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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 19

ALLELUIA (Quinzaine des Réalisateurs) (sortie indéterminée)

de Fabrice du Welz (Laurent Lucas, Lola Dueñas, Héléna Noguerra)

 

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Défrayant la chronique aux Etats-Unis entre 1947 et 1949, Raymond Fernandez et Martha Beck, amants se faisant passer pour frère et soeur, coupables d’avoir au moins tué 20 femmes, devinrent bien vite des icones au même titre, dans un registre moins sanglant mais tout aussi percutant, que Bonnie Parker et Clyde Barrow.
Il faudra cependant attendre près de 20 ans pour que le cinéma s’empare officiellement de ce fait divers avec le célèbre film de Léonard Kastle « LES TUEURS DE LA LUNE DE MIEL » en 1970.
Après quelques autres versions plus ou moins notables dont celle, superbe, d’Arturo Ripstein, c’est au tour maintenant de Fabrice du Welz de proposer sa lecture de l’affaire.
Gloria, infirmière dans un hopital, fait la rencontre de Michel suite à une petite annonce. Coup de foudre instantané. Ils décident de prendre la route ensemble et d’arnaquer leur prochain. Mais leur amour absolu débouchera sur une passion meurtrière…
Dès la très courte séquence de pré-générique, on sait que nous sommes chez Du Welz, souvent décrié pour la violence inhérente à ses oeuvres.
Que ce soit avec le fort et poisseux « CALVAIRE » ou le tripant « VINYAN », il ne laisse point insensible à son univers, mélange de noirceur et de poésie toute personnelle, typique de certains auteurs venant du Plat Pays.
Notre ami belge, ici, se démarque des adaptations existantes assez fidèles concernant Fernandez et Beck en réalisant une oeuvre sans concession, foutraque, grotesque, anarchiste, surréaliste, aux développements narratifs inaboutis (la relation unissant le couple assassin ne tient pas toutes ses promesses, faiblissant en cours de route) mais sincère.
On prend plaisir à retrouver Laurent Lucas, sous-utilisé généralement ou bien toujours pour les mêmes emplois troubles, donnant là une certaine fragilité et ironie à son personnage (il faut l’entendre parler de chaussures des clients d’un restaurant) et l’ibère Lola Dueñas (« VOLVER »), echappée un temps de chez Pedro Almodovar, en jalouse possessive et tueuse.
Moins matrisée formellement que ses précédents opus, Fabrice Du Welz signe une curiosité forte intéressante mais un peu décevante sur la durée.

 

 

THE TRIBE (Semaine de la Critique) (sortie prévue le 1er octobre)

de Myroslav Slaboshpytskiy (Grigoriy Fesenko, Yana Novikova, Rosa Bably)

 

THE TRIBE

Tourner un premier long-métrage de 2H10 uniquement en langage des signes, sans sous-titres, sans voix-off et sans aucune musique, telle fût la gageure de l’ukrainien Mryloslav Slaboshpytskiy avec «THE TRIBE», présenté, en mai, à la Semaine de la Critique cannoise et récipendiaire du Grand Prix.
Sergey est sourd-muet. Atterrissant dans un internant spécialisé, il subit tout un parcours intiatique de la part d’une bande d’élèves qui fait la loi avec l’aide complice de certains professeurs. Entre trafic et prostitutions, le jeune arrivant va gravir les échelons et tomber amoureux d’une de ses camarades, Anna, qui vend son corps, afin de pouvoir quitter un jour cet endroit et changer de vie…
Avec une utilisation éblouissante de l’espace traduite par de longs plans-séquences quasi hypnotiques (une vingtaine), le dénommé Slaboshpytskiy surprend son monde avec un brio que pourraient lui envier nombre de cinéastes confirmés.
Bien plus politique que social, ce drame se déroule, certes, dans un institut pour personnes atteintes de surdité et de mutité, mais les problèmes évoqués, comme les atteintes à l’intégrité physique ou les viols, existent ailleurs, et sont, hélas, universels.
Soulignons l’ensemble épatant du casting composé de non-professionnels, tous sourds, dont le recrutement s’est effectué sur une année entière. S’exprimant uniquement avec leur corps et mains, une intensité se dégage, immédiatement, de chaque situation les opposant et décuplée par cette abscence presque totale de sons.
Seuls des objets qui bougent, des portes qui se ferment, un vomissement, se font entendre, mais uniquement par le spectateur, renforçant ainsi la puissance des actions (voir à cet effet un avortement au limite de l’insoutenable et le final, tétanisant).
Seul petit bémol : une ou deux scènes qui durent, pas nécessaires, où l’on sent que le réalisateur a voulu trop bien faire, et ce, au détriment de l’équilibre scénaristique.
Il n’empêche, «THE TRIBE» marque les débuts ultra-prometteurs d’un talent qui, on l’espère, confirmera par la suite.

 

 

THE GUEST (Marché du Film) (sortie indéterminée)

de Adam Wingard (Dan Stevens, Maika Monroe, Ethan Embry)

 

GUEST

Monteur, scénariste, directeur de la photo et réalisateur, Adam Wingard est capable du meilleur (« A HORRIBLE WAY TO DIE », présenté en 2011, lors du respectable et respecté Mauvais Genre, le festival international de cinéma de Tours) comme du pire (« YOU’RE NEXT », home-invasion  – un genre où des personnes malintentionnées essaient de s’introduire chez d’autres – raté et risible).
Alors « THE GUEST », présenté à Sundance en janvier dernier, qu’est-ce que cela vaut ?
David, un soldat, vétéran de la guerre d’Irak, se rend chez la famille Peterson et prétend être un ami de leur fils décédé au combat. Tombant sous son charme, les parents lui demandent de demeurer chez eux quelque temps afin qu’il leur parle de leur enfant. Anna, la fille ainée du couple, nourrit bientôt des soupçons à l’égard de ce nouvel arrivant…
Avec un véritable travail esthétique mêlant couleurs chaudes et chatoyance, Wingard nous offre un pur régal de série B convoquant aussi bien le Walter Hill des années 80 tel « EXTREME PREJUDICE » que « DRIVE » de Nicolas Winding Refn pour le look du mystérieux « héros » et une ambiance « vintage » résolumment post-moderne.
Rythmé, bourré d’humour, rempli de clins d’oeil cocasses, voici un divertissement efficace et éminemment sympahtique.
Bonne pioche, cette fois, Adam.

 

On revient à un rythme normal, mercredi prochain, avec Tom Cruise, Robert Pattinson et dvd.

 

 

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