PASSENGERS (3D)
de Mortem Tyldum (Chris Pratt, Jennifer Lawrence, Laurence Fishburne)
Après la Chine, le Mexique et l’Espagne, la Scandinavie est le nouveau pourvoyeur de l’industrie cinématographique américaine.
En effet, comme les autres, attirés par les sirènes d’outre-Atlantique, nombre de réalisateurs nordiques n’hésitent plus à tenter l’aventure avec des fortunes diverses.
Citons l’islandais Baltasar Kormakur (« CONTREBANDE » et « 2 GUNS » avec Mark Wahlberg), le suédois Tomas Alfredson (« LA TAUPE »), l’incontournable danois Nicolas Winding Refn (« DRIVE », « ONLY GOD FORGIVE » et le navrant « NEON DEMON ») ou encore son compatriote Niels Arden Oplev (« DEAD MAN DOWN » avec Colin Farrell).
Suite au surfait « IMITATION GAME », à l’académisme béat, Morten Tydlum – auteur précédemment de thrillers corrects mais inaboutis en son pays d’origine, dont « HEADHUNTERS » d’après le génial Jo Nesbø – se lance dans la science-fiction.
Après l’inégal et un peu cul-cul la praline « PREMIER CONTACT » de Denis Villeneuve, avons-nous enfin, pour cette année, un film de SF digne de ce nom, bon sang de bonsoir ?
À bord de la station spatiale Avalon se dirigeant vers une nouvelle planète habitable, 5000 passagers dorment profondément en attendant d’arriver à destination. Consécutivement à la traversée d’un champs d’astéroïdes, Jim Preston, ingénieur, est tiré accidentellement de son sommeil, 90 ans avant le terminus du voyage. En cherchant une explication à la situation, il découvre Aurora, une jeune femme encore endormie. Se sentant irrésistiblement attiré, il hésite à la réveiller pour combler sa solitude. Pendant ce temps, le vaisseau commence à donner des signes annonciateurs d’un grave danger…
Pompant allègrement les classiques du genre, de « 2001 » à « SOLARIS » de Tarkovski, en passant par le superbe « SILENT RUNNING » de Douglas Trumbull, avec même un emprunt inutile à « SHINING » – Kubrick encore -, notre norvégien de service signe un drame dans l’espace
trop maladroit dans son écriture et n’ayant jamais les moyens de ses ambitions.
Si Jennifer Lawrence est toujours aussi magnétique malgré, ici, la psychologie de son personnage ébauchée à coup de truelle, il n’en est de même pour le caractère interprété par Chris Pratt – qui décidément n’arrive pas à passer de la comédie à un registre plus « sérieux », comme prisonnier de son image de coolitude extrême des « GARDIENS DE LA GALAXIE ».
Jamais on ne croit à ses errements philosophico-existentiels, et ce n’est pas la pseudo-relation avec l’androïde de bord, ficelle maintes fois déjà utilisée, comme reflet de sa propre humanité qui changera quelque chose.
Alors, ok, c’est soigné au niveau des décors et certaines courtes séquences ont un côté agréable, mais pas de quoi fouetter un chat neurasthénique.
Un long métrage qui mérite amplement son nom : passager.
On rajoutera : anecdotique.
YOUR NAME
de Makoto Shinkai (Avec les voix de Ryûnosuke Kamiki, Mone Kamishiraishi)
Lors du passage d’une comète, Mitsuha – adolescente coincée dans une famille traditionnelle et rêvant de quitter ses montagnes natales pour découvrir la vie trépidante de Tokyo – commence, dans ses rêves, à être littéralement propulsée dans la vie de Taki – un jeune lycéen vivant justement dans la capitale, occupé entre son petit boulot dans un restaurant italien et ses nombreux amis. L’expérience est si intense qu’elle croit vivre la réalité… Tout bascule lorsqu’elle réalise que Taki rêve également d’une vie dans les montagnes, entouré d’une famille traditionnelle, dans la peau d’une jeune fille, en l’occurrence elle ! Tous deux essaieront de trouver la clé de ce mystère…
Que celles et ceux qui ne connaitraient pas l’oeuvre de Makoto Shinkai s’en aillent sur le champs (euh, en fait non car il risque de ne pas rester grand monde pour lire cette chronique – déjà que le lectorat se fait rare mais toi, en cet instant, qui parcourt de tes yeux avides cette prose, tu peux être fière^^).
