DALLAS BUYERS CLUB
de Jean-Marc Vallée (Matthew McConaughey, Jared Leto, Jennifer Garner)
Dès les premières images, on sait qu’on ne va pas beaucoup rigoler.
Cadrage serré, acouphènes, respiration lourde, une arène, un taureau, des cow-boys puis l’apparition de Ron Woodroof, notre «héros» malheureux ayant réellement existé, fan de rodéo, stestson vissé sur la tête, brûlant la vie par tous les bouts et n’obéissant qu’à une sainte trinité : sexe, drogue, alcool. L’enfer va lui tomber dessus lorsqu’il est diagnostiqué séropositif avec seulement trente jours encore à vivre. Nous sommes en 1986, à Dallas, et l’épidémie, nouvelle, fait des ravages.
Face à l’inefficacité de l’AZT (seul médicament antirétroviral autorisé alors sur le sol américain), notre Texan décide de recourir à des traitements alternatifs non officiels et d’en faire un business en les proposant à d’autres malades soucieux comme lui de guérir. Avec l’aide d’un sidéen transgenre, Rayon, il fonde le «DALLAS BUYERS CLUB» qui permit à de nombreux patients américains atteints du V.I.H de se fournir en médicaments étrangers. Mais le succès grandissant de l’entreprise provoqua rapidement l’ire des compagnies pharmaceutiques qui feront tout pour y mettre un terme…
Un biopic de plus calibré Oscars me direz-vous ? Eh bien non, mon bon monsieur. Car si les acteurs principaux, Matthew McConaughey (dont les imbéciles crient au génie depuis «KILLER JOE» et «MUD» alors qu’il y a vingt ans il était déjà formidable dans «MASSACRE A LA TRONCONNEUSE, LA NOUVELLE GENERATION» de Kim Henkel) et Jared Leto sont époustouflant et d’un naturel inouï, il faut également apprécier les subtilités d’un scénario plus ambigu qu’il n’y paraît, évitant tout manichéisme.
Au contraire d’une ode funèbre, c’est un hymne à la vie que Jean-Marc Vallée nous assène avec ce drame bouleversant complétement C.R.A.Z.Y.
THE RYAN INITIATIVE
de Kenneth Branagh (Chris Pine, Keira Knightley, Kevin Costner)
Le romancier Tom Clancy nous a quittés en octobre dernier. Le papa de Jack Ryan, l’agent de la C.I.A qui sauva les héritiers de la Couronne d’Angleterre, a bien fait lorsque l’on voit le niveau proposé par ce «reboot» de son personnage déjà parfaitement interprété par Harrison Ford et Alec Baldwin (laissons cette fois de côté Ben Affleck).
Franchement ne vous attendez à rien dans cette genèse de Ryan campé par Chris Pine (impayable Capitaine Kirk, on ne le dira jamais assez).
Ca commence avec notre jeune éphèbe allongé sur un banc de l’université qui, suite à un mouvement de foule de ses camarades, vient aux nouvelles. Là, stupeur, comme tant d’autres, il découvre sur un poste de télévision les attentats du 11 septembre. Plan suivant, le voici engagé dans les marines, à bord d’un hélico, chassant le terroriste en Afghanistan.
Durée totale pour le moment : 2mn !
Alors ok, nous ne sommes pas obligés de passer trois plombes sur les motivations du champion de service mais le problème c’est que pendant l’heure et demi suivante on se coltine ses états d’âmes, ses problèmes de couple avec Keira Knightley dont on se contrefout, son enrôlement en tant qu’analyste par ce cabotin de Kevin Costner cachetonnant, sa lutte avec le méchant de service – un Russe – campé par un Kenneth Branagh décidément aux fraises après son «THOR» de triste mémoire, d’autant qu’il nous gratifie ici d’une réalisation approximative.
Bref, un thriller I-N-U-T-I-L-E et d’une platitude à donner des allures d’Himalaya à n’importe quel relief belge.
BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN
de Joss Whedon (Amy Acker, Alexis Denisof, Clark Gregg)
Datant de 1600, cette pièce de Shakespeare a connu maintes adaptations pour le petit et grand écran dont la plus fameuse reste celle de Branagh (oui, le même huluberlu mentionné ci-dessus).
