GOOD TIME (Compétition Officielle) (sortie prévue le 11 octobre)
de Ben et Joshua Safdie (Robert Pattinson, Jennifer Jason Leigh, Barkhad Abdi)
Depuis les Lumière, on en a vu quelques-uns de frangins devenant illustres dans le septième art.
Les Coen, les Farrelly, les Dardenne, les Larrieu, les Pang, les Taviani, les Quay et les Wachowski. Ces derniers avant que l’un d’eux ne se décide a changer de sexe pour certainement plus de confort a l’intérieur de son pantalon.
Puis, il y a le cas de Ben et Joshua Safdie.
Petits prodiges qui participent au renouveau du cinoche US indépendant, ils entretiennent une véritable histoire passionnelle avec le Festival de Cannes.
Leurs premières oeuvres sont toutes passées a la Quinzaine des Réalisateurs, que ce soit « THE PLEASURE OF BEING ROBBED » – jolie romance centrée autour d’une pickpocket -, ou bien, en 2009, le tragi-comique « LENNY AND THE KIDS », sur un père divorcé déambulant avec ses deux enfants.
Quelques courts et des documentaires plus tard, les voici sélectionnés dans la plus prestigieuse section de la croisette.
Connie, jeune frappe a un frère, Nick, handicapé mental. Tous deux résident chez leur grand-mère, a New-York, et veulent se sortir de leur quotidien misérable. Pour se faire, ils effectuent un braquage qui se terminent mal car Nick est arrêté par la police. Connie, s’étant échappé, décide alors de le libérer, soit en payant la caution, soit en le faisant s’évader…
Tout en conservant la sécheresse de ton qui les caractérise – et leurs autres spécificités, tel un réalisme poisseux – les Safdie convoquent, ici, tous les grands noms qui ont su magnifier La Grosse Pomme, d’Abel Ferrara (époque « BAD LIEUTENANT », sa meilleure) a Brian de Palma (« L’IMPASSE »), sans oublier, évidemment, John Cassavetes.
Baigné dans des tons ocres et orangés – voire rougeâtres – agrémenté d’une bande-son quasi hypnotique, ce thriller – au scénario classique mais solide – véritable plongée dans les bas-fonds, s’apparente, par moment, à un trip sous LSD.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce long métrage est plus humaniste qu’il n’y parait, car – malgré le versant désenchanté de leurs vies – les protagonistes s’accrochent à leurs idéaux et comptent sur leurs amis proches pour tenir le coup, même fugacement (le dealer d’acide, la petite black).
Soulignons la grande qualité du casting, avec un Robert Pattinson au dessus des autres, impressionnant et irradiant l’écran d’une présence à la fois méphitique et angélique.
On pourra noter cependant une petite baisse de rythme vers la fin.
Mais en résumé, voici une des plus belle déclaration d’amour que deux frérots puissent se faire l’un à l’autre.
Une récompense majeure espérée pour Safdie.
Suis-je bête, le palmarès, c’est dimanche…
BUSHWICK (Quinzaine des Réalisateurs) (sortie indéterminée)
de Jonathan Milott et Cary Murnion (Dave Bautista, Brittany Snow, Christian Navarro)
En sortant du métro pour aller chez sa grand-mère avec son petit-ami, Lucy se retrouve dans les rues de Buschwick, un quartier de Brooklyn, à feu et à sang. La raison ? Des milices privées et armées, qui ont pour projet de rendre le Texas indépendant, envahissent chaque ville de la côte Est, pour en faire leur base principale. Leur mot d’ordre : éliminer tout opposant à leur dessein. Lucy, en compagnie de Stupe, un vétéran, tente alors de survivre au chaos ambiant…
Auteur précédemment de l’excellent « COOTIES » – où un Elijah Wood affrontait des collégiens transformés en zombies violents suite à l’absorbtion de nuggets au poulet – le tandem Milott/Murnion revient présentement avec une jouissive série B, outrancière, qui défouraille, ouvertement politique et d’actualité, composée uniquement d’une suite de longs plan-séquences de toute beauté qui assimilent parfaitement la cinétique des jeux vidéo.
Tourné en quinze jours (un tour de force !), « BUSHWICK » est produit par NETFLIX, qui le sortira sur sa chaîne fin août.
On pourra dire ce que l’on veut, si ce studio n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Et ce n’est pas Scorsese ou Park-Chan Wook, pour leurs éventuels prochains films, qui risquent de s’en plaindre.
À bon entendeur…