THE VISIT
de M. Night Shyamalan (Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna Dunagan)
Balancé in extremis avant le changement de millénaire, « SIXIÈME SENS » révéla au monde entier M. Night Shyamalan.
Pour tout amateur de fantastique qui se respecte, ce thriller surnaturel avec Bruce Willis est cependant assez quelconque, le twist final étant prévisible au bout d’un quart d’heure.
Ensuite, outre « INCASSABLE » pas non plus flamboyant mais pas entièrement inintéressant, nous sommes allés de Charybde en Scylla.
Effectivement, que dire des éhontés « SIGNES », « LE VILLAGE », « PHÉNOMÈNES » (des brins d’herbe qui bougent, brrrr, que c’est effrayant) ou des catastrophiques « LE DERNIER MAÎTRE DE L’AIR » et « AFTER EARTH » (Will Smith et son fiston prônant les vertus de Ron Hubbard), échec retentissant au box-office.
« LA JEUNE FILLE DE L’EAU » est le seul qui vaut le coup car s’il est une chose que nous n’enlèverons pas à Shyamalan, c’est son amour du conte qui, là, fit mouche.
Il s’y était déjà essayé – car ce que beaucoup ignorent sans doute, c’est qu’il y a un avant « SIXIÈME SENS » – via son joli « WIDE AWAKE », toujours inédit chez nous. Dommage, car cette histoire d’un garçon de 10 ans, parti à la recherche de Dieu après la mort de son grand-père (quête initiatique), est très attachante.
Le voici qui nous revient maintenant, avec un petit budget – comme à ses débuts – « THE VISIT ».
Une mère célibataire, ayant fui le domicile parental depuis longtemps pour suivre son petit ami de l’époque, se rend compte que ses deux enfants, désormais jeunes ados, ne connaissent pas leurs grands-parents et qu’ils pourraient en ressentir un manque. Aussi, décide t’elle de les envoyer une semaine en vacances chez leurs aïeux. Sa fille, réalisatrice en herbe, décide de profiter de l’occasion pour faire un reportage de son séjour, à elle et son frère…
Autant vous le dire de suite, nous avons affaire à un « found footage » (« CANNIBAL HOLOCAUST », « BLAIR WITCH PROJECT »).
Quoi, encore ?
Surtout qu’à la production, il s’agit de Jason Blum (« PARANORMAL ACTIVITY » et Cie).
Alors, on s’en fiche ?
Ben, justement, non.
Au contraire.
Ne prétendant rien révolutionné du tout, notre hindou d’origine et de service signe une étonnante série B d’horreur, où le procédé narratif utilisé (plusieurs sources de diffusion – caméra, écran d’ordinateur) est, cette fois, convaincant et justifié.
Sans aucune musique, truffé de moments de comédie pure, contrebalancé par des instants de flippe totale d’une efficacité redoutable (la séquence du sous-sol de la ferme !), servi par des comédiens peu habitués à cet univers – mention spéciale au papi (Peter McRobbie, habitué des séries tv) et à la mamie (Deanna Dunegan, populaire actrice de théâtre) – « THE VISIT » installe peu à peu une ambiance lourde, décalée, parfois à la limite du malsain (la scène de la couche, ahurissante), flirte avec l’irrationnel et parvient, néanmoins, à se solder sur de l’émotion.
Malgré l’ultime courte séquence pré-générique, inutile, nous avons là une authentique perle – financée avec le cachet que Shyamalan a glané en commettant « AFTER EARTH ».
Jamais je n’aurai pensé, un jour, dire merci aux scientologues.
HÔTEL TRANSYLVANIE 2
de Genndy Tartakovsky (avec les voix de Adam Sandler, Selena Gomez, Andy Samberg)
Dans la série, on prend les mêmes, on recommence mais on améliore, voici la suite d' »HÔTEL TRANSYLVANIE » sorti en 2013 et où Dracula acceptait que Mavis, sa progéniture, sorte avec un humain, Johnny.
Dans ce second opus, de l’eau a coulé sous les ponts. Mavis et Johnny se sont mariés et viennent d’avoir un bébé aux cheveux roux, Dennis, logiquement mi-humain, mi-monstre. Seulement notre célèbre comte s’inquiète de la gentillesse de son petit-fils. Aussi, pour révéler la part de créature qui est en lui, il décide de lui apprendre à devenir méchant avec l’aide de ses amis : la créature de Frankenstein, la momie, l’homme invisible et le loup-garou…
Toujours sous la bannière des studios SONY PICTURES – à qui l’on doit dans le domaine de l’animation, le génial « TEMPÊTES DE BOULETTES GÉANTES » – et toujours exécuté par Genndy Tartakovsky (l’un des très grands artistes actuels dans le domaine), HÔTEL TRANSYLVANIE 2 est un régal : une histoire plus fine qu’il n’y parait de prime abord, une technicité pour animer les personnages qui n’a rien à envier à PIXAR et un rythme des gags qui rappellent Tex Avery.
Que voulez-vous de plus ?
SICARIO
de Denis Villeneuve (Emily Blunt, Benicio Del Toro, Josh Brolin)
Denis Villeneuve est un des rares cinéastes contemporains à avoir réussi un quasi sans-faute dans sa filmographie.
