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Cinéma

Y’A DU CINÉ DANS L’AIR ! – N° 65

LE PETIT PRINCE

de Mark Osborne (avec les voix de André Dussolier, Clara Poincaré, Andrea Santamaria)

 

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En 1943, « LE PETIT PRINCE » d’Antoine de Saint-Exupéry sort aux États-Unis et, deux ans plus tard, en France.
Succès phénoménale car, jusqu’à nos jours, il s’en est écoulé plus de 145 millions d’exemplaires, en faisant l’ouvrage le plus vendu au monde après l’indétrônable LA BIBLE.
Même si vous ne l’avez jamais lu, vous connaissez vaguement l’histoire, ou du moins la silhouette du petit prince avec son écharpe et sa phrase fameuse : « S’il vous plaît… dessine moi un mouton ! »
Théâtre, dessin animé, opéra, série télé, BD, on ne compte plus les adaptations plus ou moins fidèles depuis cinquante ans sur ces différents supports.
Sur le grand écran, il y eut, outre une version lituanienne, la vision mignonette, en 1974, de Stanley Donen – maître de la comédie musicale hollywoodienne classique, à qui l’on peut préférer « UN JOUR À NEW-YORK » à « CHANTONS SOUS LA PLUIE » – comportant moult numéros musicaux tout à fait dans l’air du temps d’alors.
Projeté hors compétition lors du dernier Festival de Cannes, voici l’ultime mouture en date, initiée par un français, le producteur Dimitri Rassam – fils de Carole Bouquet – et réalisée par un américain, Mark Osborne, l’auteur de « KUNG FU PANDA ».
Une petite fille, douée pour les études, emménage avec sa mère dans une banlieue pour s’isoler et préparer le plus efficacement possible le concours d’entrée à une école prestigieuse pour génies en herbe. Son voisin, un vieil excentrique possédant un avion dans son jardin va lui faire découvrir le récit d’un jeune garçon vivant seul sur une étrange planète…
En mai, suite à la projection sur la croisette, certains confrères m’avaient sidéré en tempérant que cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas vu quelque chose d’aussi moche.
Moche ?
Je sais bien que l’inculture est, hélas, assez monnaie courante dans le milieu, empêchant parfois tout jugement pertinent, que l’on soit d’accord ou pas avec celui-ci, mais là, faut quand même pas charrier.
Non, ce n’est pas moche.
Soyons gré justement à Osborne, qui s’aventure hors des standards actuels régis par Hollywood en arrivant à créer deux univers cohérents dissemblables mais complémentaires.
Pour ce faire, il a, avec ses équipes, mélangé les techniques d’animation : le numérique (la norme dans les studios, « PIXAR », « DREAMWORKS »…, exécutée ici parfaitement) et le stop-motion (image par image, pour augmenter la poésie de l’ensemble).
Bénéficiant de toute une gamme de couleurs judicieusement choisies et d’un casting de voix l’étant tout autant – pour une fois, privilégier la VF – cette belle trahison (seuls quelques passages du roman sont conservés) garde intact le pouvoir magique de ce conte philosophique et charme l’enfant qui sommeille encore en nous.

 

 

RENAISSANCES

de Tarsem Singh (Ryan Reynolds, Natalie Martinez, Matthew Goode)

 

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Depuis « THE CELL », qui imposa sa patte visuelle certaine mais parfois contestable, alternant entre kitsch outrancier et tic de clippeur, l’indien Tarsem Singh – sa vidéo de « Losing my religion » de R.E.M. contenait déjà tout – navigua entre projet dément et passionnant mais échec commercial cinglant (« THE FALL »), épopée mythologique crypto-gay pesante mais comportant des bagarres impressionnantes (« LES IMMORTELS ») et revisitation pop de des écrits des frères Grimm, à moitié convaincante (« BLANCHE NEIGE »).
« SELF/LESS », traduit par le titre français un peu bête, « RENAISSANCES », arrive dans nos salles après son flop au box-office américain.
Damian Hale, homme d’affaires richissime, à la vie privée assez désastreuse, est atteint d’un cancer incurable et n’a plus que quelques mois devant lui. Une mystérieuse organisation scientifique le contacte et lui propose une opération incroyable pour le sauver : transférer son esprit dans un nouveau corps, une sorte de « coquille vide », plus jeune, plus athlétique. Hésitant, il finit par accepter, conscient de sa vulnérabilité. Mais ce renouveau, cette nouvelle « vie », se transforme progressivement en cauchemar…
Ce qui frappe avant tout, c’est le côté dépouillé de ce thriller futuriste, étonnamment « sage » pour du Singh, qui se débarrasse de toute lourdeur stylistique, même si le film est parcouru tout le long par des moments où l’on sent le metteur en scène se bridant lui-même mais ne pouvant s’empêcher de mettre néanmoins quelques effets par endroit.
Plutôt rondement mené et porté par des comédiens solides (Ben Kingsley, Ryan Reynolds très bien, Matthew Goode, aussi inquiétant que dans « STOCKER »), « RENAISSANCES », sur le thème du changement d’identité mainte fois traité, s’avère un brin déceptif, n’exploitant pas tout son potentiel.
Sur un canevas de base proche de l’excellent « SECONDS – L’OPÉRATION DIABOLIQUE » de John Frankenheimer, le suspense mis en place par l’ami Tarsem n’exploite hélas jamais le côté schizophrène du personnage central, ce qui aurait considérablement augmenté l’intérêt de la chose.
Au lieu de cela, nous avons donc droit à du cousu main, peinard, efficace, d’une facture globale digne des années 90.
Sympa à défaut d’être extra.

