LE BGG – LE BON GROS GÉANT (Hors Compétition) (sortie prévue le 20 juillet)
de Steven Spielberg (Ruby Barnhill, Mark Rylance, Rebecca Hall)
Spielberg, bientôt 70 ans, est un grand raconteur d’histoires.
Ou plutôt était, pourrions-nous dire.
Car si depuis le début de sa prolifique et inégale carrière, il sut nous montrer son talent de narrateur accompli à destination des enfants (« E.T. », « INDIANA JONES », « L’EMPIRE DU SOLEIL », « JURASSIC PARK ») ou à celle des adultes (« LA COULEUR POURPRE », « ALWAYS », « LA LISTE DE SCHINDLER »‘, « AMISTAD »), dernièrement, un essoufflement certain a pointé le bout de son nez, confère les passables « LINCOLN » et « LES AVENTURES DE TINTIN » ou bien le ratage du « ROYAUME DU CRÂNE DE CRISTAL ».
Après un lourdingue « PONT DES ESPIONS », il décide de revenir à son fond de commerce préféré en s’adressant à nouveau aux tout petits avec un film tiré d’un roman de Roald Dahl.
Sélectionné à Cannes, le co-fondateur des studios DREAMWORKS a-t-il retrouvé la banane ?
Sophie, une orpheline de dix ans, réside dans un pensionnaire londonien. Insomniaque, elle aime lire dans son lit jusqu’au matin. Une nuit, en entendant du bruit dans la rue, elle se penche par la fenêtre et se retrouve face à un géant. Celui-ci l’emmène dans son Pays où il est considéré comme un paria parmi les siens. Notre jeune héroïne va alors découvrir un monde merveilleux…
Je vous ai déjà parlé de Roald Dahl, me semble t-il, et je ne reviendrai pas sur son importance vitale dans la littérature pour jeunesse.
Il fut adapté formidablement à l’écran : la première version de « CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE » de 1971 (et non pas le plantage de Tim Burton) ou encore Wes Anderson via « FANTASTIC MR.FOX ».
Hélas, ce n’est pas le cas ici et l’auteur de « JAMES ET LA PÊCHE GÉANTE » va se retourner une nouvelle fois dans son cercueil, lequel a déjà beaucoup souffert.
On reste consterné par l’incapacité de l’ami Steven, dans ce blockbuster, à nous faire rêver, à nous redonner – ne serait-ce qu’un instant – notre âme de gosse avec pourtant un récit qui s’y prête.
La faute à une platitude de l’ensemble, tant esthétiquement (laid et jamais magique, en dépit d’un énorme travail technique) que scénaristiquement (aucun développement des personnages).
On atteint même le fond, lors d’un dîner entre la reine et le géant à Buckingham Palace, avec des gags qui feraient passer ceux des Charlots pour des summums d’inventivité.
C’est triste de vieillir.
CLASH (Un Certain regard) (sortie prévue le 14 septembre)
de Mohamed Diab (Hani Adel, Nelly Karim, Tarek Abdel Aziz)
Le Caire, été 2013, deux ans après la révolution égyptienne. Au lendemain de la destitution du président islamiste Morsi, un jour de violentes émeutes, des dizaines de manifestants aux convictions politiques et religieuses divergentes sont embarqués dans un fourgon de police. Sauront-ils surmonter leurs différences pour s’en sortir ?..
Précédemment découvert avec le délicat « LES FEMMES DU BUS 678 », Mohamed Diab poursuit son étude des moeurs sociaux du monde arabe et signe un drame immersif tourné en quasi huis clos, avec quelques scènes extérieures stressantes à souhait (le tournage s’avéra difficile avec kidnapping d’un membre de l’équipe, tant le sujet est sensible).
Léger bémol à apporter : trop de protagonistes enfermés ensemble, certains totalement clichés, et des passages obligés lors d’une telle situation.
Une oeuvre, néanmoins, hautement recommandable.