Les fêtes de fin d’année approchent… Le moment de s’offrir des cadeaux et de se réchauffer en famille et entre amis, plus que jamais. Voici une sélection de « Beaux livres » dont le point commun est un message d’amour et de tolérance, mais aussi de résistance.
Très peu de texte dans ce petit livre tout carré qui laisse la part belle à un regard … Celui de Jean-Fabien Leclanche qui se dit « photodidacte » et qui nous offre une vision de sa ville, Montreuil, avec une immense tendresse… Une ville dans sa diversité multicolore, des visages, des silhouettes, des lieux, un quotidien pris sur le vif avec une infinie bienveillance… On tourne les pages avec avidité une première fois, et on y revient encore et encore avec toujours le même plaisir. Le texte du rocker Johnny Montreuil qui clôture ces instantanés de vie apporte la touche finale à ce bel hommage à une banlieue souvent décriée et pointée du doigt… Une ville, des hommes, et le talent, à l’état brut, tout simplement …
Good morning Montreuil de Jean-Fabien Leclanche et Johnny Montreuil (Éditions de Juillet, 2015 / 19,80€)
Je connaissais Matthieu Ricard par ses écrits humanistes. Je ne le savais pas photographe. Dans un superbe noir et blanc lumineux, il éclaire les visages de ces gens qu’il a croisés et côtoyés au fil de ses rencontres. Et c’est d’une beauté … Entrecoupés de textes empreints de sagesse et d’humanité, les mots apaisent et donnent envie d’une société où l’amour, la tolérance et le respect d’autrui feraient loi… On aimerait bien aller voir de plus près du côté du Tibet, histoire de se ressourcer à l’essentiel, en refermant ce livre magique …
Visages de paix / Terres de sérénité de Matthieu Ricard (La Martinière, 2015 / 25€)
Sahara Rocks ! n’est pas seulement un beau livre de photos sur le Sahara. C’est aussi un message d’amour pour les « Ishumars », ces touaregs musiciens qui sillonnent le pays et les frontières au gré d’éventuels boulots… Car, c’est certain, en regardant les photos d’Arnaud Contreras et en lisant ses textes, on sent que ce monsieur est tombé en amour pour cette culture entre tradition et modernité. C’est aussi un livre militant par la place donnée à ces musiciens qui expriment leur vision de leur musique et de leur pays avec une totale liberté, tel l’emblématique groupe malien Tinariwen … J’ai le souvenir d’un concert en Terres du Son. L’émotion qui m’a submergée à leur écoute, mais aussi la noblesse et la beauté de ces hommes du désert, armés de leurs guitares électriques… La passion d’Arnaud Contreras pour le Sahara et ces hommes magnifiques est des plus contagieuses…
Sahara Rocks ! d’Arnaud Contreras (Éditions de Juillet, 2015 / 35€)
Mais qui se cache sous le pseudonyme de Banksy ? Un homme, un collectif ? Le mystère reste soigneusement entretenu… L’œuvre de Banksy est à elle seule un immense pied de nez, un éclat de rire, un coup de pied dans la fourmilière de ce système capitaliste et inégalitaire dans lequel nous nous débattons. Ses armes ? Le pochoir, pour travailler plus rapidement, les villes étant truffées de caméras de surveillance et l’acte de « graffer » étant encore à ce jour illégal. Dans les endroits les plus improbables, Banksy laisse des traces empreintes d’humour et de poésie, car cet activiste politique, on le soupçonne quand même d’être un tendre … Provocateur, anti système, ce chantre de la désobéissance civile embellit les murs gris par ses dessins et slogans. Un livre précieux, pour les amoureux de cet « Anonymous » de génie, un large panorama de son travail y est exposé avec des textes bourrés d’humour… et de bon sens.
