BLACK PANTHER (3D)
de Ryan Coogler (Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong’o)
Les transpositions « MARVEL » sur grand écran se suivent et se ressemblent-elles, surtout depuis que la firme de la souris aux grandes oreilles a racheté tout ça ?
La question mérite d’être posée après le décevant « IRON MAN 3 », le pénible « THOR : LE MONDE DES TÉNÈBRES » ou encore « LES GARDIENS DE LA GALAXIE », amusant certes, mais vite oublié, avant un deuxième volet qui s’avérait boursouflé.
On passera sous silence « LES 4 FANTASTIQUES » ou « LES VENGEURS, L’ÈRE D’ULTRON » et même « DEADPOOL » qui finissait par correspondre à ce qu’il prétendait pasticher.
Le constat est terrible.
Chacun des titres mentionnés échouent à donner au fan la quintessence de ce que doit être une adaptation digne de ce nom : un produit surprenant dans le bons sens du terme, comprenant, assimilant et exposant clairement des enjeux universels, tout en travaillant les conventions du genre.
Ce qu’avait parfaitement réussi Matthew Vaughn avec « X-MEN : LE COMMENCEMENT » et, dans une moindre mesure, « CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER » des frères Russo.
Les connaisseurs vous le diront.
Dans l’univers ultra codifié des super-héros, il y en a peu qui vont réellement à contre-courant de la bienséance et du politiquement correct.
Parmi les classiques – que ce soit BATMAN ou SUPERMAN – si quelques écarts peuvent se trouver ici et là, ils sont rattrapés in extrémis par un happy end, plus ou moins évident, gommant leur précédent.
Du moins, sur grand écran.
Car il faut nécessairement distinguer les bd d’origine et les aventures cinématographiques qui en ont été faites.
Il y eut un personnage qui prit de l’importance au lendemain du succès de « SHAFT » – même s’il est apparu avant le fameux flic, réponse communautaire à l' »INSPECTEUR HARRY » – c’est celui de la Panthère Noire.
Sous le crayon de Billy Graham, formidable dessinateur des années 70 injustement méconnu et oublié, les afro-américains eurent enfin leur « héros » qui racontait leur histoire, celles des origines, et proposait une vision panthéiste délicieuse, emprunt de violence et de surréalisme du continent africain.
Puis arriva Luke Cage et une connotation politique plus marquée, mais ceci est une autre histoire.
Bref, au vu de la matière passionnante issue du matériel originel, une adaptation de ce perso – comme au grand temps de la Blaxploitation – pouvait laisser présager autre chose que ce que dont on nous avait abreuvé jusqu’à présent.
Et là, cher lecteur tremblant d’appréhension, la rituelle question vient naître sur tes lèvres : « Alors, alors ???? »
Calmez-vous.
D’abord, de quoi ça cause ?
Dans l’état du Wakanda, riche de vibranium – une substance issue d’une météorite qui s’est écrasée dans le pays – le roi T’Challa, héritier de son père assassiné, gouverne et protège son peuple de tout envahisseur potentiel grâce à son costume de Black Panther, lui conférant une agilité et une force surhumaine. Développant une technologie de pointe en matière militaire, le royaume devient bientôt la convoitise de dangereux criminels…
Ryan Coogler, auteur du surestimé « FRUITVALE STATION » et du sympathique « CREED » sur la descendance de Rocky Balboa retrouve son acteur fétiche, Michael B. Jordan, assez charismatique, cette fois dans le rôle du méchant.
Mais, contredisant l’adage d’Hitchcock sur les bad guys, pour cause d’écriture des caractères et de l’intrigue générale à coup de truelle, nous sommes malheureusement très très loin d’une réussite.
Si l’idée de mettre en avant les femmes est plus que louable – surtout par les temps qui courent – faut-il encore ne pas les ridiculiser.