Beaucoup l’ont découvert avec « INCENDIES » et ensuite « PRISONERS ».
Mais déjà avec le tétanisant « POLYTECHNIQUE », relatant le massacre de 1989, à Montréal, dans la branche canadienne de la fameuse école (et qui vaut bien « ELEPHANT » de Gus Van Sant) et « MAELSTRÖM » sur le bouleversement que connait une riche jeune femme suite à un accident de la route, il avait fait des prodiges.
Dernièrement, il nous donna « ENEMY » avec un impeccable Jake Gyllenhaal.
Poursuivant sa carrière hollywoodienne, il s’est retrouvé cette année, pour la première fois, en compétition officielle à Cannes, avec ce « SICARIO ».
Kate Macy (Blunt) est une jeune agent de terrain du FBI spécialisée dans les kidnappings, qui, lors d’une opération, découvre un charnier humain lié au traffic de drogue. Se promettant de retrouver les responsables, la chance lui en est donnée lorsqu’elle rejoint une équipe clandestine de la CIA ayant pour mission de faire tomber le chef d’un des plus puissants cartels en activité, auteur du massacre…
Le Mal a toujours fasciné le réalisateur canadien.
Plus précisément, ses frontières et les répercussions que celui-ci peut avoir sur le jugement moral et la ligne de conduite de chacun.
Capable d’insuffler une tension omniprésente dans ses précédentes oeuvres, Villeneuve échoue présentement.
Là où d’ordinaire il ne laisse guère de répit au spectateur en lui apposant sur les épaules une chape de plomb (et c’est un des principaux reproches que ses détracteurs lui font) organisée selon un agencement précis de plans tirés au cordeau, d’une musique d’ambiance un peu emphatique et d’un jeu des comédiens souvent minimaliste mais prêt à éclater, le québécois ne parvint ici à captiver que par intermittence.
La responsabilité en incombe, pour l’essentiel, à un scénario trop linéaire et parfois prévisible pour véritablement passionner.
Les acteurs masculins, Josh Brolin et surtout Benicio Del Toro, sont impériaux.
Le premier, rigolo en barbouze à la cool, le second, magnétique et inquiétant en tueur (le sicaire du titre).
Mais, usuellement, les protagonistes principaux sont de traitement égal chez le père Denis (qui lui n’a pas perdu son chat, contrairement à la mère).
Or Emily Blunt, campant la figure virginale non corrompue de ce monde qui l’est, est beaucoup trop en retrait, étouffée par la performance de ses deux collègues et jamais les dilemmes moraux auxquels elle se confronte ne sont incarnés, empêchant l’empathie avec son personnage.
Cependant les quelques scènes d’action sont très bien exécutées (la séquence d’ouverture et les raids) et la photographie, soignée et réaliste.
Un thriller honnête mais déceptif faute d’une immersion totale et qui aurait pu (du) être tellement mieux.
Un faux-pas.
Ça arrive même aux meilleurs.
LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE
de Wes Ball (Dylan O’Brien, Kaya Scodelario, Aidan Gillen)
J’avais déjà évoqué, ici même, tout le bien que je pensais du premier épisode : une formidable surprise, convoquant tout autant « SA MAJESTÉ DES MOUCHES » que les « GOONIES ».
Hélas, il n’en est de même ici.
Thomas et ses compagnons, sortis du dédale meurtrier, tentent d’en savoir plus sur ceux responsables de leur malheur. Pour ce faire, ils vont traverser un monde dévasté par l’Apocalypse et faire de curieuses rencontres…
Devenu un produit typique pour ado sans plus aucune originalité, Hollywood vient de tuer une licence qui aurait pu s’avérer prometteuse – et qui de plus s’écartait du roman originel.
Quand je dis « tuer », je parle des vieux cons comme moi qui ne s’y retrouveront plus avec une intrigue devenue ultra balisée, ne concrétisant pas toutes les promesses annoncées dans le premier volet.
Je m’arrête là, « LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE » ne mérite pas plus.
LE NOUVEAU STAGIAIRE
de Nancy Meyers (Robert De Niro, Anne Hathaway, Rene Russo)
Ben Whittaker, septuagénaire, est à la retraite. Il s’ennuie à mourir et voudrait retrouver une activité professionnelle. Entendant parler d’un site internet de mode qui recherche des stagiaires, il envoie sa candidature. Retenu, il va se trouver à être sous les ordres de Jules Austin, la créatrice et directrice de la start-up, de 40 ans sa cadette…
On pensait en avoir terminé avec Nancy Meyers (« CE QUE VEULENT LES FEMMES »).
Elle revient donc avec un énième « feel good movie », pas très folichon, sa spécialité.
On s’ennuie à suivre De Niro, quelconque, et la belle Anne Hathaway, quelconque, dans des pérégrinations quelconques.
On y peut rien, c’est comme ça.
L’affiche de la semaine : « HUNGER GAMES – LA RÉVOLTE : PARTIE 2 » de Francis Lawrence.
Le 18 novembre, débarquera en France, le chapitre final de la saga « HUNGER GAMES ».
Franchement, que le film soit réussi ou raté, on s’en moque.
Seul le splendide poster américain nous importe.