INTERSTELLAR
Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 33

INTERSTELLAR

de Christopher Nolan (Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain)

 

Interstellar 5

N-O-L-A-N.
Cinq lettres que tout bon fan de blockbusters de qualité supérieure a appris à apprécier avec le temps.
Du moins, pour ma part, jusqu’à ce foirage total qu’est « THE DARK KNIGHT RISES ».
Autant vous dire que, refroidi, je ne faisais pas partie des nombreux thuriféraires attendant, comme le messie, son dernier-né, « INTERSTELLAR ».
Dans un futur proche, la sécheresse et la famine sévissent, de façon dramatique, sur Terre, conduisant progressivement à l’extinction de la race humaine. Cooper (McConaughey), un ancien pilote de la NASA, devenu agriculteur pour nourrir sa famille, est recruté par des savants pour faire partie d’un groupe d’explorateurs, envoyé aux confins de l’univers, à la recherche d’un refuge pour l’Humanité. Un trou de ver (une faille spatio-temporelle), découvert par les scientifiques, doit leur permettre d’accélérer ce long voyage…
S’adjoignant les services de l’astrophysicien Kip Throne, éminent spécialiste et ayant compulsé avidement les travaux de Carl Sagan, sommité disparue, inventeur d’un programme de recherche d’intelligence extraterrestre, Christopher Nolan se tente un hommage aux productions de science-fiction qui ont bercé son enfance, « 2001 » en tête.
Difficile, en effet, de par le trip métaphysique auquel s’essaie le metteur en scène du « PRESTIGE », de ne pas penser, même fugacement, au monument de Kubrick.
Seulement, dans un cas, nous avons un « classique », dans l’autre, un joli ratage.
En étant incapable, pendant les 2/3 (2h !) du métrage, de susciter la moindre émotion suite aux drames que traversent les différents protagonistes et impuissant à les rendre empathiques comme s’il s’en désintéressait totalement, ce cher Christopher offre une parfaite illustration de l’ennui, parsemée ça et là de sentences plombantes sur le sens de la vie, la filiation, le libre-arbitre, débitées de façon monocorde par des acteurs semblant ailleurs.
Entre un Matthew McConaughey, se croyant encore, par ses mimiques, dans TRUE DETECTIVE, une Anne Hathaway fade ou un Michael Caine qui cachetonne, seule Jessica Chastain tire son épingle du jeu.
Il faut attendre l’ultime heure pour que le spectateur sorte de sa torpeur avec moult péripéties qui «déménagent» (mais « GRAVITY » est déjà passée par là), justifiant le budget colossal, dont un twist, comme de coutume avec Nolan, fort ludique mais, céans, trop tardif.
« INTERSTELLAR » ou « l’odyssée de l’espèce » avortée.

 

 

’71

de Yann Demange (Jack O’Connell, Sean Harris, Charlie Murphy)

 

71

Irlande du Nord, 1971. Le combat opposant catholiques et protestants fait rage. Gary Hook, fraîche recrue de l’armée britannique, reçoit l’ordre d’aller au front à Belfast. Lors d’une mission pour calmer une manifestation dans la rue, la situation dégénère. La patrouille de Gary est violemment prise à partie par la population. Se retrouvant isolé et poursuivi par des membres de l’IRA, il va tenter de sauver sa peau dans cet environnement hostile…
Certains films, assez récents, ont déjà évoqué, de diverse façon, cette sempiternelle lutte, que ce soit l’excellent « SHADOW DANCER » de James Marsh ou bien « BLOODY SUNDAY » de Paul Greengrass, avec ce style documentaire unique qui révéla ce dernier.
Ici, en adoptant le point de vue d’un soldat inexpérimenté, Yann Demange, Français expatrié en Angleterre, auteur de la délirante série tv DEAD SET (un plateau de télé-réalité est envahi par des zombies), nous plonge dans un thriller immersif, surprenant et terrible de tension, notamment via une des poursuites urbaines entre hommes les plus mémorables couchées sur l’écran.
Avec une utilisation confondante de l’espace alliée à une maîtrise technique qui n’est pas sans rappeler « LES FILS DE L’HOMME » d’Alfonso Cuaron, des comédiens charismatiques – dont Jack O’Connell (déjà remarquable dans le puissant « LES POINGS CONTRE LES MURS ») – une reconstitution soignée de l’époque, ce «’71» passe d’un « survival » pur jus (partie la plus intéressante) à un thriller noir typiquement anglais (bien mais assez convenu dans le genre).
Après Alexandre Aja, la fuite des talents hexagonaux, malheureusement, continue.