Banksy : vous représentez un niveau de menace acceptable et vous le sauriez si ce n’était pas le cas (Éditions Alternatives, 2015 / 29,95€)
Né il y a une trentaine d’années, le street art a trouvé ses lettres de noblesse au fil des ans. Des graffitis du début, il a évolué en véritable art porté par des artistes de grand talent. Mais l’esthétique, si elle est bien réelle, n’est pas le but avoué de cet art rebelle, qui est avant tout un acte politique et citoyen qui dénonce avec rage ou humour les injustices et les peurs de notre monde anxiogène : dictature économique, impuissance des politiques, pauvreté et exclusion, société de consommation, écologie, tous ces sujets sensibles s’affichent sur les murs de nos villes avec une belle liberté. « Les murs révoltés » apporte un double plaisir : celui des yeux, car il laisse une large part aux œuvres en nous offrant un panorama exhaustif des différents styles et artistes, et grâce à Stéphanie Lemoine, spécialiste des arts urbains, on apprend beaucoup de cet art qui est tout, sauf mineur … Incontournable pour les amoureux du genre !
Les murs révoltés : Quand le street art parle social et politique d’Yvan Tessier et Stéphanie Lemoine (Éditions Alternatives, 2015 / 25€)
Jérôme Catz livre ici un guide vraiment complet pour tous ceux qui souhaitent s’initier aux arts de la rue. Des origines, en passant par les influences des précurseurs (tels Ernest Pignon-Ernest), il aborde les différentes techniques utilisées et ainsi la vaste palette de formes que peut revêtir cette forme d’art. Les sujets plus politiques tels que l’engagement des artistes, leur rapport avec le marché de l’art, le choix de l’anonymat, sont également évoqués. Jérôme Catz nous emmène également faire un tour du monde pour un état des lieux du street art et termine par la présentation d’une vingtaine d’artistes. Bref, en refermant ce livre, vous devriez être incollable sur le sujet !
Street art : le guide de Jérôme Catz (Flammarion, 2015 / 19,90€)
C’est sur une commande de Maximilien Vox (frère de Théodore Monod) que Robert Doisneau a réalisé ce reportage en 1942/1943, pour un projet devant s’intituler « Visages de la science » qui n’a jamais pu voir le jour. Ce sont donc des photos inédites du papa du célèbre « Baiser de l’hôtel de ville » qui nous sont données à voir dans ce très bel ouvrage où l’on découvre les coulisses du muséum : chercheurs, labos, jardins…La curiosité et le formidable regard de Doisneau nous guide dans les méandres poussiéreux et labyrinthiques du célèbre musée parisien et s’attarde sur les visages de ces chercheurs d’un autre temps. Second reportage cinquante ans plus tard, où l’on retrouve des lieux plus aseptisés où la modernité a pris le pas sur le charme désuet des labos des années 40. Une exposition est en cours au Muséum national d’histoire naturelle jusqu’au 18 janvier 2016. Un joli voyage dans le temps sous le regard tendre et malicieux de maître Doisneau.
Robert Doisneau, un photographe au muséum (Flammarion, 2015 / 35€)
Pour tout dire, le film ne m’avait pas emballée du tout…Trop long, bavard, décousu, consensuel , bref, en-dehors de la photographie qui, il faut quand même le souligner, est sublime, « Human » m’avait laissée plus que dubitative. Le livre tiré du film est sorti fin septembre. Peut-être l’occasion d’approfondir une thématique juste effleurée dans le film, donc… Le fait est, les entretiens du film sont plus argumentés, les reportages, cartes et autres analyses apportent un plus au côté patchwork esthétique du long (très long..) métrage d’Arthus-Bertrand. Certes, la photo reste admirable… Mais bon. Dans l’ensemble, tout l’art de YAB consiste à défoncer des portes ouvertes et à nous jouer du violon (et oui, c’est moche, la guerre). Interviewer Mujica en se faisant sponsoriser par la famille Bettencourt me paraît indécent et d’une démarche complètement contradictoire… Alors, YAB, grand naïf ou opportuniste ? Je penche pour la seconde proposition et en refermant le livre, je me suis dit que je me serai contentée d’un beau livre de photos….
Human de Yann Arthus-Bertrand (La Martinière, 2015 / 25€)
