MACBETH (Compétition Officielle) (sortie prévue le 4 novembre)
de Justin Kurzel (Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jack Reynor)
Shakespeare et le 7ème art, c’est une longue et palpitante histoire d’amour qui débute dès 1898 et se poursuit bien entendu encore de nos jours, confère, récemment, l’étonnant « CÉSAR DOIT MOURIR » des frères Taviani.
Des ratages (« PEINES D’AMOUR PERDUES » de Branagh) et des chefs-d’oeuvres (« LE CHÂTEAU DE L’ARAIGNÉE ») se sont ainsi succédé au fil des ans.
S’il y a une pièce qui inspira plus particulièrement les réalisateurs, ce fût « MACBETH » que Sir William coucha sur le papier en 1606.
Outre, notamment, la vision de Polanski en 72, celle, libre, de Kurosawa et une autre, mémorable, d’Orson Welles, c’est à présent au tour de Justin Kurzel, l’auteur du poisseux et sidérant « LES CRIMES DE SNOWTOWN » (découvert à la Semaine de la Critique en 2011), de s’attaquer à ce monument et de se retrouver pour la première fois en sélection officielle.
A t’il réussi à se démarquer de ses illustres prédécesseurs, la comparaison étant inévitable ?
S’inspirant du véritable roi des Pictes qui régna en Ecosse au XIe siècle, et mêlant nombre d’éléments surnaturels, nous est d’abord décrite l’accession brutale au pouvoir de Macbeth, chef de l’armée du roi Duncan, qui assassine ce dernier, poussé par sa femme et la prophétie de sorcières, puis sa déchéance…
Bénéficiant d’une sublime photographie et d’une mise en scène rythmée et soignée (même si parfois un peu too much), lorgnant vers une esthétique à la « VALHALLA RISING, LE GUERRIER SILENCIEUX » de Winding Refn, cette nouvelle mouture se veut plus directe que les précédentes, évitant un maximum de bla-bla pour se concentrer sur l’action (voire la scène d’ouverture et le final).
Le gros hic concerne la plupart des interprètes.
Si Fassbender vampirise littéralement l’écran, il ne convainc pourtant pas totalement du fait de la psychologie de son personnage, mal transposée ou du moins trop rapidement exposée pour que l’on croit à son état d’âme torturé et à ses changements d’attitudes.
Cotillard, comme d’habitude verse la larme, est incapable de s’exprimer en anglais avec l’accent approprié et s’avère trop neutre en Lady Macbeth.
Dans sa tentative de moderniser l’écrit shakespearien, Kurzel signe donc un film intéressant et inégal, rempli de quelques idées pertinentes (l’incendie des bois) et parsemé de fulgurances, mais souffrant trop d’un manque de lyrisme des principaux protagonistes.
On ne peut pas toujours tout avoir.
LA GLACE ET LE CIEL (Hors Compétition) (sortie prévue le 21 octobre)
de Luc Jacquet (Claude Lorius, Michel Papineschi)
Honte sur moi.
Je connaissais mal l’importance et la carrière de Claude Lorius, glaciologue français.
Grâce à la « LA GLACE ET LE CIEL », oeuvre qui sera projetée dimanche soir, après la remise des prix, en clôture du Festival de Cannes 2015, cette lacune est comblée.
Et de quelle manière.
Entre images d’archives, journal de bord, voix off de l’intéressé et sa présence, nous est dressé un joli et envoûtant documentaire, de son expédition en 1957 (à l’âge de 23 ans) de l’Antarctique jusqu’à nos jours, et de la naissance de sa passion pour l’étude des glaces qu’il sublima et qui permit de précieuses découvertes quant à la compréhension de l’évolution du climat du monde depuis des millénaires.
Alertant les autorités compétentes du risque de réchauffement climatique de la planète il y a déjà trente ans, ses prédictions se réalisent hélas de nos jours.
Jacquet (« LA MARCHE DE L’EMPEREUR ») nous plonge dans la vie de ce scientifique essentiel avec simplicité et une redoutable efficacité.
On passe par toutes les émotions.
La mission première du cinéma.
PALMARÈS PERSONNEL :
En espérant que le jury présidé par les frères Coen, ne fasse pas dans le prix politique bête et méchant avec « LA LOI DU MARCHÉ » de Stéphane Brizé.
Palme d’Or : « MOUNTAINS MAY DEPART » de Jia Zhang-ke
Grand Prix : « THE ASSASSIN » de Hou Hsiao-Hsien
Prix du jury : « THE LOBSTER » de Yorgos Lanthimos
Prix d’interprétation masculine : VINCENT CASSEL (« MON ROI » de Maïwenn)
Prix d’interprétation féminine : KALIEASWARI SRINIVASAN (« DHEEPAN » de Jacques Audiard)
Prix de la mise en scène : « YOUTH » de Paolo Sorrentino
Prix du scénario : « VALLEY OF LOVE » de Guillaume Nicloux
Caméra d’Or : « KRISHA » de Trey Edward Schults / « MUSTANG » de Denis Gamze Ergüven