12 YEARS A SLAVE
de Steve McQueen (Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch)
Trop de fatigue, de femmes, d’alcool, d’impôts à payer ?
Bref, malgré toute ma bonne volonté, je n’ai guère réussi à me passionner pour cette histoire centrée autour de Solomon Northup, un Noir américain qui a véritablement existé, juste avant que ne débute la guerre de Sécession, et qui, d’homme libre s’est retrouvé brusquement soumis à l’esclavage pendant douze ans.
Cherchons le(s) présumé(s) coupable(s).
On en dénombre deux.
D’abord, l’acteur principal, Chiwetel Ejiofor, plus habitué aux seconds rôles, ici en première ligne, qui fait ce qu’il peut. Minimaliste en diable corporellement, le bougre tente (et c’est louable de sa part) de s’exprimer par le regard. Mais entre yeux écarquillés signifiant sa terreur et attitude plus intériorisée, rien de bien transcendant à se mettre sous la dent et très vite, on se désintéresse de ce qui peut lui arriver dans cette mécanique trop bien huilée.
La faute en serait-elle imputable à une direction d’acteurs plus qu’approximative ? Pas certain, surtout que la plupart des seconds rôles, comme Michael Fassbender, sont impeccables et restent l’un des rares éléments positifs du film en plus du soin apporté à la reconstitution historique mais c’est la base, me direz-vous.
Autre responsable, le metteur-en-scène.
Autant «HUNGER» s’avérait fort de bout en bout et maîtrisé, autant «SHAME», inégal, montrait certaines limites de Steve McQueen comme cette volonté de dénonciation absolue du propos traité s’exerçant aux dépens d’une cohérence artistique sur la longueur.
C’est le cas présentement où nous alternons séquences «choc» (dont une de fouettage, âpre et sanglante) et moments introspectifs peu convaincants, comme si McQueen préférait asséner que suggérer.
Mais le véritable problème, suite au ratage du «MAJORDOME» de Lee Daniels, ne serait-il pas que les cinéastes noirs anglo-saxons actuels, trop revanchards, manquent de recul par rapport aux sujets touchant directement à leurs racines?
La question se pose.
LULU FEMME NUE
de Solveig Anspach (Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac)
Lulu, c’est Karin Viard. Mère de trois enfants elle décide, suite à un entretien d’embauche désastreux,de se barrer, comme ça, laissant en plan mari et progéniture. En chemin, elle va rencontrer Charles (Bouli Lanners), qui vivote au bord de l’océan avec ses frères. Une romance s’instaure entre ces deux êtres touchants, chacun à leur façon meurtris par les vicissitudes de la vie. Ca, c’est la première partie, très joliment racontée par l’Islandaise Solveig Anspach («QUEEN OF MONTREUIL»).
Mais Lulu reprendra la route et croisera Marthe (Claude Gensac, éternelle épouse de Louis de Funès), une vieille femme excentrique, elle aussi abimée par la vie. Il s’agit là de la seconde partie, plus faible que la précédente, malgré la sincérité des deux comédiennes.
Ensuite un épilogue viendra conclure ce «road-movie» sentimental à demi-réussi donc, mais somme toute recommandable.
MATCH RETOUR
de Peter Segal (Sylvester Stallone, Robert de Niro, Kim Basinger)
Sur le papier, cela laissait présager le pire. Un duo de comédiens un peu has been (dont l’un, Stallone, revenu en force en renouant avec ses personnages des années 80 tout en muscles qui lui assurèrent la célébrité et l’autre, De Niro, ayant renoncé depuis belle lurette à toute exigence professionnelle) dirigé par un réalisateur de comédies pas drôles («LA FAMILLE FOLDINGUE», «MAX LA MENACE») dans le monde de la boxe !
Car oui, mesdames, messieurs, nous assistons, ni plus ni moins, à la rencontre improbable mais légitime de Rocky Balboa et de Jake La Motta, mais version grabataire.
L’histoire ? Deux ex-champions du monde et rivaux n’ont jamais réussi à se départager. Retraités, ils vont devoir rendosser les gants une dernière fois pour savoir qui est le meilleur…
On craignait le pire et bien il est là et bien là : dialogues et situations débiles (Robert lançant des cailloux dans les vitres de Sylvester), présence inexplicable de Kim Basinger qui ne sert à rien (alors que bordel, on y a cru à son comeback face à Eminem dans «8 MILE»), sans oublier un ersatz d’Eddie Murphy insupportable (Kevin Hart).
Des couches n’auraient servi à rien, ça fuit trop de partout.
Le DVD de la semaine : «DARK STAR»
de John Carpenter chez CARLOTTA.
Que celles et ceux, certainement nombreux, qui n’auraient jamais vu le premier long-métrage de John Carpenter («CHRISTINE», «HALLOWEEN» etc…) se rassurent. Celui-ci devenu difficilement visible au cours des ans bénéficie aujourd’hui tout juste d’une belle édition double dvd chez CARLOTTA, disponible chez vos crémiers préférés.
Sur un premier disque, dans des copies restaurées, les deux versions du film, celle, rallongée par le producteur, sortie en salle à l’époque en 1974 (il faudra attendre 1980 chez nous) et la version d’origine d’une durée de 68mn.
Tourné en 16mm, ce film d’étudiants est symptomatique de son époque et de son mode de production car dans les «seventies» sur la côte californienne, l’entraide règne et les possibilités sont grandes lorsque l’on a du talent. Et c’est exactement le cas de Carpenter et de son scénariste, le formidable Dan O’Bannon, indissociable de l’aventure METAL HURLANT outre-atlantique.
L’équipage du vaisseau éclaireur «Dark Star» a pour mission de faire le tri entre les planètes stables et les planètes instables, n’hésitant pas pour ces dernières à les faire exploser à l’aide de bombes douées de parole…
Sur ce canevas absurde, le père du «PRINCE DES TENEBRES» en profite pour faire volontairement le contre-point hippie et totalement fauchée au «2001» de Kubrick. Les protagonistes principaux sont hirsutes, sales, presque bêtes et méchants surtout le sergent Pinback (O’Bannon), véritable bouffon du récit, le plus présent à l’écran.
Calquant des préoccupations et un traitement similaire des personnages qu’on trouve alors dans les comix de Vaughn Bodé, on ne saurait trop vous encourager de vous procurer derechef cette comédie inventive, foutraque, se terminant par une des séquences les plus surréalistes du genre.
En plus, vous bénéficierez sur une seconde galette d’un excellent documentaire de près de deux heures revenant sur la genèse du projet, via des interviews rarissimes et instructives de Carpenter et des survivants de cette épopée qui vous donneront furieusement envie de faire votre propre «DARK STAR».