 

 

UNE NOUVELLE AMIE

de François Ozon (Romain Duris, Anaïs Demoustier, Raphaël Personnaz)

 

Une nouvelle amie

Ozon, j’y ai cru longtemps.
Car, enfin, ce n’était pas tous les jours qu’un élève sortant de la FEMIS promettait.
Il y eut « LES AMANTS CRIMINELS » et, surtout, « GOUTTES D’EAU SUR PIERRES BRULANTES », d’après une pièce de Werner Fassbinder.
Et puis, après « 8 FEMMES », son cinéma commença progressivement à se déliter (le consternant « RICKY », véritable supplice pour tout amateur de fantastique) pour arriver au surestimé « DANS LA MAISON », grossier et tape-à-l’oeil, et à « JEUNE & JOLIE ». Enchaînant les projets (5 films depuis 2009), voilà que débarque aujourd’hui son nouvel opus, « UNE NOUVELLE AMIE », dont le contenu resta secret pendant longtemps.
Claire (Demoustier) et Laura (Le Besco), chacune mariée, sont des amies d’enfance, ayant passé la plupart de leur temps ensemble. La dernière meurt, laissant derrière elle son époux, David (Duris) et un bébé. Claire tombe alors en dépression. Gilles (Personnaz), son compagnon, la pousse à prendre des nouvelles du veuf de Laura. En lui rendant visite à l’improviste, elle le découvre habillée en femme…
Adaptant librement une nouvelle policière de Ruth Rendell, Ozon tombe dans le gros travers qu’avait essuyé, avant lui, dans une moindre mesure, Claude Chabrol, à savoir vouloir retranscrire l’ambiance « so british » propre à cette reine du crime en en faisant quelque chose à la sauce française et gommer, ainsi, la spécificité de l’oeuvre, troublante.
Pourtant, l’auteur de « SWIMMING POOL » aime la perversion.
Or, il signe, présentement, une oeuvre relativement aseptisée, froide, ennuyeuse, qu’il a voulu parfumer de souffre via la prestation de Romain Duris en travesti.
Mais celle-ci ne marche jamais, faute de crédibilité et d’une psychologie adéquate du personnage (on manque de rire à chacune de ses apparitions).
Anaïs Demoustier est peu convaincante, contrairement à son habitude.
Le réalisateur fait même une apparition, lors d’une courte scène (2mn) qui s’avère la plus malsaine de l’ensemble mais, au regard du niveau général, ce n’est guère glorieux.
Et ce plan final qui laisse songeur !
Bref, comme le chantait (à peu près) le rappeur Ménélik :
Je te le dis sans faille
T’es pas resté cool, François
Alors je te dis bye bye.

 

 

A GIRL AT MY DOOR

de July Jung (Doona Bae, Kim Sae-Ron, Song Sae-Byeok)

 

girl at my door 2

Jeune commissaire de police, venant de Séoul, Young-Nam est mutée dans un petit village côtier, suite à un scandale. Tout en se heurtant à un monde rural aux nombreux préjugés et habitudes tenaces, elle fait la connaissance d’une fillette, Dohee, battue par son père alcoolique et utilisant des travailleurs clandestins dans son entreprise. Une étrange relation naît, alors, entre elles…
Découvert, cette année, à Cannes, dans la section «Un certain regard», « A GIRL AT MY DOOR » marque les débuts sur la scène internationale de July Jung, ancienne étudiante de l’université des beaux-arts de Corée.
Abordant un sujet tabou au «pays du matin frais», le lesbianisme, elle livre une ode sensible sur la place de la femme dans la société de son pays, aidée en cela par la performance, tout en nuance, de Doona Bae, également chanteuse, mannequin, photographe et dont nous avons pu auparavant admirer la présence dans « THE HOST » de Bong Joon-ho et « CLOUD ATLAS » des Wachowski.
En dépit de quelques maladresses, souvent inhérentes à un premier long métrage, comme l’écriture bâclée de certains caractères (la grand-mère, les adjoints), voici de la belle concurrence pour Hong Sang-soo et consorts.

 

 

L’affiche de la semaine :  « LOVE » de Gaspar Noé

 

Le trublion iconoclaste, Gaspar Noé, peaufinant son prochain film « LOVE » vient d’en dévoiler une affiche teaser du meilleur goût.
Selon son producteur, Vincent Maraval, toujours à l’affût de projets hors-normes (Godard, Ferrara), il s’agira d’un « mélodrame sexuel qui fera bander les garçons et pleurer les filles ».
Bigre.

 

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09

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