THE LOBSTER (Compétition Officielle) (sortie prévue le 28 octobre)
de Yorgos Lanthimos (Colin Farrell, Rachel Weisz, Léa Seydoux)
Yorgos Lanthimos est le chef de file d’un nouveau cinéma grec basé sur l’absurde, accompagné parfois d’une certaine violence psychologique.
Il nous donna l’épatant « CANINE » en 2009 centré sur des adolescents aux comportements particuliers et, en 2011, le moins réussi « ALPS » malgré quelques attraits.
Franchissant l’océan Atlantique, il se tente maintenant une expérience hollywoodienne avec « THE LOBSTER », présenté en sélection officielle.
Dans une société du futur, tous les célibataires sont arrêté(e)s et emmené(e)s à l’Hôtel où chacun a 45 jours pour trouver l’âme-soeur. Passé ce délai, il sera transformé en animal de son choix. Des chasses à l’encontre des rebelles sont également organisées et permettant aux pensionnaires, en fonction du nombre de capturés, de gagner des journées supplémentaires. David (ce cher Colin) vient d’arriver et désire se changer en homard, si jamais il échoue…
Comportant deux parties distinctes, cette oeuvre, inégale, est sans conteste (pour le moment) la plus aboutie de la compétition, encore hésitante.
La première moitié est absolument fascinante, décalée, non-sensique à souhait, rappelant aussi bien les Monthy Python que les frères Coen (tiens, tiens), égratignant sans vergogne notre propre modèle sociétal où les couples explosent de plus en plus.
Colin Farrell est superbe en homme médiocre.
La seconde, changeant de ton, évoluant vers un registre plus dramatique, échoue à tenir la distance, et tombe dans une contemplation poétique pas toujours aboutie et quelque peu longuette, en dépit de Léa Seydoux dans un rôle à contre-emploi (comme le reste du cast, par ailleurs).
Il n’empêche, cela est vraiment un moment à part dans la production US mainstream actuelle que je vous invite à découvrir quand celui-ci sortira en salles.
L’HOMME IRRATIONNEL (Hors Compétition) (sortie prévue le 14 octobre)
de Woody Allen (Joaquin Phoenix, Emma Stone, Parker Posey)
Après un cru moyen mais charmant, « MAGIC IN THE MOONLIGHT », le père Allen – un opus par an oblige – revient avec « L’HOMME IRRATIONNEL », présenté en Hors Compétition.
Abe Lucas, un professeur de philo désabusé, au tempérament auto-destructeur, meurtri affectivement, cherche un sens à sa vie. Fraichement nommé dans l’université d’une petite ville américaine de province, il fait la rencontre de Rita, une collègue de travail et de Jill, une étudiante brillante. Entamant une liaison avec ces deux femmes, Abe, lors d’un concours de circonstance, va retrouver goût à l’existence…
Prenant un cliché éculé (l’idylle entre le prof de philo et son élève) mais sans jamais rien y apporté et filmant le tout paresseusement, l’auteur de « MANHATTAN » lasse cette-fois ci, malgré la prestance des comédiens (Emma Stone, réutilisée pour la seconde fois, s’inscrit dans la droite lignée des héroïnes « alleniennes » du départ et Joaquin Phoenix s’en sort très bien pour son baptême).
Distillant, comme à son habitude, des phrases ironiques, ces dernières tombent souvent à plat et paraissent forcées, comme si le réalisateur juif le plus célèbre d’Amérique, s’était désintéressé de l’entreprise.
Ca marchera sans doute sur certains (les lecteurs de « Télérama » notamment).
Sur d’autres non (vous, lecteurs de Parallèle(s)), et ils (vous) auront(ez) raison de ne pas se (vous) laisser avoir aussi grossièrement.
SVP, du viagra pour Woody.
LES ANARCHISTES (Semaine de la Critique) (sortie prévue le 11 novembre)
de Elie Wajeman (Tahar Rahim, Adèle Exarchopoulos, Swann Arlaud)
Dans le Paris de 1899, des anarchistes sévissent à Paris. Jean Albertini (Tahr Rahim), brigadier de son état, est chargé de les infiltrer. Tout en établissant des rapports transmis à ses supérieurs, celui-ci commence à développer des sentiments pour Esther (Adèle Exarchopoulos, d’une fausseté), la principale fille de la bande…
Responsable précédemment de « ALIYAH », joli drame sur la rédemption d’un dealer de drogue interprété par Pio Marmaï, voici le second long métrage d’Elie Wajeman, « LES ANARCHISTES » qui a ouvert la Semaine de la Critique.
Et c’est une déception.
Nous sommes face à une oeuvre sans réelle atmosphère, certes soignée pour les décors et costumes, mais d’où ne s’échappe aucune émotion tant les personnages sont sans aspérités (les comédiens ne parvenant pas à les transcender, à l’exception de la tourangelle Aurélia Poirier, hélas que dans deux trop courtes scènes) et souffrant également d’un scénario ultra balisé.
Après le poussièreux « LA PRINCESSE DE MONTPENSIER » de Bertrand Tavernier, volà une autre production historique qui sent bon la naphtaline.
Mite alors !