ROGUE ONE : A STAR WARS STORY (3D)
de Gareth Edwards (Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn)
Antienne devenue classique, chaque décembre, depuis quinze ans pour le gros blockbuster de fin d’année :
« ‘Tain, t’as pas vu le dernier machin, bidule ou truc ?
Non ? Alors, j’te parle plus. »
Ceci n’est pas caricatural car oui, cette situation existe et l’auteur de ces lignes l’a expérimenté lorsqu’un de ses amis, à l’époque du « SEIGNEUR DES ANNEAUX », s’était fait méchamment rabroué au cours d’un réveillon du 31 par leurs hôtes qui les accueillaient dans une maison de campagne cossue.
Étrangement, par la suite, la cave des occupants s’est faite délestée de ses meilleures bouteilles.
Tout ça pour vous dire que l’on n’y peut rien.
Avant de poursuivre, que les choses soient claires, je ne ne suis pas un fanatique de « STAR WARS » même si découvrir « LE RETOUR DU JEDI » en salle en 1983 m’a marqué comme tant d’autres gamins et gamines de ma génération.
Évidemment, comme beaucoup, « L’EMPIRE CONTRE-ATTAQUE » reste la référence de la saga et son meilleur opus.
Après avoir subi le magnifique foutage de gueule « LE RÉVEIL DE LA FORCE » – malgré deux trois courts moments à peu près potable – voici que le premier spin-off (ici, un film tiré de l’univers et s’intercalant précisément entre les épisodes III et IV) débarque à grand frais dans nos multiplexes.
Étonnamment, le nombre de copies France est de 500, ce qui, pour un métrage de cette envergure, est assez peu, car, à titre de comparaison, un « HARRY POTTER » frôlait avec les 1000.
La crise, mon bon monsieur…
Bref, en attendant l’épisode VIII pour Noël 2017, confié à Rian Johnson – auteur d’un chef d’oeuvre absolu, « LOOPER » et qui peut nous rassurer après le plantage de J.J. Abrams – c’est le britannique Gareth Edwards qui a l’écrasante responsabilité de perpétuer l’univers créé par George Lucas.
L’Empire a mis au point une arme de destruction massive, l’Étoile Noire, capable d’anéantir une planète entière. Jyn Erso, la fille de l’ingénieur ayant bâti cette abomination, va tenter – au côté d’un groupe de rebelles – d’en voler les plans et de les donner à la résistance afin que celle-ci ait le moyen de contrecarrer Dark Vador et les siens…
On pouvait légitiment attendre d’Edwards – suite à son excellent « GODZILLA », où rarement le divin a été aussi bien incarné physiquement par une créature – une belle surprise.
Qu’en est-il ?
Avec une intrigue tenant sur le string de Megan Fox – le propre tout de même des « STAR WARS » et n’en déplaise aux thuriféraires d’un décryptage socio-politique de la série, analyse qui ne vaut pas tripette par ailleurs – ce « ROGUE ONE » tend plus vers le pathétique que vers l’acceptable, et n’est pas le film couvert de louanges professées par des confrères visiblement en mal de repères.
Pour le convenable : le soucis de magnifier l’espace et les paysages extraterrestres, ainsi que le soin d’orchestrer de furieuses batailles au sol ou dans les airs – tout cela est très réussi, claque et renoue avec la verve d’antan des eighties.
Mais le côté obscure de la Force l’emporte encore une fois et de loin.
Car si les pontes de Disney essaient clairement ici de rectifier le tir depuis « LE RÉVEIL (difficile) DE LA FORCE » – peut-être à cause de la déception des fans de la première heure, et tentant en ce sens de les reconquérir -, comme fréquemment, les intentions ne restent qu’au stade d’ébauche et certaines d’entre elles font peine à voir.
Outre les vannes, devenues monnaie courante, pas drôles d’un droïde ni fait ni à faire et tombant comme un cheveu sur la soupe, ce qui fout tout par terre est la psychologie avortée de la quasi totalité des personnages.
Cela est d’autant plus rageant que l’on retrouve du beau monde au casting.