On a tendance à chercher un héritier à Miyazaki depuis que ce dernier a pris sa retraite et on compare Shinkai au maître/co-créateur des studios Ghibli.
Ceci est une énorme bêtise tant techniquement et thématiquement les deux sont différents.
Alors oui, la plupart des travaux de cet immense artiste qu’est le père Makoto ont peu, voire pas du tout, été distribués en France.
« 5 CENTIMÈTRE PAR SECONDE », « THE GARDEN OF WORDS » ou encore « CHILDREN WHO CHASE LOST VOICES » (sorti en dvd sous le titre « VOYAGE VERS AGARTHA ») sont des obligations pour tout amoureux du bel ouvrage visuel et sensoriel.
Là encore, même son de cloche : magnificence des sentiments amoureux – ce qui aurait ravi Breton et les surréalistes -, animation impeccable et immersive et j’en passe.
J’arrête là car si vous n’avez toujours pas compris à quel point c’est indispensable, c’est à désespérer d’avoir arrêter l’alcool.
Ne me le faites pas regretter…
LES TOPS/FLOPS 2016
Ce classement ne concerne que les oeuvres sorties dans les salles.
FLOPS 2016 :
10 – « L’ÂGE DE GLACE : LES LOIS DE L’UNIVERS » de Mike Thurmeier / « LE MONDE DE DORY » de Andrew Stanton et Angus MacLane
9 – « MAL DE PIERRES » de Nicole Garcia / « MÉDECIN DE CAMPAGNE » de Thomas Lilti / « NOCTURAMA » de Bertand Bonello
8 – « SUICIDE SQUAD » de David Ayers / « DEADPOOL » de Tim Miller / « CAPTAIN AMERICA : CIVIL WAR » des frères Russo / « DOCTOR STRANGE » de Scott Derrickson
7 – « INDEPENDANCE DAY : RESURGENCE » de Roland Emmerich / « S.O.S FANTÔMES » de Paul Feig
6 – « L’ÉCONOMIE DU COUPLE » de Joachim Lafosse / « LES CHEVALIERS BLANCS » de Joachim LAFOSSE
5 – « LE CLIENT » de Asghar Farhadi / « ANOMALISA » de Charlie Kaufman et Duke Johnson
4 – « LES VISITEURS – LA RÉVOLUTION » de Jean-Marie Poiré » / « LE FANTÔME DE CANTERVILLE » de Yann Samuell / « GAZ DE FRANCE » de Benoit Forgeard et 95 % des comédies françaises
Podium :
3 – « LE BON GROS GÉANT » de Steven Spielberg / « ROGUE ONE – A STAR WARS STORY » de Gareth Edwards / « GREEN ROOM » de Jeremy Saulnier
2 – « SIERANAVEDA » de Cristi Puìu / « THE NEON DEMON » de Nicolas Widing Refn
1 – « LES HUIT SALOPARDS » de Quentin Tarantino
TOPS 2016 :
10 – « SAINT AMOUR » de Benoît Delépine et Gustave Kervern
9 – « LES DÉLICES DE TOKYO » de Naomi Kawase
8 – « LE LIVRE DE LA JUNGLE » de Jon Favreau / « PEUR DE RIEN » de Danielle Arbid
7 – « LES SEPT MERCENAIRES » de Antoine Fuqua / « INSTINCT DE SURVIE – THE SHALLOWS » de Jaume Collet-Serra
6 – « MA VIE DE COURGETTE » de Claude Barras / « TOUT EN HAUT DU MONDE » de Rémi Chayé / « LA TORTUE ROUGE » de Michael Dudok de Wit / « YOUR NAME » de Makoto Shinkai
5 –« STEVE JOBS » de Danny Boyle / « TU NE TUERAS POINT » de Mel Gibson
4 – « THE STRANGERS » de Na Hong-jin / « THE WITCH » de Robert Eggers
Podium :
3 – « DON’T BREATHE – LA MAISON DES TÉNÈBRES » de Fede Alvarez / « ELLE » de Paul Verhoeven
2 – « MA LOUTE » de Bruno Dumont / « RESTER VERTICAL » de Alain Guiraudie
1 – « THE ASSASSIN » de Hou Hsiao-Hsien
On se retrouve le 4 janvier avec au moins un bijou, histoire de bien débuter 2017.