LE LIVRE DE LA JUNGLE (3D)
de Jon Favreau (Neel Sethi, Bill Murray, Ben Kingsley)
Rudyard Kipling est sans doute un des écrivains les plus importants dans la littérature pour jeunesse du XIXe siècle et même de l’Histoire, au même titre que l’italien Emilio Salgari.
Révolutionnant l’art de la narration, le britannique émerveilla petits et grands à travers ses livres et continue, je l’espère, de le faire.
Le cinéma lui doit quelques films merveilleux et mémorables comme « GUNG DIN » (1939) de George Stevens, chef-d’oeuvre du film d’aventures avec Cary Grant où un porteur d’eau se sacrifie pour empêcher les troupes anglaises de tomber dans un piège tendu par les Thugs, ces assassins professionnels et adorateurs de la déesse Kâlî, ou bien le sympathique « KIM » avec Errol Flynn tentant d’endiguer une révolte en Inde.
Nous pouvons citer également « L’HOMME QUI VOULUT ÊTRE ROI » (1975) de John Huston avec le duo Sean Connery/Michael Caine campant deux aventuriers se confrontant au pouvoir et à la folie que celui-ci peut engendrer.
Mais le roman le plus connu reste LE LIVRE DE LA JUNGLE, publié en 1894, et immortalisé à l’écran par le dessin animé de Disney en 1967.
Pourtant les aventures de Mogwli, Bagheera et consorts avaient déjà eu droit auparavant, en 1942, à une splendide version – signée Zoltan Korda – avec acteurs en chair et en os, centrée autour du mythique comédien indien Sabu, éternel « VOLEUR DE BAGDAD ».
Oublions celle des années 90 avec Jason Scott Lee et Sam Neill, médiocre, et penchons-nous maintenant sur la nouvelle adaptation qui débarque, aujourd’hui, dans les salles.
Enfant recueilli et élevé par une famille de loups, Mogwli n’est plus le bienvenu dans la jungle depuis que le terrifiant tigre Shere Khan – possédant des cicatrices faites par des hommes – l’a désigné comme une future menace et désire le tuer, ainsi que tout ceux qui se mettraient en travers de son chemin. Voulant protéger les siens, notre juvénile héros décide alors de quitter son foyer, accompagné de la panthère Bagheera, son mentor, et de l’ours Baloo. De nombreuses péripéties les attendent…
Après le catastrophique « ALICE AUX PAYS DES MERVEILLES » de Tim Burton, le correct « MALÉFIQUE » d’après LA BELLE AU BOIS DORMANT et le poussif « CENDRILLON » de Kenneth Branagh, le studio aux grande oreilles poursuit sa retranscription de ses classiques de l’animation en film « live » (en prise de vues réelles).
Ici, ce qui frappe avant tout, ce sont les prouesses techniques effectuées proposant un spectacle visuel de toute beauté, rehaussée par une 3D réussie dans l’ensemble.
Utilisant la motion capture (qui permet d’enregistrer les positions de membres d’êtres vivants pour ensuite les retoucher sur ordinateur) et bénéficiant de l’aide des talentueux marionnettistes de la Jim Henson Company (société créée par le papa du MUPPET SHOW), les animaux évoluant sont impressionnants de réalisme, tout comme les décors, somptueux.
Le hic, et ce malgré la charisme du débutant Neel Sethi dans le rôle de Mogwli, est que le challenge coutumier dans ce genre d’entreprise – à savoir faire passer des émotions à travers la technologie – n’est pas remporté.
En effet, derrière la caméra, Jon Favreau (« IRON MAN 1 et 2 », le surprenant « CHEF »), se souciant plus de la forme que du fond, peine à insuffler des relations attendrissantes entre le garçon sauvage et ses amis bêtes.
Il montre cependant, encore une fois, ses qualités d’habile faiseur en parvenant à glisser quelques scènes d’anthologie dont une avec King Louie, le roi des singes et un affrontement final, tétanisant.
En dépit d’une légère réserve, voilà néanmoins un divertissement plus qu’honorable qui ravira les bambins mais pourra faire regretter, aux adultes, le charme désuet des productions d’antan.
DESIERTO
de Jonás Cuarón (Gael García Bernal, Jeffrey Dean Morgan, Alondra Hidalgo)
Il fait extrêmement chaud dans le désert de Sonora, au sud de la Californie. Régulièrement, des mexicains – quittant leur pays en espérant avoir un avenir meilleur – empruntent cette étendue aride pour passer clandestinement aux États-Unis. Des passeurs les guident. Moises, un père de famille, se tente la traversée afin de retrouver son fils qui l’attend de l’autre côté de la frontière. Ce qu’il ne sait pas, c’est que lui et ses compagnons d’infortune vont être pris pour cible par un plouc yankee – raciste, tireur à la carabine chevronné – et son féroce chien de piste…
Genre à part entière, le « survival » (un ou plusieurs protagonistes essaient de survivre physiquement à une menace incarnée) respecte des codes bien définis.
Le principal intérêt de faire un projet de la sorte étant, évidemment, pour les metteurs en scène, de jouer astucieusement et adroitement avec les attentes du spectateur étant donné que la liste est longue des productions apparentées à cette catégorie précise, de « DÉLIVRANCE » de John Boorman à « [REC] » de Jaume Balagueró et Paco Plaza en passant par « EVIL DEAD » de Sam Raimi.
Hélas, peine perdue présentement.
