CLIMAX
de Gaspar Noé (Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub)
Anarchiste à sa manière, Gaspar Noé adore provoquer et diviser.
Beaucoup pense que c’est purement gratuit, d’autres que c’est de l’esbroufe, de la branlette faisant l’apologie du vide, une frange, enfin, y voit un grand metteur en scène.
Pour ma part, il y a un peu de tout ça.
« SEUL CONTRE TOUS » a marqué son temps, à juste titre.
« IRREVERSIBLE » est surcoté.
« ENTER THE VOID » pêche par excès d’ambition malgré des fulgurances.
« LOVE » est inutilement compliqué mais recèle de jolis moments.
Et pourtant, n’étant pas un défenseur hardcore du bonhomme, j’étais bien curieux de découvrir ce « CLIMAX », où juste une affiche teaser avait filtré et dont le montage final, dixit Noé, a été terminé quasiment la veille de la présentation cannoise.
Isolée dans une école désaffectée, une troupe de danseurs passe un séjour de trois jours de répétition. À la fin, un pot de départ est organisé et là, tout part en vrille…
Autant vous le dire direct, nous sommes en face du projet le plus abouti et réussi de son auteur.
Passée l’ouverture – alambiquée forcément et annonciatrice de ce à quoi le spectateur va être soumis (la pile de cassette vidéo du début), on assiste à un magnifique ballet de corps hypnotiques à souhait, nous laissant dans un état de transe qui sera presque ininterrompu jusqu’au bout.
Puis une tension hallucinante monte progressivement et aboutira à une hystérie collective, qui est un souhait de Gaspar, appuyant un discours simple mais pas simpliste, comme l’indique la tagline principale exposée :
« Naître et mourir sont des expériences extraordinaires. Vivre est un plaisir fugitif »
Les comédiens, impériaux – outre Sofia Boutella (« LA MOMIE », « ATOMIC BLONDE ») – sexy et bandulatoire en diable – sont non professionnels mais tous experts en danse urbaine.
Plans séquences de malade, photographie chiadée – grâce au génial Benoît Debie -, jeu de massacre jubilatoire – une réplique à devenir culte, « Tito grillé » – uppercut en pleine face, peuplé de discours crus reflétant une réalité souvent trop amoindrie et hélas banalisée, y allant à fond mais toujours exécuté et maîtrisé, hargneux, inspiré d’un fait divers réel, « CLIMAX » ne laisse pas indemne.
Difficile de retranscrire par l’écrit une telle expérience visuelle et sensorielle.
Un des films de l’année.
Déjà un classique.
Vous verrez.
Oui, forcément, vous verrez…
LA NONNE
de Corin Hardy (Taissa Farmiga, Demian Bichir, Jonas Bloquet)
Personnage phare du cinoche populaire, décliné à toutes les sauces surtout dans les années 70 et qui a son courant « la Nunsploitation », la bonne soeur a toujours été source de fantasme.
BD (Maëster, Pichard, Manara), Littérature (Diderot, Sade) et 7ème art, évidemment.
Si l’on excepte les USA – L’ANGE DE LA VENGEANCE de ce cinglé de Ferrara et quelques autres dont un superbe Sirk (TEMPËTE SUR LA COLLINE) et l’Angleterre – LES DIABLES de Ken Russell, en la matière, deux pays surtout se sont livré à une sorte de surenchère.
L’Italie, avec une flopée de séries B dont parmi les réussites du genre : « FLAVIA LA DÉFROQUÉE » de Gianfranco Mingozzi, « LA RELIGIEUSE DE MONZA » de Eriprando Visconti ou encore
« THE SINFUL NUNS OF SAINT VALENTINE » de Sergio Grieco.
Le Japon via « LE COUVENT DE LA BÊTE SACRÉE », délire graphique signé Norifumi Suzuki ou encore « CLOISTERED NUN : RUNA’S CONFESSION » du spécialiste bondage Masaru Konuma.
Véritable carton outre-Atlantique, voici que déboule dans nos salles le dernier rejeton made in USA.
Après le suicide d’une jeune nonne dans une abbaye romaine, le Vatican envoie enquêter sur place un prêtre spécialiste du surnaturel et une novice. Là, accompagnés d’un autochtone du coin, ils vont affronter une puissante force maléfique…
Venant du clip (oeuvrant pour The Prodigy notamment), Corin Hardy s’est fait connaître avec « LE SANCTUAIRE », long métrage déjà fantastique, intéressant mais inégal sur une famille habitant une forêt peuplée d’esprits.
Ici, bénéficiant de plus de budget, avec ce spin-off de l’univers « INSIDIOUS », il échoue cependant à convaincre sur un sujet maintes fois rabattu.
Tout en payant son écho à d’illustres prédécesseurs comme « EVIL DEAD » ou l’habituel « L’EXORCISTE », il ne parvient à aucun moment à faire frémir les foules, plus enclin, hélas, à s’appesantir sur le démonstratif que sur le psychologique.
Certes, les maquillages du « monstre » en question sont plutôt convaincants mais il n’arrive pas à les mettre au service d’une peur que l’on aimerait bien approcher, mais qui s’avère inexistante.
De plus, les dialogues foireux débités par des acteurs peu concernés n’arrangent rien.
C’est raté et finalement anecdotique.
Nonne d’un chien !
CARNAGE CHEZ LES PUPPETS
de Brian Henson (Melissa McCarthy, Elizabeth Banks, Maya Rudolph)
Soit un humain, Melissa McCarthy – qui a besoin de se racheter après l’abominable version féminine de « S.O.S FANTÔMES ».
Soit une marionnette se la jouant Bogart.
Tous deux sont flics et doivent protéger les protagonistes d’une sitcom pour puppets, tous assassinés les uns après les autres.
Soit des situations hilarantes, subversives à souhait – vous pourrez admirer probablement le plus joli jet de sperme de l’Histoire.
Soit un rejeton d’une légende qui assure.
Soit des clins d’oeil au grand film noir hollywoodien et au génial « MEET THE FEEBLES » de Peter Jackson.
Bref, un pur moment de déconnade et régénérateur par les temps qui courent.
L’affiche de la semaine : « VENOM » de Ruben Fleischer
Parce qu’après celui de « SPIDER-MAN : HOMECOMING », les super-héros Marvel rivalisent désormais de visuels plus moches les uns que les autres.