 

 

LES CHAISES MUSICALES

de Marie Belhomme (Isabelle Carré, Philippe Rebbot, Carmen Maura)

 

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Quadragénaire célibataire et musicienne presque professionnelle, Perrine anime des goûters d’anniversaire. En se rendant à l’un d’eux, elle fait tomber par inadvertance un homme dans une benne d’une déchèterie. Celui-ci est dans le coma. Par petite touche, elle commence à s’immiscer dans son existence afin de mieux le connaître…
Rempli de tares souvent inhérentes à une première oeuvre – mal écrit, longueurs inutiles, acteurs pas toujours au diapason – « LES CHAISES MUSICALES », produit par France 3, agacera par la pauvreté proposée (je plaide coupable) ou pourra séduire (faudra m’expliquer pour cette deuxième option).
Soit un épisode étiré de LOUIS LA BROCANTE sans Victor Lanoux, remplacé avantageusement par Isabelle Carré, pétulante mais malheureusement lassante, avec le même niveau d’exigence scénaristique et de fabrication.
Mais ne soyons pas trop dur…

 

 

Les inédits de la semaine : STUNG/INSECTULA!

de Benni Diez/Michael Peterson


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Une nouvelle rubrique, où, de temps à autre, seront abordés des métrages pas encore sortis – où qui ne sortiront peut-être jamais – dans l’Hexagone, ni en DVD, ni en VoD.

Le gigantisme animalier a fait florès dans les « fifties » chez l’Oncle Sam, puis s’est déplacé au Japon avant de revenir aux States grâce à Steven Spielberg et « LES DENTS DE LA MER ».
Commençons avec « STUNG » de Benni Diez.
Cette coproduction germano-américaine narre l’invasion d’une garden-party campagnarde assez guindée par une colonie de guêpes méchantes, traitées aux engrais fertilisants et piquant allègrement tout ce qui bouge. Une fois atteint, l’être touché explose dans un geyser de sang et donne naissance à une guêpe géante. Les derniers survivants, organisant la résistance, sont le serveur de la réception et sa collègue, le fils bossu de la propriétaire du lieu où se déroule la « sauterie » et le maire (cette vieille baderne de Lance Henriksen) de la bourgade du coin venant d’être réélu…
Benni Diez – ayant supervisé les effets des séquences d’intérieur du « MELANCHOLIA » de Lars von Trier – pour ses débuts derrière la caméra, signe une série B rigolote, généreuse en gore potache, comportant son lot de répliques savoureuses et point indigne des Joe Dante, John Landis et autre Brian Yuzna de la grande époque.
« INSECTULA! », lui, est un hommage au fameux « TARENTULA » de Jack Arnold et à tous ses camarades pelliculés.
Un moustique d’une planète extraterrestre est envoyé sur Terre. Là, au contact de la pollution, se nourrissant du CO2, il se transforme en énorme créature mutante. Un agent gouvernemental US (sosie du cinéaste John Waters) a juré sa perte depuis que la bête a tué son amoureuse et sa fille. En revanche, un scientifique, dénigrant la race humaine et ayant chapardé un bébé du moustique venu d’ailleurs, décide de l’aider à anéantir notre planète…
Fauchée comme les blés, aux interprètes tous plus volontairement mauvais les uns que les autres, aux péripéties ubuesques, voici une série Z totalement assumée et décomplexée, drôle, fruit d’un programmeur informatique, Michael Peterson, et de sa femme, une directrice d’école d’arts plastiques.
La descendance d’Ed Wood a encore de beaux jours devant elle.

 

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