Entre un scénario aux rebondissements prévisibles (l’utilisation de la fusée de détresse) et aux incohérences multiples, une absence d’immersion et de mise en valeur du paysage, une réalisation pas toujours judicieuse, des interprètes – pourtant de qualité comme Gael Carcía Bernal ou le toujours solide Jeffrey Dean Morgan (Edward Blake/Le Comédien dans « WATCHMEN » de Zach Snyder) – n’ayant rien d’intéressant à jouer si ce n’est des personnages creux et assez caricaturaux, nous ne sommes pas loin d’une purge.
Fils d’Alfonso et neveu de Carlos Cuarón, le dénommé Jonas – qualifiant son thriller de « version terrestre » de « GRAVITY » – a clairement abusé de mezcal.
C’est pas parce que le talent n’est pas héréditaire qu’il faut se bourrer la gueule !
HARDCORE HENRY
de Ilya Naishuller (Sharlto Copley, Tim Roth, Haley Bennett)
Une des oeuvres les plus attendues et projetée en avant-première lors de la dixième édition de Mauvais Genre, le festival international de Tours, qui s’est fort agréablement déroulée du 24 au 28 mars dernier.
Venant du clip vidéo, membre d’un groupe de rock et produit par Timur Bekmambetov (la saga fantastique à succès « NIGHTWATCH »), Ilya Naishuller a décidé de marquer les esprits en tournant le premier FPS movie – FPS signifiant « first personal shooter » expression très connue des gamers (amateurs de distraction vidéo-ludique sur console ou ordi).
Entièrement exécuté avec une GoPro, utilisée exclusivement en caméra subjective, l’image qui apparaît à l’écran est ainsi vue « de ses propres yeux » et imite le procédé des jeux vidéo de tir à la première personne.
D’une technicité élaborée, ce véritable tour de force – ponctué de moments de rigolade comme les apparitions récurrentes de Sharlto Copley (le méchant de « ELYSIUM ») dans des emplois différents, ou une scène de cheval – peut lasser quelque peu au bout d’un certain temps si l’on trouve que les limites de l’exercice de style sont rapidement atteintes.
Sinon c’est décomplexé, violent (interdit au moins de 16), gratuit, et des gens aimeront ça tout le long.
Ok, mais de quoi ça parle, bon sang ????
Un cyborg, devenu la cible d’une armée de mercenaires menée par un mutant au pouvoir effrayant, part à la recherche de sa copine kidnappée, mais entre nous, l’histoire, on s’en cogne.
JEM ET LES HOLOGRAMMES
de Jon M. Chu (Aubrey Peeples, Stefanie Scott, Aurora Perrineau)
Série d’animation télévisée américano-japonaise inventée par Hasbro dans le but de promouvoir de nouvelles poupées mannequins articulées un peu plus grandes que les poupées Barbie de Mattel, « JEM ET LES HOLOGRAMMES » a été diffusée en France en 1986 sur TF1 dans Vitamine (« l’émission qui a bonne mine ») et rediffusée entre 1987 et 1990 dans le Club Dorothée, parasitant entre autres mes jeunes années.
Dans une bourgade US, Jerrica mène une vie ordinaire jusqu’au jour où elle prend une identité secrète inspirée par sa musique. Elle devient alors Jem : une audacieuse et magnifique superstar mondiale du web et découvre avec ses sœurs que certains talents sont trop spéciaux pour être cachés. Une maison de disque influente décide de les prendre sous son aile…
D’un vide abyssal et d’un profond ennui, mené par un casting de pisseuses têtes à claques, ce produit est à fuir comme la peste et le choléra, car il s’agit bien de la peste et du choléra !
LES ARDENNES
de Robin Pront (Jeroen Perceval, Kevin Janssens, Veerle Baetens)
Lors d’un cambriolage tournant mal, Dave parvint à s’enfuir mais laisse derrière lui son frère Kenneth derrière lui, qui est arrêté, jugé et envoyé en prison. Quatre ans plus tard, à sa sortie, Kenneth, au tempérament violent, souhaite reprendre sa vie là où il l’avait laissée et désire ardemment reconquérir sa petite amie Sylvie. Seulement, entre temps, Dave et Sylvie sont tombés amoureux l’un de l’autre…
Très (trop) influencé par tout un pan du septième art belge récent, de Fabrice du Welz à « BULLHEAD », « LES ARDENNES » – à l’origine, une pièce de théâtre – a du mal à faire preuve d’une réelle originalité, tant par les personnages décalés apparaissant ici et là (malgré des jolies performances d’acteurs à peine connus par chez nous, mais stars au plat pays, comme Veerle Baetens (le surestimé « ALABAMA MONROE »), Jan Bijvoet (le génial « BORGMAN ») ou encore le magnétique Kevin Janssens (Kenneth)).
Commençant sa carrière dans le long, Robin Pront, 27 ans, livre cependant un suspense bien mis en boîte formellement, à défaut d’être pleinement convaincant.
Indéniablement du potentiel.
À surveiller.
L’affiche de la semaine : « DOCTOR STRANGE » de Scott Derrickson
Alors qu’une grande partie de soi-disant « fans » des super-héros est tombée en pâmoison devant la bande annonce de ce prochain blockbuster (un chirurgien gravement blessé devient un maître des arts mystiques) – prévu pour novembre – qui vient d’être dévoilée et qui fait craindre le pire (un concentré de « INCEPTION » et de « MATRIX », bref que du neuf), mieux vaut se rabattre sur le poster, autrement plus prometteur.