Ce soir là, le choix n’a pas été difficile à faire. Entre les ados pré-pubères de 1995 et les « je-suis-bon-et-je-le-sais-donc-je-me-la-pète-grave » de C2C au W d’un côté et notre cher Alexis HK, le grand Oxmo Puccino et nos chouchous de la rue Ket au Palais d’Auron de l’autre, notre cœur a forcément parlé! Après une petite heure d’Oxmo qui, malgré une performance correcte, m’a un peu déçue par sa présence sur scène, (attendons Terres du Son, il ne faut pas rester sur une frustration !) enfin une heure et demi de mon groupe mythique d’ado un peu rebelle et roots sur les bords, qui nous a mis une belle claque. La rue Kétanou, c’est une histoire de musique, de chansons dont les mots te vont dans le cœur et les tripes, d’amitié aussi. Et ce soir-là, il n’y avait pas que la rue qu’était à eux, mais aussi un Palais d’Auron chauffé à bloc. Ca chantait, ça dansait, une vraie belle fête ! Mourad m’avait prévenue « on va faire des nouvelles chansons ce soir, tu verras, tu les fredonneras aussi ensuite ! » Et une interview avec Mourad, c’est la rigolade garantie…
[interview conduite par Lola Lemettre et Marie Lansade]
Je vais vous dire comme pour Tryo mais mon premier vrai concert c’était avec eux et vous à la Pleïade. Je connais bien vos textes, vos musiques etc., d’ailleurs c’est un peu une tradition familiale ! Mais en fait je ne sais pas vraiment qui se cache derrière la Rue Kétanou ?
C’est ça qu’on aime, on voit de plus de gens venir avec les enfants, les parents, les grands-parents, on fait le lien entre les générations. Après, qui se cache derrière la rue Ket, c’est Laurent, à l’accordéon, guitare, harmonica et chant, Olivier et moi à la guitare, percus et chant. En fait on chante tous les trois. On a tous fait une école de théâtre et en sortant on a monté un spectacle de rue, en 1998. Ensuite, on a rencontré pas mal de monde et on a commencé à s’exporter. Et un jour on a rencontré une asso qui s’appelle « les cactus » et à la suite de plusieurs tournées on a rencontré Tryo qui nous ont demandé de faire la première partie de leur spectacle. Mais on continue quand même à jouer dans les bars et dans la rue. A l’époque « La rue Ketanou » c’était pour nous donner du courage et c’est notre identité aujourd’hui. En fait c’était le nom du spectacle à la base et ce sont les gens qui ont commencé à nous appeler comme ça.
Tryo a évolué dans un délire différent contrairement à vous…
C’est pas notre truc à nous, mais je respecte complètement et s’ils ont les moyens, tant mieux ! Après ça plaît ou ça plaît pas. Le problème c’est qu’ils se rattrapent sur le prix des places et en ce moment c’est délicat. Mais c’est pas grave parce qu’ils continuent à jouer dans des quartiers, dans des bars, etc.
Qui compose ?
Tous les trois. C’est la démocratie, on ne sait pas pourquoi ça fonctionne mais ça fonctionne ! Comme quoi… L’idée, c’est de continuer à voir des choses entre nous, d’écrire chacun de notre côté, mais aussi ensemble. Il faut se dire les choses. On ne cherche pas à être dans le « tout est moche ». On vit de notre métier, mais c’est pas pour ça qu’on vit comme des pachas. Cet été par exemple j’ai été ostréiculteur à la Tranche sur mer pour mon cousin. Ca fait voir la vie autrement, tu redécouvres les gens. Si j’y étais allé pour un concert, ça n’aurait sans doute pas été la même chose.
Vos enfants en pensent quoi ?
Ils adorent ! Mais ils sont petits encore. La mienne, qui a 16 ans, commence à donner son avis. Les enfants ont toujours été un test. S’ils commencent à fredonner, c’est que c’est bon !
Vous avez beaucoup d’influences dans vos musiques, d’ailleurs on a du mal à vous attribuer un style…
Ben on a un Portugais qui s’appelle Olivier. A 16 ans, sans argent, on jouait au Portugal, on le connaît en large et en travers le pays ! Moi je suis marocain et Laurent est un peu belge. On entretient ça, on se fait écouter des trucs, on garde les yeux et les oreilles grands ouverts.
Ce soir vous prévoyez quoi ?
Des nouvelles chansons !
(Pour info, ils seront en concert à Aucard de Tours !)