la musique de Belakane, en ces temps où on met à part, où on compartimente, où on classifie les choses en général (malheureusement la musique n’échappe pas à ça).
Belakane, ce soir, est une bouffée d’oxygène, une bouffée de fusion, la fusion de l’Afrique et du rock and roll que tu as sans doute raté, public.
Alors la prochaine fois, ne passe pas à côté s’il te plait.
Cathy Martineau