Cependant, ni Mads Mikkelsen – toujours dans l’underplaying, au bord de la lassitude et se singeant lui même -, ni Ben Mendelsohn – admirable comédien révélé dans l’Hexagone par « ANIMAL KINGDOM » et également par l’impeccable « LES POINGS CONTRE LES MURS » – dans la défroque du méchant de service, le caractère le plus intéressant néanmoins de ce spin-off, ni Felicity Jones, héroïne au potentiel certain, mais sacrifiée et forçant son jeu tout comme Diego Luna ne parviennent à captiver pour de bonnes raisons.
La palme revenant à cette vieille baderne de Forest Whitaker qui est aussi mauvais que dans « BATTLEFIELD EARTH », c’est dire.
On passera sur la recréation de Peter Cushing en Grand Moff Tarkin, vaine, même s’il faut bien raccrocher les wagons.
Seules les ultimes minutes parviennent à provoquer le véritable émoi.
Pour cause de costume prétendu neuf mais en fait rapiécé, « STAR WARS » et son mite mangent encore la poussière.
LA JEUNE FILLE SANS MAINS
de Sébastien Laudenbach (Avec les voix de Jérémie Elkaïm, Anaïs Demoustier, Philippe Laudenbach)
En des temps difficiles, un meunier vend sa fille au Diable. Protégée par sa pureté, elle lui échappe mais est privée de ses mains. Cheminant loin de sa famille, elle rencontre la déesse de l’eau, un doux jardinier et le prince en son château. Un long périple vers la lumière…
Tirée d’un conte des Frères Grimm, voilà une nouvelle preuve éclatante de la vitalité et de l’excellence de l’animation cocorico.
Millésime 2016 qui restera dans l’Histoire du genre après « TOUT EN HAUT DU MONDE » de Rémi Chayé, « MA VIE DE COURGETTE » de Claude Barras ou encore « LA TORTUE ROUGE ».
Laudenbach en mélangeant peinture sur papier et dessins inachevés, avec un impressionnant travail sur le son, signe un bijou émouvant, à l’ambiance inquiétante, retrouvant avec bonheur ce réalisme poétique si cher à Prévert et René Clair.
Avant, il y avait « Pas de bras, pas de chocolat »
Désormais se rajoute « Pas de mains, mais tout de suite ».
Foncez-y !
PERSONAL SHOPPER
de Olivier Assayas (Kristen Stewart, Lard Eidinger, Sigrid Bouaziz)
Assayas a eu un parcours qui à lui seul résume tout ce que les chanceux, ayant commencé à faire ce métier appréciable qu’est le journalisme culturel à l’orée des années 80, ont pu avoir comme opportunité.
Dessinateur, graphiste, critique à MÉTAL HURLANT notamment, puis un passage aux CAHIERS DU CINÉMA et ROCK & FOLK, rapidement le démon de la mise en scène s’est emparé de lui.
Sa carrière est émaillée d’oeuvres intenses et bouleversantes comme « DÉSORDRE », « UNE NOUVELLE VIE », « IRMA VEP » et récemment « SILS MARIA », mais aussi de ratages tels « LES DESTINÉES SENTIMENTALES », « DEMONLOVER », « APRÈS MAI ».
« PERSONAL SHOPPER », présenté en compétition à Cannes en mai dernier, appartient à quel groupe ?
S’occupant de la garde-robe d’une célébrité, Maureen, une trentenaire américaine vient de perdre Lewis, son jumeau. Versée vers le spiritisme, elle attend que l’esprit de son défunt frère se manifeste. Commençant à recevoir de curieux textos sur son portable, son quotidien va basculer de plus en plus vers l’étrange…
Risible de A à Z, sans queue ni tête, grotesque, filmé aussi platement q’un vieil épisode du « COMMISSAIRE MOULIN » passé au ralenti, malgré Kristen Stewart, toujours aussi appétissante mais jamais convaincante, un doigt d’honneur majeur pour tout amoureux du fantastique.
L’affiche de la semaine : « SILENCE » de Martin Scorsese
Parce que pour une fois qu’un poster made in France d’une production étrangère (et pas de n’importe qui, de l’un des derniers maîtres en activité) propose une composition graphique exquise, et malgré la phrase d’accroche à la con d’un journal autrefois un tantinet respectable.