Car, à l’instar d’un « WONDER WOMAN » – qui est tout sauf un film féministe – ces demoiselles en tenues moulantes suggestives ou courtes vêtues ne servent, hélas, que de faire-valoir comique navrant (la soeur geek du protagoniste principale) ou, au mieux, s’extirpent maladroitement des préjugés en vigueur, face à des hommes trop fades pour que cela ait un réel impact.
Chadwick Boseman – qui fût un honorable James Brown dans « GET ON UP »- est inconsistant ici sous la défroque de la Panthère, et semble absent des débats.
Le reste de la distribution – ce cabotin insupportable qu’est devenu Forest Whitaker et la pourtant digne Angela Basset – patine dans la semoule, les enjeux sont dignes d’une discussion de PMU et les effets spéciaux, trop bas de gamme, pour ce type de produit.
Une sacrée Bérézina, mais un bien bel hommage à notre défunt Johnny, car là, « il n’y a plus d’espoir »…
PHANTOM THREAD
de Paul Thomas Anderson (Vicky Krieps, Daniel Day-Lewis, Lesley Manville)
Londres dans les fifties. Reynolds Woodcock, accompagné de sa soeur Cyril, règne sur le monde de la mode anglaise. Passant son temps à dessiner des croquis et imaginer de nouvelles robes, il habille aussi bien les aristocrates que les stars des salles obscures. Lors d’un rapide passage à vide, ce célibataire endurci va rencontrer Alma, une serveuse dans un restaurant de campagne. Dès lors, notre couturier verra son quotidien changer et lui avec…
Paul Thomas est un metteur en scène solennel.
Parfois trop, confère son « THE MASTER », plombé par trop de grandiloquence inutile.
Mais le plus souvent, cette solennité fait cependant mouche et émerveille, comme dans « THERE WILL BE BLOOD » avec déjà Daniel Day-Lewis.
Ce même Day-Lewis qui a annoncé après ce « PHANTOM THREAD » prendre sa retraite de comédien.
D’autres, à l’instar de Anthony Hopkins et même Joaquim Phenix, sont revenus sur leur parole, et n’aurait pas dû par ailleurs, n’est-ce pas Sir Anthony ?
Mais concernant l’admirable Daniel, qui toujours su choisir ses rôles avec discernement – de « MY BEAUTIFUL LAUNDRETTE » à l’excellent « DERNIER DES MOHICANS » de Mann, en passant par « THE BOXER » et même si l’on compte l’inégal « GANGS OF NEW-YORK » de Scorsese – on peut lui faire confiance.
Le bonhomme sait ce qu’il fait.
Dans ce bouleversant drame, composé comme une succession de tableaux de maîtres flamands, et payant son tribut au duo Michael Powell/Emeric Pressburger, l’émotion nait à chaque instant.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas observé sur l’écran une telle osmose – ténue puis grandissante – entre deux êtres de sexe opposé.
Alma (stupéfiante Vicky Krieps), tout en dévotion et prête au sacrifice ultime pour son amour et lui, perturbé mais heureux de l’être, comme une renaissance dans son existence bornée.
Ces rapports viciés entre eux aboutiront à un dénouement laissant le spectateur ébahi devant autant de perversion, mais également conquis par cette romance d’une beauté confondante.
Si l’envie vous prend, au cours de la séance, de regarder votre montre ou votre portable (qui doit être éteint) – alors sachez que n’importe quel châtiment corporel, aussi sadique soit-il, serait une punition bien trop douce pour vous.
LE RETOUR DU HÉROS
de Laurent Tirard (Jean Dujardin, Mélanie Laurent, Noémie Merlant)
Ce croisement lointain entre « LES MARIÉS DE L’AN 2 » et « LE RETOUR DE MARTIN GUERRE » est, somme toute, agréable.
C’est déjà bien suffisant.
L’affiche de la semaine : «INCREDIBLES 2 » de Brad Bird
Sortira chez nous le 4 juillet.
Forcément hâte.
One comment on "Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N°126"
Phantom Thread, pour moi un joli raté convenu, très ennuyeux. Scénario paresseux. Quel dommage.