FOXCATCHER (Compétition officielle) (sortie prévue le 21 janvier 2015)
de Bennett Miller (Channing Tatum, Steve Carell, Mark Ruffalo)
Bennett Miller est un cinéaste à part dans le paysage américain actuel. Un de ces cas qui, de projet en projet, surprend. Dans « TRUMAN CAPOTE », sans doute son film le moins réussi malgré la prestation de feu Philip Seymour Hoffman, il versait dans le biopic intimiste. Avec « LE STRATÈGE », où Brad Pitt trouvait là un de ses meilleurs rôles, il arrivait à passionner sur les transferts du base-ball. Voici qu’avec « FOXCATCHER », il aborde la relation entre un milliardaire et deux frères champions de lutte.
Mark Schultz (Tatum), médaillé d’or olympique de lutte, est invité par le richissime John du Pont (Carell). Ce dernier a entrepris d’installer dans la vaste maison familiale un camp d’entraînement high-tech en vue de remporter les jeux de Séoul de 1988. Mark, supportant mal de vivre dans l’ombre de son aîné Dave (Ruffalo), également titré et coach, accepte de suivre du Pont dans son projet…
Tiré d’une histoire vraie, ce drame est un éblouissement à plus d’un titre.
D’abord, l’acuité d’un scénario bien plus subtil qu’il n’y paraît où, par le biais de ce personnage central opulent, héritier d’une lignée ayant fait fortune au fil du XIXème siècle, nous est livré un terrible constat d’échec de toutes ces puissantes familles engoncées dans leurs carcans moraux, symboles de traditions séculaires, empêchant tout épanouissement individuel.
Ensuite, l’interprétation générale où survole surtout celle de Steve Carell, complètement à contre-emploi, pathétique. Il faut le voir, légèrement grimé, incarner ce malheureux nabab en quête d’une reconnaissance perpétuelle de sa mère et de ses pairs, bouger, évoluer dans l’écran, prononcer ses phrase avec tact, douceur et parfois fermeté tel un aigle aux aguets, solitaire et triste.
Enfin, la mise en scène, s’avérant, sous des faux airs de solennité, au contraire redoutable d’efficacité, en harmonie avec le discours tenu.
Certains ne manqueront pas (ce qui est déjà le cas) de souligner un sous-texte homosexuel aux relations unissant les trois protagonistes principaux, mais ils se trompent et sont manifestement passés à côté d’une oeuvre brillante.
Ne faites donc pas comme eux lorsque cela sortira.
MOMMY (Compétition officielle) (sortie prévue le 8 octobre)
de Xavier Dolan (Anne Dorval, Antoine-Oliver Pilon, Suzanne Clément)
Va-t-il l’avoir ? Va-t-il battre le record tenu par Soderbergh, à savoir devenir le plus jeune détenteur de la Palme d’Or ?
Depuis ses débuts, Xavier Dolan fait office de prodige et on lui pardonne beaucoup.
Mais pas l’auteur de ces lignes.
Hormis des débuts prometteurs avec « J’AI TUÉ MA MÈRE », le p’tit québécois s’est ensuite livré à une avalanche visuelle d’assez mauvais goût très référencée mais vaine avec d’une part « LES AMOURS IMAGINAIRES » puis « LAURENCE ANYWAYS ». Récemment, nous avons eu droit à « TOM À LA FERME » un thriller intéressant mais vaniteux.
Maintenant « MOMMY ».
Diane « Die » Despres hérite de la garde de son fils Steve (Pilon), un ado souffrant de troubles de déficit de l’attention avec hyperactivité. La rencontre avec Kyla, la voisine, va améliorer leur quotidien…
Braillard inutilement, acteurs en faisant des tonnes, surtout le juvénile Antoine-Olivier Pilon, mal dirigé, mélange de Macaulay Culkin (« MAMAN, J’AI RATÉ L’AVION ») et de Benoît Magimel du pauvre, insupportable tête à claques, scénario aux grosses ficelles afin de provoquer à tout prix l’empathie, maladroit.
Sauvons néanmoins de cet attrape nigaud une bonne idée de mise en scène (un changement de cadre) et une jolie séquence de karaoké.
Pourvu que le jury ne tombe pas dans le panneau.
La minorité vient de s’exprimer.
Ugh !
IT FOLLOWS (Semaine de la Critique) (sortie indéterminée)
de David Robert Mitchell (Maika Monroe, Daniel Zovatto, Keir Gilchrist)
Combien parmi vous ont eu la chance de pouvoir visionner « THE MYTH OF THE AMERICAN SLEEPOVER », sublime chronique adolescente sur ces fameuses soirées-pyjama ?
Sans doute pas beaucoup.
Ne vous tracassez pas, il sort en dvd le mois prochain.
Pourquoi je vous en touche deux mots ?
Simplement parce que le responsable de ce bijou, David Robert Mitchell, vient juste de nous étourdir avec son second long « IT FOLLOWS ».
Jay a 19 ans. Et comme beaucoup de jeunes filles de son âge, l’arrivée de l’automne rime avec école, garçons et fêtes au bord du lac le week-end. Seulement, à la suite d’un rapport sexuel, elle se confronte à d’étranges visions représentant quelqu’un ou plutôt quelque chose qui va la suivre inlassablement…
Ce teen-movie fantastique aurait pu n’en être qu’un énième mais c’était sans compter tout le talent et l’intelligence de Robert Mitchell qui, via le parcours de son héroïne (la ravissante Maika Monroe, aperçue il y a peu dans « UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY »), effraie son monde comme personne grâce à un parfait dosage entre intime et spectaculaire. On en peut s’empêcher de penser aux MST et la résolution ou non-résolution, c’est selon, de l’intrigue, laisse songeur.
Mais dans ce cas précis, c’est une qualité de plus à ajouter à une production diablement réjouissante.
Demain nos pronostics.