Cascadeur
Interviews

CASCADEUR EN INTERVIEW, PDB 2014

Cascadeur (ITW groupée)
Un magnifique deuxième album, Ghost Surfer, et un spectacle qui a emporté le public dans des sphères oniriques. Alexandre Longo est arrivé masqué, en Cascadeur.

Le concept du casque ?

Il a été évolutif. J’ai commencé par le casque, qui n’est qu’un attribut du cascadeur. Ensuite, pour des raisons vraiment pratiques, il a fallu que je bascule vers autre chose. Je me suis intéressé au catch, car je trouvais qu’il y avait beaucoup de parenté entre le monde du catch et celui de la cascade. L’idée de la mise en scène est celle de l’esquive, on est dans l’illusion. J’avais une apparence très dure, très combattive, les gens pensaient que je faisais de l’électro trash, alors que ce qui m’intéressait c’était la dichotomie entre l’apparence et la musique qu’on pouvait entendre. Voilà, le masque c’est ce lien avec la théâtralité, et l’art de l’esquive. Après j’ai bonifié ma panoplie, elle évolue : peut-être un jour je porterai un masque de Jacques Chirac !

Le but étant qu’on ne te voit jamais ?

Oui, au début, c’était pour des raisons très intimes. J’avais du mal à chanter mes morceaux s’il y avait le regard de l’autre. J’ai longtemps participé à d’autres projets, mais j’étais un homme de l’ombre. Je trouve effrayant le rapport à l’image, au visage de l’artiste. Donc c’était soit se résigner à faire écouter ses morceaux dans une sphère intime, soit choisir une démarche enfantine, et Cascadeur était ce lien avec l’enfance.

// : On parle beaucoup de timidité te concernant. Quand tu parles de l’esquive du danger, de quel danger veux-tu parler ? Et au-delà de ce danger, y a-t-il d’autres choses que tu veux esquiver ?

Déjà m’esquiver. J’étais comme un catcheur face à un miroir. Comme le piano laqué quand j’étais enfant qui fonctionnait comme un miroir. J’ai un souci par rapport au fait de travailler face à son image. Pour moi le masque c’est un amplificateur, et c’est un peu troublant. J’ai été amené à réfléchir à un certain nombre de paradoxes en ayant ce choix un peu radical qui est difficile à assumer. Comme après les concerts, c’est très compliqué pour moi qui avais soif de rencontres. Si j’arrivais à visage découvert, on me demandait de quitter la salle…. Ces questions sur l’identité, c’est une mise en abîme que je décris aussi dans mes morceaux. Donc le danger, ce n’était pas seulement de l’ordre de l’intime, mais des difficultés d’être en tant que musicien. On est sur un fil, et ça renvoie aussi à cette précarité. Le fait de me mettre en scène me permet de continuer. Ca me permet d’esquiver un surcroît de découragement. Etant double, ça me permettait de jongler avec les émotions. Le masque, ça remonter à l’Antiquité, c’est une tradition. Maintenant, on vampirise beaucoup les visages humains, les auteurs de littérature ont un visage, plus qu’avant, les architectes, les danseurs ont un visage : c’est une problématique contemporaine à laquelle je voulais échapper.

 

(Des raisons techniques ont hélas empêché d’enregistrer la suite de l’ITW…)

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