VICE-VERSA (Hors Compétition) (sortie prévue le 17 juin)
de Pete Docter et Ronaldo Del Carmen (avec les voix de Amy Poehler, Phyllis Smith, Lewis Black)
Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, les studios PIXAR se doivent d’essayer de maintenir un certain niveau d’excellence.
Or, après une période faste où ils enchainèrent pépites sur pépites, leurs réussites sont devenues moins fréquentes, un peu plus aléatoires.
Pour un « TOY STORY 3 » impeccable, nous eurent « CARS 2 », « REBELLE » ou encore « MONSTRES ACADEMY », ce dernier certes sympathique mais décevant eu égard au standard habituel de la compagnie.
Et les progrès notables, notamment des concurrents de DREAMWORKS, qui nous donnèrent coup sur coup les formidables « LES CROODS » et « DRAGONS 2 », ont bouleversé la donne-
Présenté, ce matin, en Hors Compétition, leur nouveau bébé « VICE-VERSA » rassure-t-il ?
Saviez-vous que dans nos cerveaux, les Émotions sont de minuscules êtres vivants qui opèrent dans un centre de contrôle ? Prenez par exemple, Riley, 11 ans. Dans sa tête, il y a Joie, Tristesse, Peur, Dégoût et Colère. Tous tentent de travailler en bonne harmonie pour le bien de la petite fille et la guider, elle qui vient d’emménager dans une grande ville. Mais un jour, lors d’un incident technique, Joie et Tristesse se retrouvent dans les recoins les plus reculés de l’esprit de Riley, avec certains de ses souvenirs essentiels. Elles devront impérativement tenter de revenir à leur base sous peine de voir la fillette devenir asociale…
Maestria et fluidité de l’animation au service d’un scénario incroyablement profond, gags et répliques hilarantes, un boulot sur les couleurs et les textures épatants et qui change de ce que John Lasseter et consorts avaient coutume de délivrer jusqu’à présent, telles sont les qualités ressortant ici.
Aux manettes, principalement, Pete Docter, le réalisateur de « MONSTRES ET CIE » et « LÀ-HAUT », rien que deux des meilleures productions de la firme américaine et cela ce sent.
En effet, cette façon unique de savoir s’adresser ainsi aux adultes avec cette tendresse qui touche en plein coeur (yeux humides à prévoir), tout en faisant rire, et avec un respect total du spectateur, c’est bel et bien lui.
Lasseter (« TOY STORY 1 et 2 »), le patron, est plus enfantin.
Docter se rapprocherait plutôt d’Andrew Stanton (« LE MONDE DE NEMO », « WALL-E ») mais avec plus d’imagination.
Et là on se régale, entre les clins d’oeil à l’industrie du cinéma, les trouvailles visuelles et l’inventivité générale.
Attention, les têtes blondes (en dessous de 10 ans) risquent de décrocher.
« VICE-VERSA », c’est la rencontre de Tex Avery et de Roald Dahl.
Un chef-d’oeuvre !
LA LOI DU MARCHÉ (Compétition Officielle) (sortie le 20 mai)
de Stéphane Brizé (Vincent Lindon, Karine De Mirbeck, Yves Ory)
Thierry, la cinquantaine, après deux ans de chômage, et des stages n’ayant rien donné, doit subvenir aux besoins de sa femme et son fils handicapé mental. Pour ce faire, il parvient à trouver un emploi d’agent de sécurité dans une grande surface…
A l’annonce de la sélection officielle cannoise par Thierry Frémaux, son délégué artistique, et de tous ses représentants français (le raté et pénible « MON ROI » de Maïwenn, « MARGUERITE ET JULIEN » de Valérie Donzelli, le Jacques Audiard et le Guillaume Nicloux, « VALLEY OF LOVE », pas encore projeté mais dont je vous toucherai quelques mots prochainement), l’interrogation quant à la place du film de Stéphane Brizé était légitime, même si ce dernier a montré qu’il était capable de l’acceptable (« QUELQUES HEURES DE PRINTEMPS ») mais également du pire (« MADEMOISELLE CHAMBON »).
Nous sommes dans le deuxième cas de figure.
Entre la représentation réaliste d’un certain misérabilisme, devenu monnaie courante, tout bonnement insupportable (l’ANPE pour les nuls) et alourdie présentement (le fils déficient, la vente du mobil-home), engluée dans des péripéties sans saveur et frisant parfois le ridicule (les cours de danse de rock sur du Jean-Jacques Goldman, les scènes des clients ayant volé dans la grande surface), avec un Vincent Lindon en mode Droopy qui ne convainc guère, difficile d’être indulgent.
Non, en fait, avec cette « LOI DU MARCHÉ », on ne peut pas.