Là, c’est Joss Whedon au CV long comme mon bras (je suis très grand) (scénariste – «TOY STORY», «ALIEN LA RESURRECTION» de Jean-Pierre Jeunet, l’excellentissime «LA CABANE DANS LES BOIS», réalisateur – BUFFY CONTRE LES VAMPIRES, FIREFLY, «LES VENGEURS», musicien) qui s’y colle et en noir et blanc s’il vous plaît !
Pour l’histoire en détail, relisez donc le génial William mais il s’agit, en gros, de la romance entre deux couples, d’un côté Claudio/Hero – les plus jeunes – et de l’autre Bénédict/Béatrice- plus âgés.
Whedon choisit lui de s’appesantir plus sur les seconds, les «anciens», de par les numéros d’acteurs et leur place dans sa version du récit. Bénéficiant d’une véritable ambiance, alternant moments rigolos et monologues parfois fatigants, la curiosité de la semaine.
Les DVD de la semaine : les «WESTERN DE LEGENDE» chez SIDONIS-CALISTA
Cette semaine, pas un mais plusieurs dvd, en vérité trois, joyaux inédits et méconnus du western par SIDONIS-CALISTA, un éditeur qui continue sa politique salvatrice d’exhumation du catalogue «UNIVERSAL» des années 50 en ne nous prenant pas pour des buses via un travail de restauration soigné contrairement à d’autres dont, charitablement, on taira le nom.
«LA JOURNEE DES VIOLENTS» (1958) de Harry Keller où Fred McMurray campant un juge venant de condamner à la pendaison un bandit coupable de meurtre, voit débarquer dans sa ville, les frères et cousins de ce dernier. Fort sympathique.
«QUATRE TUEURS ET UNE FILLE» de Richard Carlson est un chef-d’oeuvre et je pèse mes mots. Datant de 1954, celui-ci narre la rencontre de Ray Cully (Rory Calhoun), un chef de pilleurs de banques et de Lolly (Colleen Miller), la fille d’une ancienne gâchette de l’Ouest. Carlson, ancien acteur (le docteur dont «L’ETRANGE CREATURE DU LAC NOIR» kidnappe sa fiancée, c’est lui) passe avec succès derrière la caméra en signant cette série B d’un érotisme torride, osé pour l’époque à l’instar de cette séquence nocturne sous une pluie battante où Colleen Miller, pourchassée par un Rory Calhoun ivre de désir, sa chemise collée à la peau, moulant ainsi sa charmante poitrine, se réfugie dans une écurie où elle tentera de faire face à cette bestialité toute masculine. Photographiée par l’immense chef-opérateur Russell Metty, («SPARTACUS» de Kubrick, «LA SOIF DU MAL» d’Orson Welles), une oeuvre sidérante de tension sexuelle.
Autre film mettant une demoiselle en butte aux mâles de tout poil, le bien nommé «LA PROIE DES HOMMES» (1956) de John Sherwood avec la sublime Yvonne de Carlo et encore Rory Calhoun, l’un des piliers du studio. Ici, dans un cadre historique précis, 1842, alors que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se disputent l’Oregon, une légende veut que chaque homme de cet état puisse prendre de force n’importe quelle femme du moment que celle-ci ne soit pas mariée (!). Un excellent tireur, Tex Kirby (Calhoun évidemment), sous couvert de venger son frère injustement lynché, va bousculer la donne. Entouré d’inoubliables gueules du genre comme Neville Brand et Robert Wilke, le duo Rory Calhoun/Yvonne de Carlo fait des merveilles et nous avons même droit à certains moments de terreur (la scène de la tentative de viol par exemple) qui ne sont pas sans rappeler ceux que l’on pouvait trouver chez la HAMMER. Cela n’a rien d’étonnant lorsque l’on sait que le metteur-en-scène John Sherwood, ancien assistant de Max Ophüls et d’Anthony Mann, nous donna par la suite, «LA CREATURE EST PARMI NOUS» et surtout «THE MONOLITH MONSTERS».
En définitive, que du très bon.